DIX-NEUF - 21 septembre

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Mois de septembre, (on retourne une dernière fois au) deuxième samedi qui suivit.

Les lumières s'étaient rallumée, l'ambiance avait changé dans la salle. La jeunesse en charge de l'organisation avait sorti les balais et rabattait les âmes perdues vers la sortie.

La fête était finie. Téléphone en main, Yanis paniquait.

Sa mère était dehors, les attendait depuis une dizaine de minutes déjà, s'impatientait par message. Elle avait accepté de venir le rechercher, lui et quelques-uns de ses amis en pleine nuit.

Il ne voulait pas la faire attendre mais Emma était introuvable.

Une adolescente aux yeux cernés lui demanda de sortir. Son regard fou cherchait sa copine, trouva Mélanie. Il cria son prénom.

- T'as vu Emma ? ajouta-t-il la bouche toujours un peu pâteuse.

De l'air s'échappa par sa bouche joliment peinte, ses yeux maquillés le jugèrent, lassés. Elle vint l'attraper par le bras pour le trainer au dehors.

- Ta mère me harcèle de message. Emma a dû rentrer avec son amie. Anaëlle, c'est ça ? Je pense les avoir vues sortir.

Les pieds de Yanis s'étaient ancrés dans le sol, refusant de bouger, de quitter la fête sans elle.

- Emma répond pas à mes messages, insista-t-il. Anaëlle non plus.

On s'impatientait autour d'eux. L'adolescente aux yeux cernés avait appelé un videur à la quarantaine, une veste en cuir noir et des sourcils broussailleux. Calmement, Mélanie se força à inspirer. Elle en avait marre de toujours devoir les gérer. Elle avait décidé de devenir chef avec eux, pas leur mère.

- Je vais essayer de les appeler, proposa-t-elle. Mais dehors, on doit sortir d'abord.

Les pieds de Yanis se détachèrent enfin du sol, pour s'y réenfoncer la double-porte à peine passée.

- Muriqui, on est dans le chemin, là.

Dérouté, il se décala et atterrit quelques pas plus loin. Mélanie sortit son téléphone. Il sonnait, le numéro de la mère de Yanis affiché en grand. À croire que cette dernière pensait également qu'elles faisaient garde partagée.

Elle raccrocha, pris le vieux Samsung de Yanis pour trouver les numéros. Elle avait mal à la tête et ne pensait qu'à une chose : son lit. Elle tapa des chiffres, tomba sur la messagerie d'Emma. Plusieurs fois. Réitéra l'opération avec ceux d'Anaëlle. Le tout entrechoqué d'appels de la mère de Yanis. Elle finit par laisser un sms à chacune pour dire qu'ils s'inquiétaient de savoir si elles étaient bien rentrées.

De toute manière, elle n'aurait rien su faire de plus.

- Elles n'ont pas décroché. Elles doivent dormir. Ta mère commence vraiment à s'énerver. Faut y aller là.

Les yeux perdus, un peu tristes, Yanis la fixaient. Il n'allait pas bouger.

- Mais pourquoi elle serait rentrée avec Anaëlle sans me prévenir ?

- Je ne sais pas... Elle a dû oublier ? Ça arrive. Et tu as passé toute une partie de la soirée collé à Thibault. Peut-être qu'elle n'a pas osé venir te reparler ? Surtout après ce que tu lui as dit. Aller, viens.

Mais Yanis ne la suivit pas. Son regard se tourna vers les champs, les prés. C'était dans un de ceux-là qu'ils s'étaient couchés dans l'herbe pour admirer les étoiles, une dizaine de jours auparavant. Il était horriblement triste. Ses émotions exacerbées par l'alcool et les sentiments naissants.

- Et s'il lui était arrivé quelque chose ?

- Qu'est-ce que tu veux qu'il lui soit arrivé ? insista Mélanie. Elle est tout simplement rentrée chez sa meilleure amie. On ne va quand même pas aller sonner à sa porte en pleine nuit pour s'en assurer !

***

Dans les histoires, les personnages savent toujours quand il faut réagir, sauver quelqu'un. Dans la vraie vie, on se souvient de ne pas être parano, on possède rarement le recul et les infos nécessaires pour intervenir comme il faut.

NIETSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant