PROLOGUE

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Quelqu'un m'a dit un jour que l'amour était la fin de la tranquillité de l'esprit. Je n'ai jamais rien entendu de plus vrai. Depuis que j'ai pris conscience de mes sentiments pour Sasuke, je n'ai jamais arrêté de penser. Et ce serait idiot de croire que parce qu'il est mort, mon esprit serait plus apaisé. Bien au contraire. De ma vie, je n'ai jamais autant réfléchi.

Les sentiments sont directement reliés à l'esprit. Le cerveau humain n'est qu'émotion. Il ne sait pas fonctionner sans. C'est pour ça que ça fait si mal d'aimer, de perdre ce qui nous ai cher....Certains essaient tant bien que mal de faire taire leur nature humaine en enfouissant au plus profondément ce qu'ils ressentent, mais rien ne changera le fait que leur esprit restera meurtri à jamais par les fantômes de leurs émotions. C'est ainsi que naissent les démons. Refoulés, tapis au fond de nous, ils sont la partie la plus sombre de nous-même.

Parce que c'est ça être humain. Vivre à travers ce qu'on éprouve et faire semblant que cela nous affecte moins que ce qu'il en est vraiment. Je souffre. De ma vie, je n'ai jamais connu un tel état de douleur. Je souffre tellement que j'ai l'impression d'être consumé. Je ne vais pas y arriver. Je le sais. Je le sens. J'ai l'impression d'être en constante crise d'angoisse. Semblable à une avalanche, tout mon être est enseveli sous un amas de douleur et de peine. Chaque inspiration est pire que la précédente. Vivre fait mal.

-Naruto, Naruto.

Je sursaute légèrement lorsque Ino pose sa main sur mon épaule pour me ramener à la réalité. Himiko de maintenant six mois pleure dans ses bras. Le visage cerné, le teint pâle, Ino semble être aussi bien à bout psychologiquement que physiquement. Je ne saurais vraiment dire combien de temps s'est écoulé depuis la mort de mon Sasuke. J'ai perdu la notion du temps. Je vis à présent dans cette boucle infernale dans laquelle je revois ses yeux m'implorer silencieusement et ses lèvres murmurer un "Je t'aime" avant qu'un Shinigami* vienne le chercher. Une boule douloureuse se forme dans ma gorge. Je sens mes dents grincer sous l'effort des larmes retenues. Depuis sa mort, je n'ai pas desserré la mâchoire. Je pose mon regard sur Himiko en body noir, le visage rouge, les yeux bouffit, s'exciter dans les bras de sa marraine. Elle pousse de ses deux petites mains le visage d'Ino en hurlant plus fort. Lorsque ses yeux rencontrent les miens, sa lèvre inférieure tremble et elle se penche dangereusement vers moi. Je tends les bras pour la prendre. Elle se calme un peu. Je la serre dans mes bras que j'espère protecteurs. Ma fille pose alors sa tête sur mon épaule en agrippant l'une de mes mèches de cheveux.

-Aller, calme toi Himiko. Je suis là maintenant. Je lui murmure en frottant son dos.

Nous sommes à la maison funéraire, je suis devant la chambre funéraire de Sasuke. C'est là que son corps repose en paix en attendant de le mettre dans un cercueil et de le mettre six pieds sous terre. Je suis venue signer quelques papiers et déposer sa tenue. Je n'avais pas envie qu'il passe l'éternité avec des vêtements plein de sang ou tout nu. J'ai choisi une tenue assez simple. Un pantalon en Lyn blanc, avec un tee-shirt du même textile sur lequel j'ai fait faire brodé l'emblème de son clan.

Ino et Shikamaru m'ont accompagné. Je ne leur ai pas adressé un mot. Ino m'a prise Himiko quand je suis entrée dans la chambre. J'ai cru m'évanouir en voyant son corps. Heureusement qu'il était recouvert d'un drap bleu. Je n'aurai pas supporté de voir son visage. Je n'ai pas eu le courage d'attendre le thanatopracteur dans cette pièce froide illuminée par une horrible lumière artificielle à vous faire perdre la vue. J'ai déposé le tout sur une grande table en métal semblable à celle sur laquelle mon Sasuke repose, et suis parti en quatrième vitesse m'asseoir sur l'une des chaises d'attente dans le couloir. Attendre quoi ? Je me le demande. Je ne sais pas ce que je fais là. Je crois que je peux rentrer chez moi maintenant que j'ai déposé ses affaires mais ... Je n'y arrive pas. Je suis comme bloqué, collé sur cette chaise. Pourtant je n'ai pas d'hémorroïdes. Mais je reste là, assis en face de cette porte derrière laquelle l'amour de ma vie est plongé dans un sommeil éternel.

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