Chapitre 1

16 5 0
                                    

PARTIE 1 : chapitre 1 à 3

Je dois fuir. Il le faut, mais pourquoi ? Aux dernières nouvelles, je ne suis pas une criminelle. Dans la tête d'Artémis, de nombreuses voix se mélangeaient, embrouillant son esprit et ses pensées. Préférant écouter son instinct, la jeune femme récupéra les clés de son véhicule et prit des directions totalement aléatoires.

Épuisée par la route, elle décida de s'arrêter dans la prochaine ville qui croiserait son chemin. Comprenant rapidement qu'elle s'était éloignée des grandes civilisations, un changement de plan s'imposait.

La conductrice roulait au ralenti. Même si la nuit était sur le point de tomber, il était étrange de ne voir personne dehors. C'est lorsqu'elle se fit cette réflexion qu'elle distingua la silhouette d'une femme. Son regard menaçant ne reflétait aucune animosité. La vieille dame se mit à avancer vers le véhicule. Artémis baissa sa vitre.

– Que viens-tu fabriquer ici ? la questionna la villageoise.

– En toute sincérité, j'en sais trop rien. Je ressentais le besoin de fuir. Je ne me sentais pas en sécurité.

– Comment t'appelles-tu ?

– Artémis Deias. Et vous ?

– Jeanne. Où comptes-tu te rendre ?

– Je l'ignore. Tant que je ne suis pas entourée de monde, n'importe quel lieu me conviendra.

– Comme tu as pu le constater, ce village n'est pas grandement peuplé. Seuls un loup-garou et moi y vivons. Que ce soit dans tes plans ou non, tu peux passer la nuit dans n'importe laquelle de ces maisons. Personne ne viendra te déranger. Il est d'ailleurs plus sûr que tu te reposes.

– Ce serait une sage décision, je commence à fatiguer.

– Mon logement se trouve là, fit Jeanne en le pointant de son doigt tremblant. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à venir me voir.

– Je vous remercie.

La résidente éloignée, Artémis gara son véhicule devant l'une des maisons et s'y installa pour la nuit. À l'intérieur, tout semblait en ordre et n'importe qui aurait pu penser que les propriétaires étaient absents, alors qu'en réalité, ce n'était pas le cas. C'était un élément qui n'avait pas piqué la curiosité de la jeune.

En cette nuit de printemps, il faisait anormalement chaud. Se réveillant en sueur, Arté découvrit une créature à ses côtés. Repassant dans sa tête les paroles de sa « voisine », elle se rappela qu'un lycanthrope vivait lui aussi dans ce lieu. Le loup la regardait et constatant que la nouvelle était à présent consciente, il s'écarta et retrouva forme humaine.

– Sauve-toi. Ils approchent.

– Qui ça ?

– Les méchants. Vite, nous devons fuir.

– On doit prévenir Jeanne.

– Qui ?

– Jeanne.

La description qu'elle donna par la suite ne semblait pas faire avancer le schmilblick.

– Je suis seul dans ce lieu.

– Lorsque je suis arrivée, il y avait une femme... Bon, ça ne fait rien. Je vais aller la voir.

Suivie de près par le loup, Artémis regagna la maison qui lui avait été désignée par l'octogénaire. Devant la bâtisse, elle se figea net. Une croix était plantée dans le sol avec des inscriptions dessus : Jeanne Colpote, décédée à 87 ans. Son identité était accompagnée de sa date de naissance, ainsi que celle de sa mort qui indiquait qu'elle avait succombé il y a plus d'une décennie.

– Pourtant, elle était là. Je l'ai vue.

– Il faut fuir. On n'a pas le temps !

Plongée en pleine perplexité, Artémis ne pensait pas aux « méchants gens » qui approchaient. Finissant par reprendre ses esprits en entendant le vrombissement des véhicules, elle se mit à courir à toute vitesse vers le sien. Sur ses pas, le loup.

Lorsqu'il comprit ce qu'elle avait en tête, il lui saisit le poignet et la guida dans une autre direction. La femme se déplaçant plus lentement que lui, il finit par stopper leur course.

Sans demander l'avis de la fugitive, il attrapa son bras et lui entailla la main avant de reproduire la chose sur lui. Les sangs se mélangèrent et une décharge parcourut la femme. Rechangeant d'apparence, le « monstre » montra son dos à Artémis et lui dit de monter sur lui. Désormais, elle pouvait comprendre le loup-garou sans difficulté.

– Je m'appelle Ren.

– Artémis.

Suite à une course effrénée, le lycanthrope se retrouva devant un hangar.

– Il y a des véhicules à l'intérieur. Avec ça, on peut gagner un peu de temps.

– Tu sais conduire ?

– Mauvaise idée.

– Je vois.

Sur elle, Artémis disposait du strict minimum. Cela se résumait à : un téléphone et son portefeuille. Toujours dans sa tête, une voix la poussait à se séparer de son portable, et très vite, elle ne l'avait plus en sa possession. En chemin, le loup proposa de s'arrêter pour manger. Leur commande en préparation, le duo patienta. D'une oreille distraite, la jeune humaine écoutait la radio. Piquée par la curiosité, elle prêta davantage attention aux informations diffusées. L'annonce achevée, Ren lui donna un léger coup de coude. Certains que la description de la femme concernait Artémis, le duo patienta un instant et la nourriture dans les mains, ils ne s'attardèrent pas, quittant le lieu d'un pas pressé.

À la nuit tombée, ils n'avaient qu'un objectif : trouver un hôtel ou tout autre endroit pour se reposer. Au détour d'un carrefour, un camion blindé les percuta, les envoyant s'écraser contre une vitrine. Au bord de l'inconscience, la conductrice se retrouva tirée par le passager.

Sachant que leur fuite dépendait uniquement de ses décisions, Ren s'éloigna de l'accident. Il avait fouillé le magasin et au fond, se trouvait une sortie. Emprunter ce chemin leur ferait gagner du temps. De l'autre côté, un groupe se tenait devant les véhicules en collision, réfléchissant à un moyen de passer. Le membre aux commandes de l'unité appela leur chef afin de lui faire part de la situation.

– Monsieur, les flammes sont bien trop intenses, nous ne pouvons pas les bloquer dans ce lieu.

– À l'heure qu'il est, le loup a déjà fui avec elle...

– Quels sont les ordres ?

– Poursuivez les recherches. Et quand vous les aurez, tâchez de passer à l'action seulement si tout danger est éloigné. Comme je vous l'ai annoncé, nous sommes tenus de la ramener sans lui faire de mal.

L'appel coupé, le chef se frotta le front.

– Dans quel pétrin est-ce que tu t'es encore embarquée... Décidément, il faut toujours que tu n'en fasses qu'à ta tête.

Devoir d'hôteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant