Chapitre 13

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Ne faisant que se tourner et se retourner dans son lit, Artémis finit par attraper sa couverture en plus de son oreiller et regagna le salon, où se reposait le dragon. En la voyant entrer, il relava la tête et elle s'approcha pour se coucher à ses côtés.

Qui n'a jamais rêvé de transformer une chambre froide en four ? Oswald et ses loups avaient rejoint le duo et entouraient Artémis, qui se réveilla en sueur et avec un mal de tête intense.

Témoin du spectacle qui se déroulait sous ses yeux, Horatio rouspéta une fois de plus après son frère. Alors qu'Arté s'était levée, son corps s'écrasa contre le sol. Le vampire la prit et la ramena dans sa chambre. À moitié plongée dans l'inconscience, elle lui souffla deux mots.

Il s'affaira à chercher la petite boîte qui contenait les médicaments. Les pilules avalées, son état s'améliora. En attendant qu'elle récupère entièrement, Horatio demeura à son chevet. À son réveil, Arté avait meilleure mine.

– Tu te sens mieux ?

– Un peu, oui. J'ai dormi longtemps ?

– Environ trois heures. Hé, doucement. Tu dois te ménager. Si tu te relèves trop vite, tu vas chuter en un rien de temps.

– J'ai faim.

– J'ai dit non.

– Je me lève si je veux. Ma majorité est atteinte aux dernières nouvelles.

– Très bien. Je te laisse deux possibilités. La première, je te porte. La seconde, c'est que tu prennes place dans un fauteuil roulant.

– Tu ne me porteras pas, et hors de question, que je me retrouve dans un fauteuil de torture. On se trouve dans une maison à étages. C'est le meilleur moyen que tu me donnes pour me casser la gueule. T'en as d'autres, des idées du style ?

– Que proposes-tu ? De te déplacer à quatre pattes et descendre les escaliers sur les fesses ?

– Mieux. Je vadrouille à l'aide de mes deux pieds et je descends les marches sur les fesses.

– Hors de question. Tu dois te ménager.

– Aux dernières nouvelles, je ne suis pas fragile. Je ne vais pas me briser en mille morceaux. Tout comme demain, ce soir je serai avec vous.

– ET DANS UN AN ? DANS DIX, DANS CENT ? TU SERAS TOUJOURS LÀ ?

Les larmes coulaient le long des jours de l'homme. La douleur dans sa voix avait éveillé en Artémis, une peine qu'elle ressentait jusqu'au plus profond de ses tripes.

– Je ne compte pas partir comme la fois passée.

– Reste... J'ai tellement souffert après ta disparition. J'ai cru qu'il avait coupé court à ta vie.

Lana pénétra la chambre, alors que l'hôte et le vampire serraient l'autre dans ses bras. Comprenant la peine qui les reliait, elle s'approcha et déposa une main sur chaque dos, dans l'espoir de les consoler un tant soit peu.

S'isolant dans la salle de bain, Artémis tenta de se calmer. Malheureusement, à chaque fois que les larmes se tarissaient, les paroles d'Horatio lui revenaient en tête. Seul crier la souffrance qui les tourmentait lui venait à l'esprit. Finissant par s'asseoir contre la baignoire, Arté ramena ses genoux contre sa poitrine.

Lana entra après avoir confié Horatio à Kennan, qui avait réussi à le calmer. L'épouse du vampire obligea la jeune femme à poser sa tête contre son épaule. Petit à petit, Artémis retrouva une respiration lente et régulière, laissant les paroles de son ami s'éloigner de son esprit.

Plongée dans ses pensées, Artémis ne remarqua pas la présence de trois des frères. Malgré leur discrétion, le grincement de la porte les trahit. La vampire les traita de commères tout en leur faisant signe de s'en aller.

– Ma belle, tu devrais prendre un bain. Ça pourrait t'aider à te détendre. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m'appelles.

Mettant tout sur le compte des émotions et de la récente rencontre entre elles, Lanalia ne remarqua pas le changement de comportement de l'hôte.

Se retrouvant seule dans la salle de bain, Artémis ne prit pas la peine de se déshabiller, qu'elle s'inséra dans l'eau. Dans le salon, les commères semblaient impatientes d'obtenir des réponses.

– Laissez-leur de l'espace. Je vous connais, je sais que vous êtes curieux et que malgré tout, vous vous inquiétez, mais mettez cette histoire de côté. Nous sommes tendus et sauter dans tous les sens, ne mènera à rien.

Écoutant la femme parler, le regard de Darko se retrouva attiré par du mouvement venant de l'extérieur. D'une démarche lente, il discerna une silhouette avancer avec difficulté.

– ELLE EST DEHORS. ARTÉMIS EST DEHORS ! cria le marionnettiste d'un ton paniqué.

– Quoi ! Elle devait aller au bain, reprit Lanalia.

– Merde !

Aussi vite que possible, tout le monde a rejoint l'extérieur pour rattraper la fuyarde. Lorsqu'elle s'est tournée vers le groupe, ils se sont tous figés, sans exception. Ses yeux, dénués de vie accompagnaient son corps dirigé par un esprit mort.

– Darko, toi qui peux lire les émotions, dis-nous ce que tu vois.

– J'ai essayé, Kennan. Tout est brouillé. Elles sont mélangées et je n'arrive pas à savoir précisément ce qu'elle ressent.

– C'est une très mauvaise nouvelle.

Brusquement, le ciel déjà gris s'assombrit un peu plus. L'ombre recouvrait la zone et la nuit se confondait avec le jour. Très vite, une masse noire et difforme occupa le sol. Lentement, elle se retrouva avec le corps d'un homme. Rien qu'à sa tenue, les plus vieux l'avaient reconnu. Léandre était perdu. Darko lui expliqua que le personnage devant eux n'était autre que le dieu de la mort.

Appeler un dieu n'était pas chose aisée. Par ailleurs, cela avait un coût. Chaque déité fixait le sien et l'invocateur avait tout intérêt à honorer sa dette.

Personne n'avait encore daigné ouvrir la bouche, qu'Horatio déboula en courant difficilement, tout en enfilant une chemise.

– Non ! Ne l'écoute pas, elle ne veut rien demander !

Pointant un doigt en direction du vampire, le dieu le fit s'écrouler au sol. Seul le dragon n'avait pas bougé. On aurait dit qu'il assistait simplement à l'échange.

La tension imprégnait le groupe, ils étaient plusieurs à ne pas être sereins. Chacun était puissant et pourtant, même en s'unissant contre le dieu, les chances de victoire frôlaient le noyau terrestre.

Finissant par constater qu'aucun n'allait intervenir et que le dernier qui avait tenté roupillait au sol, Ikonos reporta son attention sur Artémis.

– J'attends ce jour depuis si longtemps. De quoi as-tu besoin ?

– Aide-moi...

En face, les regards ne cessaient d'être échangés. Au vu de la situation, personne ne comprenait comment il pouvait intervenir.

Visiblement plus que coriace, Horatio retrouva à moitié ses esprits, implorant l'être divin d'épargner Artémis. La réponse les scotcha sur place.

– Dans tous les mondes, il existe des règles que même nous les dieux ne pouvons violer.

N'attendant pas que les questions soient posées, il attrapa Artémis et disparut comme il était arrivé.

Une heure plus tard, le ciel bleu et dégagé contrastait avec les événements et le moral, qui se résumaient à inquiétude, peur et incompréhension.

– Rassurez-moi, elle va revenir ? Elle ne peut pas s'en aller de la sorte. Elle me l'a promis.

Horatio perdait la raison et se trouvait en plein déni.

– Tu m'avais dit que tu serais là ce soir et demain. Pourquoi tu es partie ?

Le restant de la journée, le vampire se faisait surveiller. Les recherches concernant les lois des dieux avaient débuté et malgré la minutie de chacun, aucune réponse ou bribe n'a pu être apportée.

Devoir d'hôteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant