Été.

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Il arrive.
L'été, sa chaleur, sa mer.

Il arrive et pourtant tu ne saurais t'en réjouir.
Qui dit été, dit plage. Dit restaurant. Et tout ce qui va avec.

Tu te regardes chaque matin, en sous-vêtements.
En fait, tu te scrutes.

Tu analyses chaque parcelle de ta peau.
Tu ne peux plus voir les os de tes côtes, désormais.

Parce que tu vas mieux. Et tu te dégoûtes plus encore.

Parce que tu as mangé. Aujourd'hui, hier, il y a deux jours.

Alors que tu voudrais qu'on puisse voir à travers toi.

Tu observes ton ventre, presque plat.
Mais il n'est pas plat.
En fait il ne l'est pas du tout.
Il est énorme.
Il est immense.
Tu as l'impression qu'il déborde de partout et qu'il va t'engloutir.
Tu le hais.
Tu voudrais l'arracher à mains nues.

Tu regardes tes cuisses.
Tu les serres, tu tires sur ta peau.
Tu voudrais pouvoir en faire le tour avec tes doigts.

Tu détestes tes bras.
Ils sont énormes comme deux gros troncs d'arbres.
Tu arrives à peine à les encercler de ta main.

Chaque matin, tu t'infliges ces longues minutes de haine.
Parce que tu hais chaque morceau de ta peau.

Le pire reste ton visage.
Tu détestes tes joues d'enfant.
Elles te font paraître plus jeune que tu ne l'es vraiment.
Tu voudrais qu'elles soient creuses.
Que tes pommettes soient saillantes.
Qu'elle te fassent paraître mince.
Ou maigre.
Là, peut-être, tu te trouverais belle.

Tu hais les robes d'été et ces cuisses qu'elles exhibent.
Tu hais les chemisiers légers qui laissent voir l'immensité de tes bras.
Tu hais les maillots de bain et tout ce qu'ils dévoilent.

Tu voudrais toujours disparaître.
Tu voudrais garder ton pull.

Alors oui, l'été arrive.

Mais tu aurais aimé qu'il ne t'inflige pas sa venue.

DésordreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant