| A Truthful Journey, Part. I

Prologue - Les Plaines aux Frimas

Aujourd'hui eurent lieu les funérailles officielles de Karhei Vaher. Souverain dévoué du Royaume d'Ikhai, il était porté disparu depuis une dizaine d'années maintenant et son entourage, dont faisait partie Ryfal Collins, son élève, l'avait cherché durant tout ce temps, mais sans succès. L'ambiance était morose au Café d'Hiver ce jour-là, ce lieu de refuge et de repos qu'avait ultimement constitué notre disparu à l'aide d'Albiel et de son compagnon Ellias. Mais également de John Winter, son fidèle ami et mentor associé.

Le Café d'Hiver constituait le dernier lieu qu'ils avaient construit tous ensemble. Ce dernier lieu où l'ancien Roi et ses fidèles sujets pensaient désormais rejoindre, pour vaquer à leurs occupations d'après-guerre, après avoir mené une noble quête et fédéré l'impossible : les Continents jumeaux. Ils avaient en effet, alors que la Guerre des Cristaux faisait rage depuis quelques décennies déjà, réussis à récupérer un par un ces précieux artéfacts d'un temps révolu. Ces précieux fragments d'une puissance infiniment plus grande, infiniment plus dense, située au-delà de ce que l'espèce creatienne avait pu espérer maîtriser. Mais ils l'avaient fait. Un à un, ils avaient récupéré les différents fragments du Cristal originel, venu d'on-ne-sait-où. Celui-ci s'était brisé en une quinzaine de fragments à son arrivé sur Creatiah, tous plus puissants les uns que les autres. Un par un, ils les avaient récupérés et à la fin, il les avait rassemblés. Ils étaient parvenus à répondre à une rumeur qui s'était répandue comme une traînée de poudre il y a quelques années déjà, à l'origine de cette guerre.

« Quiconque rassemblera les artéfacts provenant des étoiles atteindra une puissance divine ».

Le creatien étant par nature égocentrique et avide de pouvoir, chacun des peuples qui possédaient un ou plusieurs Cristaux s'était lancé dans cette course impossible. Une course qui avait déchiré une fois de plus des continents déjà meurtris par l'inconnu. Les Cristaux avaient apporté à chacun de ces peuples une magie incertaine, une technologie incroyable et des rêves inespérés. Imaginez, l'espace d'un instant une ville futuriste, fonctionnant sans l'aide d'aucune énergie, si ce n'est celle d'un Cristal raffiné par les efforts creatiens. Si peu d'énergie apportée pour une quantité incroyable distribuée. Le rêve de tout physicien finalement. Ou bien encore, le pouvoir de terraformer, de retransformer comme bon vous semble tout un pays au gré des saisons. Et cela sans avoir à attendre le souffle de la nature, et sans avoir à dégager hors de chez eux les habitants de toute une contrée. Juste comme ça en un claquement de doigts. Cela, les Cristaux l'avaient fait. Ils l'avaient permis par leur simple existence.

Mais ils avaient également mené à la perte de beaucoup d'autres choses. Beaucoup d'autres éléments importants au genre creatien, dont Karhei Vaher. Mais aussi à des pertes physiques et technologiques. Encore récemment, beaucoup avaient imputé à un Cristal la destruction de tout un pays, dont la puissance avait été raffinée et accumulée en une seule arme. Il y avait aussi cette explosion à l'ouest du Continent primaire, ainsi que cette pluie incessante à l'est, et d'autres cataclysmes ravageant chacune des contrées des Continents jumeaux. Mais pour l'heure, tout demeurait flou.

Au cœur des Plaines aux Frimas, situées au centre-même de l'Autre contrée, le groupe à l'origine du Café d'Hiver venait de clore leur cérémonie funéraire. Peu après, Ryfal s'était installé dans le jardin du Café pour méditer. Albiel nettoyait comme il le pouvait les nombreuses tasses et chopes qu'il devait remplir l'instant d'après, selon les commandes qui affluaient. Et John quant à lui réfléchissait dans son bureau, comme à son habitude. Comme depuis la disparition de son ami. Mais il n'était pas seul ; Ellias s'occupait de ranger les nombreux livres que son mentor avait sortis çà et là dans son grand bureau, parfois balancés de colère au sol, John ne trouvant pas les réponses aux questions qu'il se posait. Ellias le réconfortait aussi de temps en temps, mais sans succès.