[ Kaveh x Al-Haitham ] La Théorie des Antipodes.

Les sentiments ne sont pas des équations.

Plusieurs semaines passèrent depuis cette soirée, et Kaveh restait troublé de ces événements. Il ne comprenait pas toujours pas pourquoi cela s'était passé et pas tellement ce qu'il ressentait à présent. In vino veritas(1), c'est ce qu'on dit. Pourquoi lutter, il était évident qu'il l'aimait, alors pourquoi se voiler la face. En revanche, pas un mot d'Al-Haitham par rapport à ce qu'il s'était passé cette nuit là, pourquoi aurait-il fait cela ? Lui qui passait son temps à le chamailler, mais lui aussi qui subitement est devenu si prévenant à son égard. Beaucoup de questions sans réponses...

Alors qu'une nuit, alors qu'il se malmenait les méninges à ce propos, la porte de sa chambre s'ouvrit à nouveau. Il décida de briser le silence et ne pas faire semblant de dormir.

-Je ne dors pas, souffla Kaveh pour briser le silence nocturne.

Un soupire se fit entendre et la porte s'ouvra un peu plus, laissant apparaître la silhouette du scribe. Kaveh se redressa dans son lit.

-Je savais bien que c'était toi, pourquoi m'avoir dit que je délirait alors ?

Al-Haitham entra alors dans la chambre et s'assit à ses côtés sur le lit. Et sans aucuns mots, il enlaça Kaveh s'approchant lentement pour l'embrasser. Il se senti un peu sonné, est-ce qu'il joue avec lui ? Pourquoi fait-il ça ? Milles et une questions tournaient dans sa tête comme un carrousel sur une place publique.

-Al-Haitham, réponds moi. Tu fais quoi là ? Tu joues avec moi ?

Le scribe qui était silencieux jusqu'à présent se décida à libérer quelques paroles.

-Difficile à dire.

-QUOI ? C'est tout ce que tu as à me répondre ? Tu viens voir si je dors quasiment chaque nuit, on a coucher ensemble, bon, on était totalement saoul et... Et maintenant tu viens chercher à m'embrasser comme ça, sans raisons ?

Al-Haitham détourna le regard de fierté sans ajouter de réponse. Ce qui enragea Kaveh de plus belle.

-Dégage.

-C'est ma maison.

-Dégage de cette chambre.

Al-Haitham se leva et sorti de la chambre sans un mot, laissant Kaveh perdu avec ses sentiments et pleurant à présent toute les larmes de son corps entre-coupé de nouvelles quintes de toux florales. Le scribe était resté derrière la porte entendant les sanglots de son colocataire. Il resta là quelques instants, se demandant quoi faire après le fouillis qui avait créer. Mais étrangement, lui qui était toujours plein d'idées ingénieuses, ne trouva pas quoi faire. Après tout, les sentiments ne sont pas des équations.

A suivre.

(1) : Locution latine, nul besoin d'être un latiniste de haut niveau pour comprendre. L'alcool désinhibe, la vérité se dit plus facilement. Alcool, rappelons est à consommer avec modération, merci bien~.