Chapitre 21 - Menace

119 12 1
                                    


Dana grogne de mécontentement mais elle ne bouge pas.

- Allons, tu veux me faire croire que sa vie compte à tes yeux ? Tu n'est plus suffisamment humaine pour ça

Malgré les provocations, elle se contente de me fixer, comme si me quitter des yeux signait mon arrêt de mort. Lassé par son manque de réaction, l'homme me pousse en avant, droit sur Dana.

- Qu'est-ce que vous attendez ? demande-t-il à ses hommes. Attachez-là

- Nous n'avons pas apporté de matériel, répond bravement l'un d'entre eux.

- Quelle bande d'incapables, marmonne le mercenaire en me désignant. Toi, contrairement aux autres accompagnateurs qui lui ont été assignés, j'ai bien l'impression qu'elle n'essaiera pas de t'arracher la gorge. Si elle s'échappe, je te plante une balle en pleine tête, lance l'homme en me tenant en joue. Ramène-la dans sa cellule

Je me contente d'obéir sans réfléchir. Une main posée dans le pelage de Dana, je la guide jusqu'à la pièce que nous avons quittée un peu plus tôt. Mon téléphone et mes clés me sont aussitôt retirées. Ensuite, la porte en acier se referme derrière nous dans un claquement sec et cette fois, j'entends les verrous nous couper tout espoir de fuite.

- Ne vous en faites pas, je reviens vite, ricane l'homme avant de nous laisser en tête à tête.


Malgré leur départ, Lily ne se retransforme pas. J'aurai du m'en douter, elle dépense énormément d'énergie à chaque fois, ce serait une mauvaise stratégie. Même en le sachant, avoir quelqu'un à qui parler me ferait du bien alors je m'exprime à voix haute, en espérant que Dana sera assez lucide pour me comprendre.

- Je te remercie de m'avoir sauvé la vie, tu as renoncé à ta liberté pour moi

Elle se contente de s'allonger près de moi, la tête sur ma cuisse, en attendant qu'une nouvelle opportunité de fuite se présente.

Il ne faut pas longtemps avant que quelqu'un ouvre le judas. J'ignore le voyeur jusqu'à ce qu'il m'interpelle.

- Ethan, tu vas bien ?

- Oscar ? demandais-je avec surprise. Qu'est-ce que tu fais là ? Et les autres ?

- Nous n'allions pas partir sans toi. Je suis remonté brièvement pour envoyer un message à Pierre en l'informant de la situation, ils nous attendent toujours

- Que lui as-tu dit ? Tu as parlé de Dana ?

- Réponds-moi d'abord, tu n'étais pas surpris tout à l'heure je me trompe ? Quant elle a... Je ne sais même pas ce qui s'est passé

- Dana et Lily ne sont qu'une seule et même personne, je l'ai appris il y a quelques semaines, acquiesçais-je en baissant les yeux vers la concernée.

- Wow, je n'y crois pas, c'est tellement extraordinaire, on dirait une aventure super héroïque

- Pas tant que ça. Cette capacité est le résultat d'expériences scientifiques, elle n'était qu'un rat de laboratoire parmi tant d'autres au début

- Comme le gars que nous avons vu inconscient tout à l'heure ? Mais attends, si je comprends bien, le propriétaire de Dana... Celui qui l'a blessée et laissée pour morte

- La plupart des blessures provenaient de sa fuite mais celui qui en est indirectement responsable est son père, le scientifique fou à l'origine de cet immense projet de recherche, expliquais-je sans cesser mes caresses sur le crâne de Dana.

- Ça devient complètement dingue, qui irait faire une chose pareille ?

- Nous n'avons pas le temps pour ces questions de psychanalyse, tu peux nous sortir de là ?

- Bien sûr, ce sont des verrous simples, répond-il en commençant à les ouvrir un à un.

Soudain, Dana lève la tête et se met à grogner. Comprenant qu'il se passe quelque chose, j'oblige Oscar a refermer les serrures et aller se cacher. Il était temps. D'après le bruit de leurs bottes, des mercenaires viennent vers nous.

- Merci Dana, chuchotais-je à son oreille pendant qu'ils ouvrent la porte.

- Me revoilà, je vous ai manqué ? ricane l'homme qui dirige le groupe.

Je ne prends même pas la peine de lui répondre, ce qui l'agace sérieusement s'il l'on en croit sa mâchoire crispée.

- Le professeur veut te voir tout de suite, il a eu une idée d'expérience

Sachant parfaitement que je ne fais pas le poids sur le plan de la force physique, je me lève et avance vers eux. Je pourrai plus facilement endormir leur méfiance en ayant l'air de coopérer, leur vigilance diminuera.

Ils repoussent Dana pour l'empêcher de sortir à son tour et ses aboiements résonnent derrière moi tandis que mon escorte me guide à travers les couloirs.


Nous avançons jusqu'à une pièce que je ne connais pas. Agencée comme un salon de dentiste, le siège sur lequel on me force à m'asseoir comporte des lanières supplémentaires pour immobiliser la personne qui s'y est installée.

Contraint par les sangles, je me sens encore plus vulnérable qu'entouré par le groupe de mercenaires armés. Heureusement pour moi, ils quittent la pièce sans un regard en arrière.

L'homme qui entre à présent, porte une blouse blanche. Il s'agit sûrement du père de Lily.

- Enchanté mon garçon, je suis le Docteur Delay. Il paraît que tu as hébergé ma fille lors de sa fugue ? Les adolescents traversent tous des moments difficiles mais je suis content de voir que tu l'as ramenée à la maison

- Elle n'est pas revenue de son plein gré. Lorsque je l'ai trouvée, elle était presque morte

- Il ne s'agissait que d'une petite dispute. En tant que son seul parent, je dois parfois prendre des décisions difficiles pour son bien

- Il est surtout de votre devoir de veiller à son bien-être et je peux vous assurer que vous n'êtes pas digne de vous revendiquer parent

- Je vois que tu as la langue bien pendue toi aussi..., commente le docteur en me faisant une prise de sang. Je doute que ce soit le cas encore longtemps

- Qu'allez-vous faire de moi ?

- De expériences bien sûr ! Il serait criminel de laisser partir un cobaye venu se livrer lui-même. Avec cet échantillon, je vais effectuer quelques tests pour trouver un ADN concordant avec le tien et ensuite, nous passerons à la phase pratique !

Me laissant là comme si mon destin était déjà scellé, il fait signe aux mercenaires de me ramener dans ma cellule. En chemin, je fais de mon mieux pour mémoriser les différents couloirs, nous devons partir d'ici au plus vite.

Projet HybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant