À travers la tempête [BxB] [TERMINÉE]

Chapitre un.

03 mars 2023

16h19

Il faisait beau pour un début de mois de mars. Assis au rebord de la fenêtre, Raphaël Lemoine fixait pensivement les collines devant lui. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser au fait qu'il allait se marier le lendemain. Ce n'était pas de son fait, ni de sa volonté. Mais il y avait parfois des sacrifices nécessaires.

— Raphaël ?

Le jeune homme – qui allait sur ses vingt-neuf ans – tourna la tête en entendant la voix de sa mère. Cette dernière avait déjà enfilé sa robe de soirée. Ce soir se tenait le dîner de répétition du mariage.

— J'avais juste besoin d'un peu d'air. Souffla Raphaël.

Il sentit sa mère se rapprocher de lui.

— Je sais que ton père et moi t'avons mis la pression pour ce mariage...

— Tout va bien, maman. Je t'assure.

Raphaël eut un sourire.

— C'est pas forcément ce que j'avais imaginé, c'est sûr. Mais Madeleine est une fille intelligente et sympa, et les De Bavière sont... Ce qu'il y a de mieux, j'imagine, pour notre famille.

Il y avait pensé pendant des semaines. Quand, à la nouvelle année, ses parents étaient venus le trouver pour lui annoncer son mariage avec Madeleine De Bavière, il avait évidemment protesté en premier lieu. Jamais Raphaël n'avait songé à se marier et encore moins avec quelqu'un qu'il n'aimait pas. Mais il avait réfléchi. L'entreprise familiale, les parfumeries Lemoine, était une institution depuis des décennies mais cela restait une entreprise locale. Avec la concurrence, il devenait difficile de se faire un nom et ils avaient besoin de solidifier leurs relations. Les De Bavière étaient les actionnaires principaux des parfumeries Lemoine. Leur fortune n'était plus à faire, ils étaient les descendants directs de la noblesse française. Alors, quand les finances de l'entreprise avaient commencé à chuter, Philippe De Bavière avait de suite proposé un accord aux parents Lemoine. L'union de leurs enfants. Un mariage de haut standing, pour faire la une des journaux et faire parler des parfumeries. Redorer l'image de marque des Lemoine et conférer aux De Bavière un mariage sous contrôle. Raphaël avait fini par accepter. S'il refusait, c'était la faillite assurée pour ses parents avant la fin de l'année... Et ces derniers avaient trop sacrifiés pour que tout s'arrête de cette façon. Après tout, Raphaël connaissait Madeleine – un minimum du moins. Ils s'étaient déjà croisés, à quelques événements des parfumeries et depuis l'annonce officielle de leur union, il avait appris à mieux la connaître. Il n'était pas amoureux d'elle mais il l'appréciait. Les choses auraient pu être bien pires, Raphaël en était conscient.

— Promis maman, ce n'est pas un gros sacrifice. Répéta-t-il, plus convaincu.

Nadège Lemoine observa son fils. Il lui souriait, de son sourire toujours aussi doux. Ses cheveux châtain clair étaient pour une fois bien coiffés. Raphaël avait fait un effort, pour ce week-end si particulier. Mais il ne pouvait pas cacher l'incertitude présente dans son regard. Ses yeux verts brillaient de questions. Il était incertain et Nadège ne pouvait pas lui en vouloir. Dans le fond, elle s'en voulait d'imposer cela à son fils mais son mari l'avait convaincu que c'était la meilleure décision.

— Je te laisse t'habiller dans ce cas.

Elle embrassa la joue de son fils avant de sortir de la pièce. Ce dernier reposa son regard sur les collines. Pour l'occasion, la famille De Bavière avait loué un domaine au cœur de la Provence. L'endroit était grand et magnifique... Parfait pour un mariage. Dans un soupir, le jeune homme se leva et referma la fenêtre. Il saisit ensuite son costume, posé sur le lit. Ce n'était pas celui qu'il porterait demain, lors de la cérémonie, bien sûr. Contemplant son reflet dans le miroir, Raphaël ne savait pas vraiment s'il devait sourire ou faire la grimace. Sûrement un peu des deux. Mais il avait toujours eu un naturel optimiste... Tout irait bien, il y croyait.