Chapitre trente-trois.

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(tw : automutilation)

09 janvier 2023

01h17

Raphaël ouvrit les yeux d'un coup. Il venait de se tourner et son bras avait juste rencontré une place vide. Il se redressa, un peu dans les vapes et constata qu'en effet, Gabriel n'était plus dans le lit. Aussitôt, il sentit l'angoisse lui serrer le cœur. Aujourd'hui s'était tenu le premier jour du procès contre Juan et cela avait été très éprouvant. Gabriel était resté silencieux une bonne partie de la soirée, complètement renfermé sur lui-même. Raphaël n'avait pas trop insisté, il lui avait juste fait comprendre qu'il était là pour lui. Se levant du lit, il se dirigea automatiquement vers la salle de bain. La porte était entrouverte et de la lumière filtrait par l'entrebâillement. Raphaël l'ouvrit doucement, son cœur se brisant quand il découvrit Gabriel assis sur le carrelage. Du sang lui coulait le long des cuisses, s'égouttant sur le sol. Le libraire releva la tête, des larmes dévalant ses joues. Il avait encore la lame de rasoir dans la main.

— P..Pardon... Bredouilla-t-il dans un sanglot.

— Eh, non, non.

Raphaël secoua la tête et vint s'accroupir face à lui. Lentement, il tendit une main et récupéra la lame de celles de Gabriel, la jetant à l'autre bout de la pièce. Il alla ensuite essuyer les larmes de son petit-ami.

— C'est rien, d'accord ? C'est rien.

Gabriel déglutit avec difficulté, hochant faiblement la tête. Il n'avait pas réussi à combattre le besoin de se faire du mal... Il s'était réveillé, plein d'angoisse. Les souvenirs de la journée lui tournaient dans la tête. Il revoyait Juan, son sourire méprisant, il entendait encore et encore les questions de son avocat, les sous-entendus. Il s'entendait répéter, inlassablement, ce que Juan lui avait fait. Il voyait Cora retenir courageusement ses larmes mais s'effondrer littéralement dans ses bras en sortant du tribunal. C'était un tourbillon, une vraie torture... Et il n'avait pas réussi à le combattre. Alors il s'était levé, sans réfléchir, sans faire de bruit pour ne pas réveiller Raphaël et il était venu là. A la seconde où la lame avait entaillé sa peau, il s'en était voulu de ne pas avoir résisté et en même temps, la douleur l'avait apaisé un instant.

— J'suis désolé... Répéta-t-il, la voix tremblante.

— T'as pas à l'être. Tu fais de ton mieux et c'est déjà beaucoup.

Raphaël lui sourit, pour le rassurer. Blâmer Gabriel ou l'engueuler comme un enfant ne l'aiderait pas, il en était bien conscient. Il préférait lui offrir sa bienveillance et son soutien. Se redressant, il saisit des compresses, de quoi nettoyer les plaies et du désinfectant. Il s'agenouilla de nouveau face à Gabriel et entreprit de laver les entailles et le sang séché, avec beaucoup de douceur. Gabriel avait sa tête appuyée contre le mur et se rongeait nerveusement l'ongle du pouce – comme à son habitude.

— J'peux le faire, tu sais...

— Je sais.

Gabriel plissa le nez, reniflant légèrement.

— Tu t'occupes toujours de moi...

— Et je le ferais aussi longtemps que tu voudras de moi.

Raphaël avait murmuré, relevant doucement les yeux vers son petit-ami, avec un sourire plein de tendresse. Gabriel se mordilla les lèvres.

— Toute la vie alors.

— Et même au-delà.

— Genre en enfer ?

À travers la tempête [BxB] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant