Chapitre 4 : Seule contre trois

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J'émerge lentement du sommeil. Mon réveil indique 5:58, mais la sonnerie était réglée pour 6:30... Je me suis réveillée trop tôt. Enfin ça, j'ai l'habitude. Les souvenirs de la veille me reviennent tandis que Seïko saute sur mon lit pour quémander ses câlins du matin. Je soupire et me mets à le caresser distraitement. Bakugo... quelle enflure, celui-là... J'avais complètement disjoncté à cause de lui. J'avais bien compris qu'il avait un gros complexe de supériorité, et comme j'avais gagné si facilement contre lui, il avait dû se sentir insulté. Mais c'est pas une raison pour m'envoyer ce qu'il m'a dit à la figure ! Bordel, si ses parents crevaient du jour au lendemain et qu'on le lui balançait en pleine face juste pour le provoquer, ça lui ferait quoi à lui hein ? Il est pas capable de comprendre ça ?! Je ferme vivement les yeux en sentant les larmes monter. À ce moment-là, j'avais vraiment eu envie de le frapper... J'ai d'ailleurs failli le faire.

Hier matin, je m'étais entraînée à trouver une façon d'utiliser mon bras droit sans qu'on puisse s'apercevoir que je créais de la glace. Car c'est le côté « création de glace » qui dérangeait beaucoup mon père. La position que j'avais prise hier (à savoir mon bras droit tendu vers l'avant, ma main gauche sur mon poignet droit et ma main droite en forme de creux) me permettait de créer de la glace au centre de ma paume droite et, grâce à ma main gauche, de la comprimer immédiatement afin de la transformer en eau (froide certes). En gros, ça projetait un puissant jet d'eau froide sous pression. La première fois que je l'avais fait hier, le recul m'avait éjectée de l'autre côté du gymnase. Dans un premier temps, je m'étais donc entraînée à me propulser en l'air grâce au recul ; ce que je maîtrisais correctement, maintenant. Mais je n'en voyais pas trop l'utilité pour le moment, si ce n'est pour esquiver quelque chose. Après quelques essais supplémentaires, j'avais réussi à rester sur place, mais j'avais perforé un des murs créés par Cementos dans le gymnase. Tout ça pour dire que je ne maîtrise pas encore parfaitement la puissance du tir, contrairement au saut...

Donc j'aurais pu faire très, très mal à Bakugo hier, si Aizawa (que j'avais complètement oublié) n'était pas intervenu ; à cet instant, j'étais prête à lui tirer dessus à pleine puissance. Je soupire à nouveau, sèche mes yeux puis me lève. Autant me préparer en avance ; je n'avais pas envie de croiser des gens pour le moment, et le petit déjeuner est prévu à sept heures. J'ai donc pas mal de temps devant moi. J'enfile rapidement l'uniforme du lycée, donne à mon chat son repas du matin, puis me glisse sans un bruit dans le couloir vers six heures quinze pour aller à la salle de bain des filles, où je ne reste pas plus de dix minutes. Je suis donc de retour dans ma chambre vers six heures et demie, lorsque mon réveil sonne. Je l'éteints avant de m'assoir à mon bureau et de sortir mon emploi du temps. Les cours théoriques tels que littérature, mathématiques ou anglais ont principalement lieu le matin, tandis que ceux comme le sport ou les cours spécifiques de la filière héroïque (entraînement, sauvetage, héroïsme...) ont lieu l'après-midi. Ce matin, on commençait par anglais. Je décide donc de réviser un peu cette matière avant d'aller petit-déjeuner...

***

Une semaine de cours s'est déroulée depuis mon arrivée en 1-A, sans incident notable. Depuis le tournoi amical, j'ai mis un peu de distance entre mes camarades et moi ; je n'aime pas montrer mes faiblesses (c'est même assez rare que je perde le contrôle de mes émotions) et ce qu'a dit Bakugo la dernière fois m'a blessée plus que je ne l'admettrais jamais devant eux. Cependant, depuis l'incident, celui-ci m'a laissée relativement tranquille, ne pouvant de toute façon pas s'empêcher de faire des remarques désagréables, quelle que soit la personne. Je me contente alors de l'ignorer superbement, et cela l'énerve à chaque fois. Tant mieux !

Bien que je passe la majeure partie de mon temps en solitaire, notamment lors des intercours ou des entraînements, j'arrive quand même à discuter et à rire avec ma classe. Je ne mange d'ailleurs jamais seule : soit avec les filles, soit avec Midoriya, Iida et Uraraka (et parfois Todoroki, lorsqu'il se joint à eux). Ce groupe-là me propose d'ailleurs régulièrement de venir avec eux lorsqu'il s'agit de travaux ou exercices de groupe. Todoroki m'a également proposé deux fois de m'entraîner avec lui comme dimanche dernier, en modifiant parfois légèrement l'exercice (même si le but restait globalement le même), ce que j'ai accepté avec plaisir. Après tout, il est le seul dont l'alter contre vraiment le mien...

D'eau, de Gel et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant