Just between us

30 - Isaac's comeback

En fin de compte, hier soir, la réunion est un peu sorti de son contexte initial : on a fini par regarder un film d'horreur sur Netflix et on a aussi fini par s'endormir à même le sol, sur les poufs.

Ce matin même, je me suis réveillé assez tôt pour faire mon footing puis pour aller à la bibliothèque et finir mon roman.
C'est « Le chant d'Achille ». J'en suis rapidement devenu addict. Je l'ai d'abord lu en version numérique mais il me reste quelques chapitres avant la fin.

J'arrivais finalement au comptoir du bibliothécaire.

— Bonjour monsieur ! Vous allez bien ?

— Waouh ! Vous êtes tellement enthousiaste à l'idée de venir à la bibliothèque. C'est rare de voir un jeune dans le coin... Que puis-je faire pour vous jeune homme ?

— Où est-ce que je pourrais trouver mon roman ? C'est Le chant d'Achille, de Madeline Miller.

— Je comprends mieux votre enthousiasme ! me souriait il. C'est la quatrième étagère, à gauche. Mais, faites vite ! Pleins de jeunes se sont rués la semaine dernière pour en prendre un. Je doute fort qu'il en reste encore un...

— Merci quand même.

Je m'en allais en direction de cet étagère en question. Le temps avait l'air de s'arrêter, ici, parmi tous ces bouquins.
J'apercevais au loin le seul roman qui m'intéressait vraiment. Mais, il était sur la toute dernière rangée du haut...
C'est sans doute pour ça que personne ne l'a pris !

Bien sûr, je sautillais pour essayer de l'attraper. Mais en vain...
Soudainement, je voyais une main me passer dessus et attrapant le roman que je voulais lire. Quelle plaie celui-là !

— Hé ! C'est moi qui l'a vu en premier...

— Je sais !

Quand je me retournais pour faire face à cet inconnu, mon cœur cessa un instant de battre, sans doute par peur ou parce que son visage m'est apparu si soudainement et si brusquement. C'était Isaac...

— Le chant d'Achille ?

— C'est un très bon roman !

— Il est surtout très gay ! Je n'arrive pas à croire que sa seule faiblesse puisse être son cher Patrocle... Un prince si intelligent, si beau et si habile qui puise sa faiblesse dans une simple amourette !

— Et alors ? Ça au moins c'est une véritable histoire passionnante ! C'est beaucoup plus passionnant que « L'amour est dans le pré » qu'il diffuse sur TF1 en France !

— Je ne te permet pas de critiquer ma série comme ça !

Il était penché dans ma direction, me rappelant encore une fois à quel point j'étais petit face à lui. Son polo Ralph Lauren semblait le serrer au niveau des biceps. Ses lunettes de soleil vintage était délicatement déposé sur sa tête, de sorte à faire ressortir ses mèches. Il avait aussi un pull par dessus les épaules. Et que dire de son mini short...

— Je rêve ou tu essayes de t'habiller à la Old Money !

— Je n'en ai pas le droit peut-être ?

— Si, mais ça change vraiment...

— Et en bien ou en mal ?

— Je ne répondrai pas !

— Ha ha ! ajoutait Isaac sarcastiquement.

Je me dégageai de son emprise (si on peut appeler ça comme ça) et prenais mon roman au passage.

— Elle est jolie ta bague... Ça va bien avec ton collier de perles.

— Merci !

— Tu me fais un petit bisous ? il tapotait sa joue.

— Non ! Eww ! Dégage !

— Très bien ! Alors je m'en vais ! disait-il tout en ajoutant une once de dramaturgie dans son expression.

— Enfin... non ! C'est pas ce que je voulais dire...

— Ne t'en fais pas !

— ...

— Alors ? Qu'est-ce qui t'amène ici ?

— Je vais lire. Je crois ! C'est un peu à ça que sert une bibliothèque je pense !

— Et est-ce que je peux savoir pourquoi tu es si insolent jeune homme ? Je suis ton grand frère quand même !

— Peut-être mais je ne suis plus un bébé Isaac !

— Parfois j'aurais voulu que tu en sois un... Je me serais tellement bien occupé de toi, je pense.

— On ne peut pas revenir dans le passé Isaac ! Le plus important, c'est de vivre chaque jour de la meilleure des façons !

— Tu dis ça mais tu perds ton temps à lire un livre !

— Argh arrête maintenant ! T'es lourd !

Il s'accoudait sur mon épaule tandis que j'ouvrais mon livre à la page où je m'étais arrêté. Je feuilletais ainsi les pages de manière délicate pour même ne pas les déchirer.

— Mais Angel... est-ce que ce sont des vrais diamants ? s'étonnait il tout en prenant ma main et en la rapprochant plus près de lui.
Ça a dû te coûter une fortune ! Enfin... de toute façon, ça ne change rien à ce que tu achètes d'habitude. Mais là...

— Oh... ça c'est... c'est... uhm...

— Oui ?

— C'est... c'est Allan qui me l'a offerte...

— Il t'a offert une bague ? Et en quel honneur ?

— Et bien... uhm...

— Arrête de bégayer et répond moi !

— Nous nous sommes... fiancés ?

— Comment ça vous vous êtes fiancés ?

— ...

— Ça alors !