Un visiteur fort bien reçu.

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Kaveh était troublé, il était finalement malade d'amour, et pire : cela pouvait en être mortel. Après avoir retourné la situation dans tout les sens, il se dit que parler de son diagnostic ne changerai sans doute pas grand chose. Autant attendre et voir ce que peut donner la roulette russe du destin.

Quelques jours plus tard, la situation n'avait curieusement pas tant changée. Kaveh toujours dans le flou, à vomir des pétales de plus en plus souvent et Al-Haitham la tête dans ses livres, levant parfois un oeil lorsqu'il entendait Kaveh tousser bruyamment. Il ne daignait toujours pas être plus clair avec lui sur la situation. Cela dit, durant ces derniers jours, ils se retrouvèrent de temps en temps dans la chambre de l'un ou de l'autre pour passer la nuit a discuter ou juste dormir ensemble, étrangement Kaveh ne vomissait pas ces pétales lors de ces temps ensemble.

Un soir alors qu'Al-Haitham bouquinait encore et que Kaveh dessinait un nouveau plan en respirant difficilement, il décida qu'il en était assez pour lui, qu'il lui fallait une raison maintenant qu'il savait que ses jours étaient comptés. Il lâcha ses crayons alors prit d'une nouvelle quinte de toux, répandant du sang sur tout ses plans. Qu'importe, il se tourna vers son ami et lui enleva brutalement le livre des mains. Al-Haitham, surpris par ce geste, haussa les sourcils attendant de savoir ce que Kaveh lui voulait.

-Ça fait un petit temps que tu continue ton petit manège là. J'en peux plus ! Donne moi une réponse ! Qu'est-ce qu'on est ?! Qu'est-ce que tu ressens pour moi.. ?

Al-Haitham ne répondit pas.

-Mais bordel ! Par pitié, pas le traitement du silence !

-Si la situation ne te plaît pas, tu peux toujours partir !

-Quoi ? C'est du chantage ça ! Ce n'était pas du tout de la bonté, tu cherche bien à... Kaveh toussa a nouveau des pétales de sang, ...m'utilisé alors !

-Non. Non, c'est plus compliqué.

-Plus compliqué d'où ?

-La situation est compliqué, pour toi comme pour moi. Regarde toi, tu veux absolument connaître la nature de notre relation alors que tu t'efforce de cacher à tout le monde que tu vis ici. Et moi..

-Et? coupa brutalement Kaveh, ça n'a rien à voir ! Oui, et toi alors ?

-Je me sens généralement à distance des sentiments et.. Force est d'admettre que... Je ne sais pas comment, mais tu as su... Et... Je ne comprends pas, tu m'agace la plupart du temps, avec ton comportement totalement à côté de la plaque et...

-Donc toi aussi, tu ?

-Tu attends que je te le dise ?

Kaveh tourna le regard, visiblement Al-Haitham avait aussi ce genre de sentiment, mais il ne les assumait pas.

-Alors... Toi aussi tu m'aime ?

Al-Haitham répondit en soufflant. Kaveh braqua ses deux grands yeux amarantes sur lui, sans cligner un fois des yeux.

Un bruit sourd venant de la porte brisa le silence. Le jeune architecte, à chemin entre le désespoir et la rage, se leva aussi rapidement que son corps lui permettait pour rejoindre la porte. C'était étonnant venant de sa part, comme l'avait mentionné son colocataire, il prenait soin de cacher da présence ici et s'empressait de fuir la porte dès que quelqu'un frappait. Al-Haitham ne savait pas sûr quoi porter son étonnement : un visiteur à cette heure tardive ? Que Kaveh se lève ? Que Kaveh se lève ET aille voir à la porte ?

Kaveh toussa a nouveau alors qu'il arriva devant la porte d'entrée. Rien dans ce comportement ne lui ressemblait, il n'ouvrait jamais la porte. Et encore moins dans cet état, lui qui est si coquet habituellement avait les cheveux en bataille et était habillé approximativement. Il tourna la poignée et ouvra doucement.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit un quidam lambda de l'Akademie dans l'entrée, lui aussi surpris de ne pas avoir en face de lui le propriétaire de la demeure. Le visiteur abandonna rapidement cette mine étonnée, il montrait maintenant qu'il n'était peu content et portait une mine revendicatrice.

Al-Haitham n'entendait pas tellement ce qui se disait mais cela semblait animé. Pas dans le bon sens. Cela dura bien une bonne dizaine de minutes, avant d'entendre un fracas qui le força à se lever vérifier ce qu'il se passait.

La scène était... surréaliste. Kaveh se tenait à l'encadrement de porte, essouflé et la chemise tachée. En face, le visiteur était au sol et cherchait à ramper pour déguerpir.

Le scribe pencha la tête pour mieux voir et prit Kaveh par la taille pour le ramener à l'intérieur et refermer la porte.

-Il... s'est passé quoi la ? il regardait la chemise de Kaveh et ajouta avec une panique à peine perceptible, et c'est quoi ça ?

Kaveh eu un rire nerveux.

-Haha, je lui ai mis un coup d'tête, hehe. Il avait un couteau visiblement, c'est rien, regarde, dit-il en lui montrant l'entaille sur son torse, ce n'est pas très profond.

Effectivement, la plaie n'était plutôt superficielle mais suffisamment grande pour le faire saigner.

-Il ne sait même pas tenir un couteau, ha ha... reprit Kaveh. J'ai pas compris tout ce qu'il baragouinait, mais visiblement, tu as fais un truc qui ne lui a pas plu. Pour une fois que c'est moi qui réponds aux visiteurs, en voilà un qui est revendicateur, ha ha...

Al-Haitham remettait bien le type en question, une sombre histoire d'échéance comme il en arrive régulièrement. Mais qu'importe, il ne rêvait pas quand il réalisa que son amoureux transit de colocataire s'était prit une attaque lui étant réservée. Non seulement il avait encaissé cela dans son état, mais il avait aussi fait déguerpir cet indésirable d'une manière surprenante. Il ne lui connaissait pas de telles compétences physiques.

-Attends. Tu viens de te battre, alors que tu es à moitié malade, alors que l'histoire ne te regardait pas ?

-Oui ! Je n'aime pas qu'on m'interrompe dans une dispu...

Kaveh s'effondra de fatigue dans les bras d'Al-Haitham sidéré de sa désinvolture. Cette scène le font remettre en question beaucoup de choses. Il glissa l'endormi sur le canapé et prit soin de panser sa blessure. Tout ce qu'il fit ensuite fut de le regarder attendant patiemment qu'il se réveille. 

A suivre.

[ Kaveh x Al-Haitham ] La Théorie des Antipodes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant