Chapitre 7 : Redécouverte d'une vie de famille

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Ashiza a séché ses larmes, bien que ses yeux soient encore humides, et un sourire timide se dessine sur ses lèvres. Ma mère s'est rassise à son bureau et nous regarde d'un air bienveillant. J'avais écouté toutes les explications en silence, et je ne savais plus vraiment comment me comporter, ni même comment appeler ma jumelle... Ma jumelle ! Je crois que je ne réalise pas encore complètement la situation. Tandis que j'observe les données et résultats des différents tests génétiques, Ashiza – pouvais-je encore l'appeler ainsi ? – d'une flexion du poignet gauche, retire le peu d'eau qui lui encombrait encore les yeux, et celle-ci vient former une petite sphère au-dessus de sa paume. Bien que son bras soit presque entièrement maintenu immobile par son attelle, elle arrive tout de même à contrôler le liquide avec ses doigts qui, eux, sont parfaitement libres. Elle reste ainsi un court instant, songeuse, puis demande :

— Si le but de la manipulation génétique était de dissimuler notre lien familial... Pourquoi n'avoir modifié que mon côté gauche ?

C'était une bonne question. Je lève les yeux vers ma mère, en attente de sa réponse. Étrangement, elle semble hésiter.

— Eh bien... en fait... Hayden n'avait jamais utilisé son alter sur une autre personne que lui... et n'avait jamais fait de modification permanente, explique-t-elle. Il n'avait pas confiance en ses capacités et avait peur de ne pas y arriver. Il savait qu'il pourrait toujours annuler ses modifications, mais il ne savait pas s'il pourrait arriver à un résultat satisfaisant. Du coup, il a préféré changer uniquement un côté : moins de travail, plus de chances de réussite... D'après ce qu'il m'avait expliqué et si mes souvenirs sont bons, il ne pouvait pas modifier plus d'un million de cellules à la fois.

Elle eut un rire nostalgique, puis ajouta :

— Enfin, pour moi, ça ne veut pas dire grand-chose, je ne sais pas ce que ça représente vraiment, un million de cellules...

D'après nos cours de sciences... Une cellule fait environ vingt micromètres... Je fais un rapide calcul de tête avant de lancer :

— Ça correspond à une surface de deux centimètres carrés.

Ma mère éclate de rire, tandis qu'Ashiza tourne la tête vers moi.

— Mais d'où tu sors ça, toi ? lâche-t-elle avec des yeux ronds.

— Bah... On a appris la taille d'une cellule en cours... Le calcul n'est pas difficile... maintenant on sait à quoi ça correspond, un million de cellules, répondis-je avec sérieux.

Elle se met à rire aussi. Qu'avais-je dit de si drôle ?

— Mais c'est vrai ! insistai-je, perdu.

— Je n'en doute pas, répond ma mère après s'être calmée. Mais tu n'étais pas obligé de te creuser la tête à chercher...

Mais c'est elle qui... Je soupire. Je ne comprenais vraiment pas les gens, des fois. Pourquoi se poser des questions s'ils ne veulent pas la réponse ?

— Bon, reprend Ashiza après avoir cessé de rire, revenons au sujet principal... En gros, on peut dire que j'ai servi de cobaye à mon... à Hayden, non ?

Maman ouvre de grands yeux, choquée.

— Quoi ? Mais bien sûr que non, enfin ! Hayden maîtrisait parfaitement son alter. Seulement, il existe tellement de possibilités en génétique... Comment être sûrs que les modifications apportées auraient un impact réel sur toi ? Il a donc préféré la qualité à la quantité, conclue-t-elle avec un sourire rassurant.

Elle hoche lentement la tête en silence, avant d'envoyer la petite boule d'eau, qu'elle faisait tournoyer au-dessus de sa paume, dans l'évier. Au moment où celle-ci s'écrase avec un petit « splash », mon portable sonne.

D'eau, de Gel et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant