Chapitre 4 - Consultation

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Voilà déjà le quatrième chapitre, vous avez pu rencontrer les deux personnages principaux de cette histoire, qu'en pensez-vous pour l'instant ?



Je suis assis depuis une vingtaine de minutes dans une horrible salle d'attente bondée. Il y a à peine la place pour trois chaises en plastique inconfortables au milieu du bazar ambiant. Je ne comprends pas ce que font autant de gens dans un cabinet vétérinaire un samedi matin.

Avec tous les animaux qui remplissent la pièce, il est difficile de bouger sans manquer d'écraser quelque chose. Heureusement pour moi, j'ai rapidement pu m'isoler sur la dernière chaise vide avec mon fardeau. Même s'il n'est pas gros, je m'imaginais mal porter mon chien autant de temps. Contrairement aux autres animaux présents, mon protégé se contente de s'enfoncer un peu plus dans la couverture sans émettre le moindre son.

Comme je n'ai pas pris rendez-vous, je prends mon mal en patience, il va falloir attendre que tous les clients de la matinée passent avant moi.

Je pousse un énième soupir en perdant une nouvelle partie de cartes sur mon téléphone lorsque la standardiste m'interpelle.

- Excusez-moi, jeune homme ?

- Oui, répondis-je avec un sourire forcé.

Il vaut mieux éviter de me la mettre à dos si je veux voir autre chose que la salle d'attente aujourd'hui.

- L'un des clients nous a appelé pour se désister, nous allons vous faire passer à sa place

Cette fois-ci mon sourire est sincère, je la remercie chaleureusement à l'idée de ne pas passer plus de temps ici.

L'assistante me conduit jusqu'à la salle de consultation et chuchote quelques mots à l'oreille de la vétérinaire avant de sortir.

- Alors, qu'avons-nous là ? demande le médecin en levant les yeux de son ordinateur. C'est la première fois que je vous vois, vous venez d'adopter ?

- Pas vraiment...

- Bon, enlevez cette couverture, je vais l'examiner sur la table, continue-t-elle sans attendre en allant mettre des gants en plastique.

Je dépose le chien sur la table et passe mes doigts dans son poil pour le caresser. Même s'il se laisse faire docilement, il pourrait prendre peur à tout moment. J'estime avoir eu de la chance jusque là, il a peut-être assimilé le fait que je n'était pas une menace puisque je l'ai abrité et nourri. En revanche, l'atmosphère médicale de la pièce n'est pas des plus rassurante et j'aimerai éviter qu'il se sente menacé.

- Faites attention, il est un peu craintif...

- Je connais mon travail, ce n'est pas le premier chien que j'ausculte, réplique la vétérinaire en se tournant vers nous. Mais qu'est ce que- qu'avez vous fait ?! s'exclame t elle en écarquillant les yeux devant l'aspect de l'animal.

- Ce n'est pas moi, justifiais je aussitôt en levant les mains devant son regard accusateur.

- Cela n'excuse en rien l'état dans lequel se trouve cette jeune chienne, il s'agit clairement de maltraitance ! Vous pensez réellement que vos actes n'auront pas de conséquences seulement parce qu'il ne s'agit pas d'un être humain ? s'énerve la femme en auscultant le chien avec attention malgré la brusquerie de son ton. Vous pouvez être sûr que je noterai la moindre blessure de son corps, vous allez devoir répondre de vos actes, je vous le promets.

- Pourriez-vous m'accorder deux minutes, le temps que je vous explique la situation avant de m'envoyer au tribunal s'il vous plaît ? répondis-je avec ironie en reprenant mes caresses.

- Vous trouvez ça drôle ? Si ce magnifique berger n'était pas aussi faible, il pourrait vous briser le bras d'une seule morsure et vous l'auriez largement mérité ! râle la vétérinaire en essayant de contenir sa voix pour ne pas crier.

- Ce n'est pas mon chien, lançais-je en ignorant sa colère. Je l'ai trouvé dans cet état au milieu de la rue hier soir

- Vous êtes en train de me dire que vous êtes son sauveur, le bon samaritain qui l'a sortie des griffes de son véritable propriétaire ? C'est un peu gros

- Alors comment expliquez-vous qu'il soit si calme en ma présence ? demandais-je en haussant un sourcil.

La vétérinaire fronce les sourcils en m'observant mais elle ne semble pas convaincue pour autant.

- Ecoutez, je l'ai seulement accueilli et nourri hier soir pour vous l'amener ce matin. Je comptais sur vous pour le soigner et lui trouver une famille, ajoutais-je en toute honnêteté.

Sans répondre, la médecin se contente de continuer son auscultation en me jetant régulièrement des regards accusateurs. Elle prend quelques notes avant de me faire signe de retourner à son bureau.


- Pour commencer, il s'agit d'une femelle, berger hollandais. Elle doit avoir entre un et deux ans mais il est difficile d'être plus précise car la malnutrition a freiné sa croissance. Au niveau des blessures externes, ce sont principalement des coupures mais elles n'ont pas été causées par un autre animal... Qui que ce soit, il a agit de façon intentionnelle. Avez-vous une idée de l'identité de son propriétaire ?

- Malheureusement non, je ne l'avais jamais vue dans le quartier avant hier, j'ignore si elle s'est enfuie où si quelqu'un l'a laissée dehors volontairement

- Sans votre intervention, elle serait morte. La personne qui lui infligé ça ne comptait pas la laisser en vie

- Vous allez pouvoir la soigner ? m'inquiétais-je.

- Bien sûr, il faudra du temps mais elle devrait se rétablir complètement. Je vais vous faire une ordonnance pour les pansements et une alimentation adaptée. Laissez les coupures à l'air libre, seule la plaie à l'abdomen doit être couverte. Il va aussi vous falloir du désinfectant pour éviter une infection

- Que- mais je pensais que vous la soigneriez ici...

- L'environnement n'est pas idéal, elle sera mieux chez vous. Je ne connais pas les méthodes de son propriétaire mais je ne pense pas que les cages dont nous disposons lui rappellent de bons souvenirs.

- Elle pourrait rester libre, il lui faut juste un coin tranquille...

- Nous avons beaucoup de passage, de bruits et de maladies qui circulent à longueur de journée dans le cabinet, contre-t-elle en secouant la tête.

- Vous pourriez lui trouver une famille d'accueil ? Je n'ai pas prévu de la garder avec moi, il vaut mieux éviter qu'elle s'attache, justifiais-je pour la faire changer d'avis.

- C'est trop tard pour ça, cette chienne se sent en confiance avec vous et vous avez plutôt bien géré jusqu'ici, il suffit de continuer

- C'est facile à dire, je vais devoir retourner travailler lundi, elle sera seule toute la journée. De toute façon, je n'ai pas de quoi la nourrir !

- Si ce n'est que ça, je vous offre la nourriture nécessaire en remerciement pour votre geste de bonté, répond la vétérinaire avec un immense sourire en me congédiant de son bureau.

Je me retrouve sur le trottoir avant même de réaliser ce qui se passe, avec un chien et des croquettes.

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