Les fleurs du mal.

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Quelques jours passèrent après cette dispute nocturne. Chacun s'occupait de sa routine dans un silence monstre. Al-Haitham passait ses jours à l'Akademie et Kaveh se tuait à la tâche en oubliant une majeure partie de ses repas, tant que sa tête tournait en continu. Ajouté au faite qu'il se mettait a vomir de plus en plus régulièrement des pétales de roses Sumeriennes mélangées à son sang, il se sentait vraiment mal.

Un soir, il fini par s'évanouir au milieu du salon en voulant regagner sa chambre pour s'allonger un peu. Un timing étrangement parfait puisque Al-Haitham venait de rentrer et de voir toute la scène. Il marcha rapidement vers lui pour le soutenir et lui coller quelques gifles pour le réveiller. Au bout de trois, Kaveh ouvrit les yeux et toussa a nouveau ces pétales sanguinolents.

-C'est pas sérieux, ça Kaveh. Attends ! C'est quoi ça ? Tu... craches des fleurs ?

-Tss, occupe toi de tes affaires, siffla Kaveh.

-Tu ne vas pas faire long feu à ce rythme si tu continue comme ça, répondit Al-Haitham avec inquiétude. Et qu'est-ce que... Depuis quand es-tu... malade comme ça ?!

-Qu'est ce ça peut te faire ?

-Justement, je m'inquiète pour toi.

A ces mots, Kaveh se redressa malgré les douleurs diffuses présentes dans son corps. Il ne pu contenir sa colère et sa frustration, ni une nouvelle salve de pétales sanglants.

-Je vomis comme ça depuis... une semaine environ... Eh ! Comment ça ? Depuis quand tu t'inquiète réellement ? Tout ce que tu me donne c'est l'impression que tu as une pitié condescendante pour moi. Et... Et... Et pourquoi diable joues-tu comme ça avec moi ??! T'es horrible, tu as sans doute vu que je commençais à avoir des sentiments pour toi ! Kaveh marqua une pause pour reprendre son souffle. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ? Tu joue avec moi comme si j'étais une vulgaire poupée ! Tu voulais me remonter le moral ?! Franche réussite ! Je me sens bien pire, arnaqué, fauché et... et... amoureux de t-...

Kaveh se stoppa net. Il avait l'impression d'en avoir trop dit et se senti doublement ridicule. Pour lui c'était une occasion perdue de se taire. Face à cela, Al-Haitham ne su quoi dire, le visage toujours impassible. L'architecte, submergé par différents sentiments contradictoires, ajouté à la fatigue nerveuse, se remis à pleurer, cachant son visage avec ses mains. Mais cette fois, cela n'exaspérait pas son ami. Cette fois, il se décida de faire un geste pour lui, au moins pour tenter d'amoindrir cette torture émotionnelle qu'il lui infligeait.

-Pardon Kaveh.

Sa tête blonde se leva et ses iris écarlates virent fixé les yeux couleur émeraude de son ami. "Pardon"? Ça n'a aucuns sens... pensa-t-il

-Pardon Kaveh. J'aurai peut-être dû mettre un peu plus de clarté dans notre situation. Et.. Je vais me charger de me renseigner sur ce que tu as. Je vais demander à Tighnari si il sait quelque chose à ce propos et si il peut t'aid...

-Laisse tombé, j'ai prévu d'aller le voir demain de toute façon, enchaîna Kaveh en tournant la tête.

Il repensa aux mots de son ami et son cœur loupa un battement. Tout pourrait changer selon ce que Al-Haitham allait dire ensuite, soit le soulager d'un énorme poids, soit le plonger dans une torpeur immense de sentiments non partagés. Al-Haitham reprit.

-A vrai dire, je ne sait pas tellement quel sentiments m'anime te concernant. Je ne sais pas si je te considère encore comme cet ami agaçant ou comme un potentiel amant.

Aie. Cette option, il ne l'avait pas imaginé. Finalement, c'est peut-être pire, c'était comme si il n'était ni l'un, ni l'autre tout à coup. Kaveh tourna la tête, son esprit était teinté d'une certaine honte et le goût du sang dans la bouche.

-Kaveh. Les sentiments sont des choses qu'on ne contrôle pas. Je n'ai pas de réponse à te donner pour l'instant.

-Je me suis couvert de ridicule à imaginer quoique ce soit avec toi...

Al-Haitham, pour seule réponse, avança son visage près du sien pour lui déposer un baiser sur ses lèvres humides de larmes et de sang. Kaveh recula sa tête après ce baiser salé et ferreux.

-Tu rends les choses encore plus difficiles en faisant ça, répondit-il en toussant nouveau.

Al-Haitham n'eu que faire du commentaire de Kaveh et l'embrassa de plus belle, parcourant à présent de sa main son corps frêle. Le blondinet n'avait pas la force physique de lutter et au final, il n'en avait pas envie.

Soudain Al-Haitham cessa de l'embrasser et le porta pour le poser sur le sofa. Il partit ensuite en direction de la cuisine. Il revint avec un en-cas et un verre de thé frais rapidement préparé et apporta cela au jeune homme faiblard. Kaveh le regarda sans dire un mot. Son ami entreprit ensuite de lui essuyer le sang qu'il avait sur les lèvres.

-Mange un peu maintenant. Je n'ai pas envie de te ramasser chaque jour parce que tu jeûne. J'imagine que ça n'aide pas non plus avec ce que tu as, lui dit-il en ôtant un petit pétale coincé à la commissure de ses lèvres.

Kaveh sonné, mais n'oubliant pas sa frustration secoua la tête en signe de négation. On aurait dit un enfant qui fait un caprice.

-Je vais être obligé de te donner à manger, alors ?

Kaveh tourna la tête, toujours boudeur.

Al-Haitham souffla d'exaspération et prit un morceau du plat qu'il avait préparé et s'approcha du jeune homme qui avait toujours la tête tournée. Face à ce comportement enfantin, il pris son visage avec son autre main pour qu'il lui fasse face. Kaveh détourna son regard de gêne alors qu'Al-Haitham tentait de le nourrir tant bien que mal. La situation agaçait le jeune blond, tant bien qu'il prit le verre de thé et le renversa sur celui qui tentait de le nourrir.

-Haha, tu fais un caprice maintenant ?! Gros gamin. Je suis trempé maintenant, soupira Al-Haitham en enlevant sa chemise.

-Tu ne fais que m'envoyer des signaux brouillés ! Tu me fais tourné en bourrique et tu crois que je vais rester là, stoïque ? C'est limite de l'abus de faiblesse là !

-J'entends. Mais...

-Pas de mais ! Soit tu me vois comme ton ami, soit tu me vois comme ton amant ! J'ai besoin de savoir, au moins pour passer à autre chose si il le faut.

-Oui, ta situation est suffisamment stressante pour que j'en rajoute avec mon comportement. Pour être totalement honnête, en te demandant de sortir avec moi la dernière fois je n'avais pas du tout prévu ce qu'il se passerai dans la soirée, je comptais juste sortir avec mon ami. Mais quand tu m'as embrassé, j'ai apprécié, ce qu'il s'est passé ensuite était d'autant plus agréable. Tu es beau garçon en plus... Mais, justement, j'ai eu l'impression de profiter de ton désarroi alors j'ai préféré nier ce qu'il s'était passé sans penser que cela te blesserait.

-Et tu as une explication pour le fait de venir voir dans ma chambre en plein nuit ?

-Ahem... Je voulais juste vérifier que tu étais bien vivant, se justifia Al-Haitham.

-Quoi ? Vivant ?

-Oui, tu vas mal et ça me crève les yeux. J'avais juste peur que tu finisses par faire quelque chose de malheureux, par désespoir. D'autant plus, je ne sais pas depuis combien tu me cache ça, dit il en montrant le tas de pétales a terre. Alors, oui, je te chamaille souvent et tu m'exaspère régulièrement, nous sommes diamétralement opposés, mais... Je tiens tout de même à toi.

Ce mots coupèrent le souffle de l'architecte déjà court à cause de la toux. Qu'est-ce que son ami essaie de lui dire en ce moment ? Ce sentiment est réciproque ou non ?

-Bref... Je vais aller me laver, sinon je vais coller à cause du sucre. Viens aussi.

Kaveh baragouina quelque chose que lui même ne comprenait pas tandis que son ami lui prit le bras pour le faire suivre jusqu'à la salle de bain.


A suivre.

Note de Kagome : Hop, deuxième chapitre pour ce soir. Le précédant étant plutôt court, me voilà généreux. Le prochain chapitre sera très court aussi alors je publierai de la même façon.  

[ Kaveh x Al-Haitham ] La Théorie des Antipodes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant