10 - Un an, onze mois et cinq jours, avant d'être heureux

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Dans la tête de Harry

- « Harry, mon grand... Il est l'heure de te lever. Vous devez préparer les plateaux... »

Lana marche sur des œufs, depuis plus de deux mois. Je sens bien qu'elle se force à être douce, même si mon comportement voudrait qu'elle s'emporte. Jake, Nathanaël et le petit nouveau – dont je me fiche royalement du nom – ne prennent pas tant de gants...

- « J'arrive, soupirai-je. Pars devant...

- Dans dix minutes maximum, d'accord ?

- On verra. Ferme la porte, en partant. »

La surveillante soupire mais, elle ne cherche pas à débattre. Repoussant les draps, je me redresse et regarde sur la place libre, à mes côtés. Un jour de plus, dans cet orphelinat. Un jour de plus, loin de mon Lou... Mon regard se pose sur la veilleuse, illuminant la pièce et réchauffant mon cœur.

- « Un jour de plus, Lou... murmurai-je. Plus qu'un an, onze mois et cinq jours. 707 jours et je pourrais te retrouver. »

Je ferme les yeux quelques secondes, laissant apparaître le visage souriant de mon châtain, derrière mes paupières. Comme chaque matin, c'est dans ses yeux rieurs que je puise la force nécessaire pour affronter toutes ces journées. Deux gros coups contre ma porte me font sursauter.

- « Tu vas encore te faire engueuler, si tu ne te dépêches pas, m'informe Aly.

- J'arrive, Alyson, soupirai-je.

- Arrive plus vite ! Et ne m'appelle plus jamais Alyson, bouffon. »

Un petit rictus étire mes lèvres. Je me décide à me lever, fouillant dans les tiroirs pour trouver une tenue. Vêtu d'un jean, d'un pull et d'une paire de baskets, je quitte finalement ma chambre. Peu pressé, je me dirige tranquillement vers le réfectoire. Lorsque je passe la double porte, j'ignore volontairement les regards assassins des surveillants, et me dirige vers la cuisine. Au moment où j'y entre, Aly en sort. Dans le but de l'emmerder, je glisse ma main dans ses cheveux et secoue brusquement ses mèches.

- « Mais, casse-toi, Styles ! J'ai passé vingt minutes à me coiffer, putain !

- Tu appelles ça être coiffée ? Je ne sais pas qui tu comptais séduire mais, ton allure d'épouvantail l'aurait plutôt fait fuir.

- Quoi que tu dises, tu n'arriveras pas à m'éloigner de toi, Harry, murmure-t-elle. Tu as besoin d'un allié, ici...

- Je n'ai besoin de personne, Aly, crachai-je, agressivement. En plus, tu te casses dans plus ou moins un an. Alors, ne viens pas jouer les grandes sœurs avec moi. Je ne veux plus m'attacher à qui que ce soit. Pas tant que je serai dans cet endroit.

- Harry, Alyson. Dépêchez-vous, nous réprimande Nathanaël. »

Il s'approche de nous, avec son air menaçant. Aly me supplie du regard de me tenir à carreaux. Elle sait pourtant que je ne raterai aucune occasion de provoquer ces personnes qui me font souffrir. Tout en le regardant, droit dans les yeux, j'attrape le jus d'orange présent sur le plateau et le boit cul sec. Lorsque je repose le verre, j'appuie plus fort que nécessaire. Ma camarade, ne s'attendant pas à un tel geste, ne parvient pas à empêcher le plateau de basculer. Et, comme je l'espérais, tout ce qui se trouvait dessus s'écrase aux pieds du surveillant. Ses chaussures se retrouvent recouvertes de lait et de céréales. Des fruits sont éparpillés tout autour de la flaque blanche.

- « Oh... Oops ! Marmonnai-je, le provoquant du regard.

- Je commence à en avoir assez, Harry, s'emporte-t-il, menaçant.

Mon Cœur Orphelin - LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant