Chapitre trente-deux.

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25 octobre 2023

18h01

— Chaton, t'es adorable, vraiment, mais pour la troisième fois, on ne mélange pas les livres de fiction et les recueils de poésie !

Avec une moue boudeuse, Gabriel était en train de réorganiser la bibliothèque de son salon – que Raphaël avait dérangé en cherchant un bouquin. Le jeune Lemoine était d'ailleurs à ses côtés, les bras croisés, une vague expression amusée au visage.

— Si j'avais su que t'étais maniaque...

— Je suis pas maniaque.

— Si tu l'es. T'as râlé quand j'ai mis dans le même tiroir mes chaussettes et mes caleçons.

— Mais parce que ça va pas ensemble ! S'exclama Gabriel sur le ton de l'évidence. Y'a un tiroir à chaussettes et un tiroir à caleçons, c'est bien plus simple.

Raphaël pouffa de rire et attrapa les hanches de son petit-ami pour l'attirer à lui. Cela faisait une semaine que, petit à petit, il s'installait chez Gabriel. Ils avaient décidés d'un commun accord de vivre dans l'appartement du libraire le temps que le divorce de Raphaël et Madeleine soit prononcé. Les jeunes mariés avaient déjà entamé la procédure, ce n'était plus qu'une question de temps – l'avantage étant qu'ils se séparaient à l'amiable, cela n'engendrait donc pas de procès.

— Tu es maniaque. Répéta Raphaël avec un sourire taquin.

— J't'emmerde !

Gabriel lui dressa son majeur. Raphaël rit de nouveau et vint déposer ses lèvres sur celles de son amant, quelques instants.

— Je ferais attention, promis.

— Et tu enlèveras tes chaussettes du tiroir à caleçons ?

— J'enlèverai mes chaussettes du tiroir à caleçons.

Raphaël sourit, patiemment. Il avait bien conscience que tout cela était nouveau pour Gabriel et puis, trier ses chaussettes et ses caleçons n'étaient pas un grand sacrifice. A côté de ça, il voyait bien que Gabriel faisait des efforts pour qu'il se sente comme chez lui dans l'appartement. Il lui avait proposé de refaire la déco de certaines pièces, d'échanger certains meubles s'il le souhaitait... Ils voulaient tous les deux que la cohabitation se passe bien mais Raphaël se faisait peu de souci. Gabriel avait un sale caractère mais ils fonctionnaient bien ensemble. Puis se concentrer sur l'emménagement empêchait aussi Gabriel de trop s'angoisser... Il avait été, dix jours auparavant, déposer plainte avec Cora au commissariat. Depuis, il n'avait pas de nouvelles. Ni lui ni Raphaël n'étaient étonnés, ce genre de choses prenait du temps, ils en étaient bien conscient.

Mais le libraire ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Il en dormait mal, se réveillait parfois la nuit en pleurant, paniqué à l'idée que Juan vienne le trouver et lui fasse payer l'affront qu'il avait fait en portant plainte. Raphaël essayait au mieux de le rassurer, de l'apaiser... Il savait que cela allait durer un moment. Jusqu'au procès. Jusqu'à ce que Juan soit condamné – ou non. Ils allaient passer par des moments difficiles, Gabriel s'était coupé de ses émotions tellement longtemps qu'il n'avait absolument aucune idée de comment les gérer. Cela donnait lieu à des crises parfois spectaculaires parce que Gabriel n'exprimait pas ses sentiments... Il explosait, littéralement. Il éclatait en sanglots, se mettait en colère, sans transition. En dix jours, Raphaël l'avait déjà retrouvé plus d'une fois dans la salle de bain sur le point de se faire du mal. A chaque fois, il avait réussi à l'en empêcher, mais de peu. Alors il profitait de chaque moment de paix que la vie pouvait leur offrir.

À travers la tempête [BxB] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant