Anniversaire.

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La journée serait difficile pour toi.

Elle te hantait depuis des semaines. Et enfin, elle était là, majestueusement drapée dans sa cruauté.

Tu l'as su au premier pas que tu as posé hors du lit. Tu t'es levée vite pour une fois. Quelque chose brûlait en toi qui te hurlait de quitter immédiatement tes draps.

Dès que ton pied a effleuré le sol, ta jambe s'est brisée. Tu as senti chacun de tes muscles se contracter, et tu as souffert en silence.

Tout tes membres se sont crispés au fur et à mesure que le mal remontait par tes veines et se propageait dans ton ventre.

Le brasier dévorait tout sur son passage, te laissant yeux fermés et transpirante, à moitié hors des draps.

La sueur qui perlait sur ton front glissait jusqu'à tes yeux, et ce fut comme si elle jouait à être larme.

Le poignard continua son cruel travail et déchira peu à peu ton cœur. Les lambeaux de toi pendaient, pleuraient et te suppliaient de te rallonger.

La souffrance finit enfin par gagner ton visage trempé et envahit ta boîte crânienne. Tu sentis bouillir à l'intérieur la potion amère de colère et de peine qui se préparait chaque année, à la même date.

Et alors qu'elle t'empoisonnait toute entière, une main agrippa la tienne.

Aussitôt, les éclats de ton corps brisé se réconcilièrent.

Tu sentis tes morceaux s'étreindre et reconstruire une version de toi à peine plus fragile qu'hier.

La chaleur douce de la paume qui écrasait la tienne et t'attirait contre son cœur remplaça l'horrible brûlure qui te rongeait la peau.

La main caressa tes cheveux et essuya les larmes de douleur qui avaient roulé sur tes joues.

Elle te conduisit doucement jusqu'à la forêt, glissée dans la tienne.

Tu la serrais parce que tu avais peur qu'elle te lâche, mais elle ne te lâcha jamais.

Le seul instant où elle quitta tes doigts fut celui où elle cueillit une fleur sauvage pour la déposer sur la tombe qui t'avait consumée, avec tendresse.

Tu l'étreignis avec gratitude, et elle te consola.

Et quand le soir tomba, tu t'endormis les doigts soudés aux siens, au cœur de l'enveloppe de douceur qu'elle avait bâtie pour toi.


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DésordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant