Wicked Ride Tome II

Chapitre 29|Fourberie froide

NILS

Le ciel nocturne n'a pas de lune ce soir. Installé sur le toit de ma baraque, j'observe les étoiles tout en fumant une énième clope. Dans quelques heures, Norah sera morte aux yeux de beaucoup. Mon idée est autant calculée, qu'elle me rend nerveux.

Elle va devoir rester au club, dans une des chambres pendant que je m'occupe de son frère. Je sais qu'elle ne va pas apprécier d'être forcée à rester enfermer, mais c'est pour son bien. Elle est convaincue que Nathan peut être récupéré si on y met du nôtre, mais moi je sais qu'il est irrécupérable. Il a sombré dans trop de choses, de son plein gré.

On ne peut pas sauver et aider quelqu'un qui ne veut pas l'être.

Alors même si c'est douloureux, on doit se faire à l'idée de la perte de cette personne. Parfois, même avec la plus grande force, et la plus grande conviction, on n'y arrive pas. Ce n'est pas notre faute, seulement celle de la personne en face de nous, qui se plaît dans sa situation nuisible.

Norah a toujours eu ce truc. Elle aime croire qu'elle peut aider les âmes les plus abîmées à retrouver une certaine pureté de vie. C'est adorable quand je la vois faire, mais je sais que tout le monde n'est pas réceptif. Et je sais aussi à quel point elle peut souffrir quand la personne qu'elle voulait aider refuse la main qu'elle tend. Elle est comme ça. Moi pas. Et je la protègerais de la douleur que pourrait lui causer Nathan.

Je souffle ma fumée, tout en m'allongeant calmement. Je pense qu'on tient un bon plan. Seulement, il faut que Norah soit en accord avec, sinon on ne pourra rien faire. De toute façon, Livio s'occupe de lui raconter mes moindres soupirs dans les détails. Je suis content de voir qu'ils s'entendent bien mine de rien. Parce qu'elle est tout ce que je peux posséder de plus précieux, et lui, c'est la seule famille qu'il me reste désormais.

Je n'avais jamais vu mon frère comme ça. Si impliqué, si ouvert aux autres dans un sens. Il discute avec elle, lui raconte tout, et je trouve ça plutôt rassurant. Peut-être que s' il se lie d'amitié avec elle, ce sera une bonne excuse pour le voir plus souvent. Même si je sais que dans les prochains mois, je n'aurais plus aucunes nouvelles de lui.

Alors que je suis plongé dans mes pensées, j'aperçois une silhouette dans un coin, qui monte me rejoindre. Je ne peux m'empêcher de sourire, et attends calmement qu'elle me rejoigne. Norah finit par s'installer à ma droite, allongée à mes côtés, le regard sur les étoiles. Un léger silence s'installe, mais quand c'est avec elle, ce n'est jamais désagréable. Je n'ai jamais l'expliquer, mais elle n'a pas besoin de parler, pour apaiser les esprits.

Malgré tout, je ne peux m'empêcher de tourner la tête, pour pouvoir la regarder. Dans cette pénombre, je ne peux apercevoir ses iris, que grâce aux étoiles qui se reflètent dans son si beau regard.

- Est-ce que ça va ? je demande doucement.

Elle inspire profondément, avant de venir poser sa tête sur mon torse. J'encercle naturellement sa taille de mes bras, et souffle doucement. Je pense qu'on est dans le même état d'esprit, et c'est ce qui me fait la serrer si fort contre moi. Je sais qu'on peut y arriver, que si on bosse en équipe, rien même pas son frère ne pourra se dresser entre nous.. Mais le risque zéro n'existe pas, et tout peut arriver.

- Je me sens aussi bien que quelqu'un qui sait qu'elle sera morte d'ici quelques heures, me répond-t-elle.

Je ne peux m'empêcher de sourire, parce que je devine au ton de sa voix, qu'elle a essayé d'être sarcastique. Mais j'entends aussi la crainte au fond de ton timbre de voix, qui me laisse deviner que sa phrase à une part de vérité.

Je ne sais pas vraiment comment tout ça va se finir mais une chose est sûre, elle est mon bonheur. Je n'ai jamais réussi à donner autant d'importance aux gens. Parce que j'ai toujours eu peur de les voir se tirer, une fois qu'ils ont eu ce qu'ils voulaient. Mais je sais que je peux abaisser mes barrières avec elle, ne mettre aucunes limites à mon amour. Parce qu'elle a toujours été là, même quand j'ai été le pire des connards, ou au fond du trou.