Chapitre 1 - Survivant

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Enfin le weekend. Cette semaine est passée si lentement, j'ai cru qu'elle ne finirai jamais ! Comme tous les soirs, je passe me changer au vestiaire et salue le gérant de la supérette avant de quitter le magasin pour rentrer chez moi.

Alors qu'il ne me reste plus qu'une dizaine de minutes pour rejoindre mon appartement, une violente pluie se met à tomber. Il n'y a aucun abri aux alentours. Je remonte la capuche de mon sweat en pestant contre les éléments avant de me mettre à courir.

- Après la panne de courant en début de semaine et la fuite d'eau hier, c'est au tour de la météo, marmonnais-je en serrant mon sac contre moi. Décidément, j'ai vraiment la poisse...

En tournant dans une ruelle, je trébuche sur une masse allongée au milieu du passage et manque de m'étaler par terre.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! râlais-je en me retournant après avoir retrouvé mon équilibre.

Contrairement à ce que je pensais, il ne s'agit pas d'un sac ou d'un objet quelconque, c'est un animal. Surpris par le manque de réaction de la créature sur laquelle j'ai à moitié marché, je fais demi-tour.

- Qu'est-ce-que tu fais là, seul sous la pluie ? demandais-je à voix haute en m'approchant.

Arrivé à sa hauteur, je remarque rapidement qu'il a les yeux fermés. Il est mort ? Poussé par la curiosité, je m'accroupis pour l'examiner plus attentivement. Son poitrail se soulève, il est vivant. Rassuré par ce fait, je continue mon observation.

Je n'ai jamais eu de chien mais j'imagine que celui-ci n'a pas de maître. En plus de l'absence de collier, il semble maigre, ses côtes sont trop apparentes. Son pelage est sale, je ne parviens pas à en discerner la couleur mais une zone plus sombre attire mon regard le long de son flanc. J'y passe la main avec hésitation, en espérant qu'il ne se réveille pas. Les chiens errants sont rarement coopératifs, une morsure est vite arrivée. Il ne manquerait plus que ça pour compléter ma semaine.

Heureusement pour moi, l'animal ne réagit pas. En revanche, le sang qui me tache la main indique surtout qu'il pourrait ne plus jamais se réveiller.

J'hésite à passer mon chemin. Ce problème ne me concerne pas. Ce n'est qu'un chien errant de plus, personne ne le cherchera. Vu son état, la mort sera une délivrance.

Même en supposant que je m'en occupe, ce serait cruel de le soigner pour le renvoyer à la rue ensuite. D'un autre côté, il faut de l'argent et du temps pour s'occuper d'un animal, tout ce que je n'ai pas.

Mais... Personne d'autre que moi ne passera par là ce soir. Le temps que quelqu'un de charitable vienne à son secours, ce chien sera mort. Personne ne mérite un tel sort. Et puis, il s'agit seulement d'une nuit. Dès demain, je pourrai le remettre à un vétérinaire ou n'importe quel organisme de protection animale, ils s'en chargeront. Avec un peu de chance, il trouvera même une famille d'adoption.

- Bon d'accord ! On fait comme ça mais c'est seulement pour une nuit ok ? commentais-je à voix haute en prenant une décision. Il faut toujours que je me mette dans des galères... C'est sûrement un don

Je retire ma veste pour l'enrouler autour du corps meurtri en veillant à passer une manche autour de son museau par précaution. Une fois satisfait de mon paquet, je le prend dans mes bras et reprend ma route.

Mon appartement est à moins de 5 minutes mais la pluie qui continue de tomber à verse rend le trajet nettement plus difficile. Avec mon paquet de cinquante kilos dans les bras et les cheveux dégoulinant sur mes yeux, je me dirige tant bien que mal vers la porte de mon studio.

La dernière étape avant de pouvoir me mettre à l'abri consiste à récupérer mes clés et ouvrir la porte sans faire tomber l'animal mourant que je transporte. Un vrai jeu d'enfant. Après de longues secondes de galère pendant lesquelles j'ai failli faire tomber mes clés puis le chien et enfin moi même, je parviens enfin à déverrouiller la porte. Un coup de pied me permet de l'ouvrir totalement et de me mettre au sec rapidement sans lâcher mon précieux paquet.

- Il était temps ! soufflais je en déposant ma charge sur la table.

Je fais rouler mes épaules pour en détendre les muscles et vais ranger mon sac dans l'entrée ainsi que mes chaussures maintenant que mes mains sont libres. Mes vêtements sont trempés, je ne dois pas les garder trop longtemps pour éviter de tomber malade mais mon invité surprise passe avant.

- J'irai prendre une douche avant de me changer mais il vaudrait mieux m'assurer que tu passes la nuit... commentais je en retournant dans le salon.

J'utilise la première chose qui me passe sous la main, soit mon torchon à vaisselle, pour essuyer rapidement mes cheveux. Il sert également à sécher grossièrement le pelage du chien une fois mon sweat retiré de son corps, il ne faudrait pas qu'un rhume finisse par l'achever. Par mesure de précaution, je laisse tout de même la manche autour de son museau.

- Bon, par quoi devrais-je commencer ? lançais-je à voix haute. La plaie de l'abdomen est impressionnante, j'imagine que son nettoyage est prioritaire. Autant profiter de ta coopération pour le faire maintenant

Puisque mon plan est établi, je retrouve un peu d'assurance. Il faut procéder dans l'ordre, avec logique et tout se passera bien.

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