(tw : automutilation)
16 septembre 2023
09h27
— Gabriel ?
Madeleine toqua à la porte, avant d'essayer de l'ouvrir. C'était verrouillée, ce qui l'inquiéta. Une bouffée d'angoisse la saisit mais elle s'efforça de rester calme. Soupirant, elle se tourna vers Raphaël. Ce dernier se pinça les lèvres.
— Je, mh. Laisse-moi passer.
Il la poussa doucement et sortit ses clefs.
— Attends, t'as les clefs de son appart ?
Raphaël jeta un petit regard à Madeleine et haussa les épaules.
— Il m'a donné un double le mois dernier.
— Oh wow, mais c'est sérieux à ce point ? Oh non, vous êtes trop mignons.
— Evite de prononcer le mot mignon devant lui.
Madeleine eut un léger rire alors que Raphaël déverrouillait la porte. Ils entrèrent doucement. L'appartement était silencieux. Trop silencieux. Le jeune homme retira sa veste alors que Gluten arrivait en trottinant, en miaulant. Raphaël s'accroupit pour lui caresser la tête.
— Coucou Gluten. Dis-moi, il est où ton nouveau papa ?
— Gluten ?
Raphaël tourna la tête vers Madeleine, qui avait l'air effaré. Il esquissa un léger sourire.
— C'est pas moi qui ai choisi le nom.
Il se redressa, regardant autour de lui. L'appartement était en bordel. Gabriel avait de toute évidence tout foutu par terre dans un excès de colère. Raphaël grimaça. Il n'aimait pas ça et il craignait déjà l'état dans lequel ils risquaient de retrouver le libraire. Pour que Gabriel, si ordonné de base, mette son appartement sens dessus dessous, c'est que la tempête en lui était bien trop forte. Faisant signe à Madeleine de le suivre, ils se dirigèrent vers la chambre. La jeune femme se stoppa cependant net devant la salle de bain.
— Qu'est-ce que... ?
Raphaël jeta un œil par-dessus son épaule. Le carrelage de la pièce était plein de sang. Il y en avait partout sur le sol et, au milieu des lames de rasoir gisant là. Raphaël sentit soudain son estomac se contracter.
— Gabriel ? Gabriel ?!
Il se précipita dans la chambre et retint de justesse un juron. Madeleine, qui l'avait suivi, poussa par contre une exclamation horrifiée. Gabriel était allongé sur son lit, en caleçon, au milieu de son propre sang. Ses cuisses étaient violemment tailladées et il avait même poursuivi les entailles sur ses jambes... A vrai dire, il les avait littéralement en sang. Cela avait séché mais c'était moche à voir. Le sang avait imprégné les draps. Raphaël s'agenouilla près du lit, face au visage de Gabriel.
— Eh Gabriel...
Ce dernier avait les yeux ouverts, des larmes s'en échappant mais il ne répondit pas. Raphaël se mordit les lèvres et avec douceur, il souleva Gabriel du lit. Il se tourna vers Madeleine, qui était restée figée sur place, des larmes plein les yeux. Raphaël voyait l'horreur dans son regard.
— M..Mais il... Pourquoi il a fait ça, je...
— C'est pas à moi de t'expliquer. Souffla Raphaël. Je vais m'occuper de lui. En attendant, tu peux...
— Je vais changer les draps du lit.
Madeleine hocha la tête et s'avança vers le lit. Elle avait besoin de s'occuper pour se changer les idées. L'image de son frère, les jambes ensanglantées, lui donnait envie de s'effondrer. Elle ne comprenait pas comment elle avait pu louper les choses à ce point, ne pas se rendre compte d'à quel point Gabriel était en souffrance. Parce que pour en arriver à un tel stade, Madeleine était persuadée que ce n'était pas la première fois. En reniflant, elle s'occupa de retirer les draps du lit. Pendant ce temps, Raphaël se rendit dans la salle de bain. Lentement, il déposa Gabriel dans la baignoire et alluma l'eau. Il régla la température et alla délicatement passer le jet d'eau sur les jambes du libraire.
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À travers la tempête [BxB] [TERMINÉE]
RomanceIl y a des orages silencieux. Des tempêtes invisibles. Raphaël Lemoine est sur le point d'épouser Madeleine, fille des De Bavière, richissime famille du sud de la France. Ce mariage, arrangement financier déguisé et orchestré, doit sceller son desti...