Une promenade, juste comme ça.

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Alors que Kaveh rangeait ses affaires, la porte d'entrée s'ouvrit doucement. Al-Haitham venant de rentrer, il posa ses affaires en soupirant et leva la tête pour interpeller Kaveh qui n'était pour une fois pas dans le salon à travailler sur ses plans.

-Tu es prêt pour aller te promener ?

-Ahem, o-oui... J'ai fini de me préparé. Je range juste mes affaires. Laisse-moi encore une petite minute ! 

Pour la première fois depuis ces dernières semaines, Kaveh s'était apprêté. Il avait mis des beaux vêtements et une pointe de khôl sous ses yeux ce qui lui offrait un regard de biche.  Il se dirigea vers la porte tout en enfilant ses boucles d'oreilles. Il était fin prêt. Al-Haitham était plutôt surpris d'un tel apparat, mais soit, c'était une bonne chose pensa-t-il.  Une fois aux côtés de son ami, Kaveh lui fit un large sourire à moitié convaincant et ils sortirent tout les deux.

Ils déambulaient dans les rues chaudes de Sumeru un long moment et s'installèrent sur un banc dans un coin un peu reculé de la ville pour être tranquille. C'était un joli endroit près d'un paisible cours d'eau. Les bruits environnant étaient paisible, tout comme le chant crépusculaire des oiseaux. L'odeur de la journée qui s'achève était enivrante et apaisante. 

L'architecte ne comprenait toujours pas pourquoi son ami était tout à coups si gentil avec lui. Était-ce de la pitié ? Cela semblait évident étant donné l'état dans lequel il l'avait trouvé. Le bougre est habituellement impassible, froid comme un pic a glace et il a une vision de la vie terriblement rasoir et pragmatique. Il avait fini par penser que la vie du scribe pouvait être comparée à une réplique de livre de mathématiques. La voix d'Al-Haitham se fit sortir de ses pensées.

-Bon. Dis moi franchement. Comment tu te sens ?

-Euh... Mieux quand même... Même si j'imagine bien que ma situation est totalement de ma faute. Je ne peux m'en prendre qu'à moi même. Mais en même temps, je ne peux pas m' empêcher d'être comme ça.

-Oui, c'est de ta faute. Tu as trop bon cœur. Et ta naïveté te perdra.

Un autre missile de réalité que le scribe lui envoya en plein cœur.  Cela ne fait pas forcement du bien du bien à entendre, mais il avait raison, malgré tout. Un silence s'instaura suite à cette phrase et Kaveh reprit.

-Je n'aime pas du tout ta façon de me parler , il y a l'art et la manière, que tu n'as pas. Mais... Tu as raison, c'est sûr... Cela dit... Pourquoi vouloir me faire changer les idées alors ?

-Comme ça... C'est juste une promenade comme ça. Je me suis dit que ça pourrait être bien que tu vois un peu de verdure. Tu n'es pas sorti depuis des semaines. Tu squatte tellement que ma maison a ton odeur maintenant.

-Ah... souffla Kaveh, gêné. Aussi, j'ai une autre question. Dis-moi, Al-Haitham. Depuis quelques temps, j'entends la porte de la chambre s'ouvrir la nuit. C'est toi ?

- Non. Tu dois rêver.

Un rêve ? Pourtant, Kaveh se sentait bien éveillé lorsque cette porte s'ouvrait. 

-Ah... Et tu n'entends rien de ton côté ?

-Non, je dors avec un casque réducteur de bruit, aucune chance que j'entende quoi que ce soit, répondit-il. Bon, allons manger quelque chose maintenant, le soleil commence à se coucher doucement. J'imagine que tu n'as rien mangé aujourd'hui encore ?

Kaveh ricana nerveusement. Effectivement il avait encore jeûner sans s'en rendre compte. Il s'attendait à recevoir une soufflante mais pas cette fois-ci, le scribe lui fit un signe de la tête pour l'inviter à se lever. Ils laissèrent ce coin  de tranquillité et regagnèrent le centre ville pour rejoindre le restaurant où Al-Haitham avait prévu de l'emmener diner.


A suivre.

[ Kaveh x Al-Haitham ] La Théorie des Antipodes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant