J'ai peur, disait-elle, qu'on me lise, qu'un regard suffise à lui seul à me décrire. J'ai peur, répéta-t-elle, qu'on sache, qu'on lise dans mon regard ce que je refuse moi-même de voir, mes peurs, ma honte... Elle s'arrêta, regardant les pieds pressés des passants piétiner le bitume sale. « Toute ma vie j'ai détourné le regard de moi-même et de ceux des autres, pourtant....», elle s'arrêta encore, cette fois-ci pour admirer la fissure de vieillissement d'une des pages de son livre. « Pourtant j'ai pu lire dans ceux des autres autres milles histoires... » Elle s'arrêta, je cru qu'elle eut fini lorsque son regard s'accrochait à la tâche incrustée de mon vêtement. Elle hésita un instant « est-ce égoïste de ma part de refuser d'être lu à mon tour ? »
M.