À travers la tempête [BxB] [TERMINÉE]

Chapitre cinq.

04 mai 2023

10h47

Assis sur le sol de sa librairie, adossé à une étagère, Gabriel était en train de lire un recueil de poèmes. C'était l'heure de sa pause, son employé et collègue prenait le relais. Ils étaient deux, au quotidien, à gérer la boutique. De temps en temps, Gabriel employait une ou deux personnes de plus à temps partiel, cela dépendait des périodes. Refermant son livre, il saisit son téléphone, composant le numéro de sa sœur. Madeleine décrocha au bout de deux sonneries.

— Gabriel ?

— J'ai oublié ma veste chez toi lors du dîner.

— Et tu as décidé aujourd'hui que c'était un besoin vital, c'est ça ?

Gabriel pouvait deviner l'air exaspéré de sa sœur sans même la voir. Il eut un léger sourire, appuyant sa tête contre l'étagère, fixant le plafond. Il se fit la réflexion que ce dernier aurait besoin d'un nouveau coup de peinture.

— Tu as tout deviné.

— J'ai pas le temps de passer. Je dois retrouver des copines en ville directement après le boulot.

— Ca peut attendre demain.

Il n'y avait bien qu'avec Madeleine que Gabriel s'autorisait à être conciliant parfois. Il entendit sa sœur soupirer, peu consciente de son privilège.

— Je peux demander à Raphaël de passer chez toi ce soir sinon.

— Oooh, tu veux m'envoyer ton charmant mari ?

Gabriel se mordilla la lèvre inférieure. C'était peut-être une mauvaise idée, jusque-là, il avait dragué et allumé Raphaël alors qu'ils étaient entourés de monde. Juste tous les deux, le jeune homme n'était pas certain de la réaction de son beau-frère. Ni de la sienne. Il se souvenait encore de la sensation des doigts de Raphaël caressant ses lèvres. Un frisson le parcourut et il se força à repousser ses pensées peu à propos.

— Arrête de prendre ce ton. Lança Madeleine à l'autre bout du fil.

— Quel ton ?

— Le ton du mec qui veut se taper mon mari.

— Je ne...

— Oh pitié Gabs, je te rappelle qu'on est jumeau ?

Madeleine avait énoncé ça sur le ton de l'évidence. Gabriel resta silencieux pour une fois, un peu surpris. Madeleine reprit la parole :

— Je t'ai vu flirter avec lui au dîner pour le mettre mal à l'aise. Pourquoi tu fais ça ?

— Parce qu'il est mignon.

— C'est mon mari.

— Tu l'aimes pas. Laisse-moi le draguer un peu, tu sais que je m'en fous.

Gabriel se rongea légèrement l'ongle du pouce tout en parlant. Il ne parlait que rarement avec sa sœur mais suffisamment pour que cette dernière sache qu'il ne s'attachait jamais à rien ni à personne.

— Raphaël est gentil, Gabs. Il a rien à voir avec la vendetta que tu mènes contre notre famille. Sois pas un con avec lui comme tu l'es avec tout le monde.

— Être con, c'est parti intégrante de ma personnalité.

— Je veux juste pas que tu le fasses se sentir mal.

Gabriel continua de se ronger l'ongle, grimaçant légèrement en sentant le goût du sang. Cependant, il continua. La douleur était supportable. Madeleine soupira de nouveau dans le téléphone.