CHAPITRE 6

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-Papa, mais qu'est-ce-que tu fais à mon dada ?

L'espace d'un instant seulement, la terre s'est arrêtée de tourner et je manque l'arrêt cardiaque. Tout mon corps est tétanisé alors que mon sang arrête de circuler dans mes veines. La seconde passée, Sasuke se redresse rapidement et j'en fais de même. Mort de honte et très stressé, je remets mes vêtements en place puis demande d'une voix tremblante à ma fille :

-Himiko, je peux savoir pourquoi tu n'es pas au lit ?

Il n'y a pas que ma voix qui tremble. Tout mon corps est aussi secoué qu'une feuille. J'espère sincèrement que Himiko n'a rien vu de traumatisant. Je commence à me dire que j'ai un souci. Parce que je ne l'ai même pas entendu arriver. Et si le problème venait de moi ? Et si l'intrus n'était pas aussi redoutable que je le pensais. Après tout, cela fait déjà deux personnes que je n'entends ou ne sens pas venir.

-Mais c'est la faute à papa, il a dit qu'il allait me chercher mon lait et puis... et piiis ... Dit-elle en commençant à chouiner tout en se frottant les yeux.

Heureusement ou malheureusement, il semblerait que l'incident de ce soir va vite être oublié grâce à une crise de Himiko. Je sens que je vais faire nuit blanche. Quand elle commence, elle ne s'arrête pas.

-Bon ça va, j'ai compris. Je soupire en la prenant dans mes bras.

C'est à chaudes larmes que pleure Himiko à présent. Soudainement, sans pouvoir l'expliquer, je sens le monde me tomber sur les épaules et une grande fatigue me gagner.

-Dadaaa, je veux mon lait. Mon laaaaitt ! Dadaaa !

-Oui, papa va te le faire. Nous, on va l'attendre dans le lit d'accord, lui dis-je en frottant son dos dans l'espoir de la calmer un peu.

Je sais que mon effort est vain mais je tente quand même. Et puis, de toute façon, je n'ai rien d'autre à faire mis à part essayer de calmer la crise de rage qui menace d'arriver. Je connais ma fille. Je peux affirmer avec certitude que ce soir elle va me faire regretter d'avoir voulu trouver du réconfort dans les bras de son père.

Himiko est agacée à cause de la fatigue et sûrement sur les nerfs à cause de ce qu'il s'est passé ce soir. En temps normal, elle serait déjà couchée depuis longtemps. Je fais les gros yeux à Sasuke qui s'éclipse aussitôt en direction de la cuisine. Arrivé dans ma chambre, je pose ma fille qui chouine encore sur le matelas. Mais à peine ai-je contourné le lit afin de fermer les volets que la crise éclate. Mon sang commence à bouillir alors que je sens mes nerfs se tendre. Je respire un bon coups afin de prendre sur moi.

-DADAAAAAA !! Je veux mon lait, je veux mon laiiit !

Mes poils se hérissent sur ma peau mais je fais l'effort de prendre le temps de fermer les volets avant de me tourner vers elle et de lui dire de ma voix la plus douce:

-Papa est en train de te le faire. Tu n'as pas besoin de t'énerver Himiko. Aller, allonge-toi, s'il-te-plait.

-Non non et non ! Je veux que c'est Dada qui fait ! Et je veux pas faire dodo ! JE VEUX MON LAIIIITTT

Je ne relève ni la faute de grammaire ni le fait qu'elle soit en train de littéralement me hurler dessus en tapant ses petits poings et pieds sur le matelas. Ce n'est pas le moment. De toute façon, je suis bien trop crevé pour ça. Elle s'énèreve tout de seule et plus ça va aller, plus son irritation va grandir jusqu'à lui prendre toute son énergie et qu'elle tombe de sommeil. J'aimerai que sa crise s'écourte au plus vite. Les événements de ce soir m'ont complètement vidé de toute énergie. Quand je repense à ce que je m'apprêtais à faire il y a moins de dix minutes dans le salon avec Sasuke j'ai l'impression de rêver. Parce que là, en cet instant présent, tout ce que je vois c'est le chaos. J'avais oublié comment je pouvais me sentir si léger avec Sasuke; si insouciant. Le temps de quelques minutes, j'ai eu l'impression de reprendre mon souffle. Mais la réalité m'a rattrapé. Je me retrouve au point de départ. Seul et fatigué à devoir gérer la crise de colère de Himiko.

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