Chapitre 2

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Alertée par les grognements et hurlements de Ren, Artémis se réveilla en sursaut. Ses mains et ses pieds étaient liés, l'empêchant de bouger à sa guise. Des individus en uniforme peinaient à immobiliser le loup, le traitant presque comme un animal errant. Une fenêtre de tir se dégageant, l'un d'eux propulsa l'une des fléchettes tranquillisantes de l'arme dans sa direction.

Affaiblie, la créature se mit à tituber, s'écrasant au sol peu après. Rapidement, Artémis se fit emmener dans une voiture, dans laquelle elle se retrouva assise entre deux hommes. Plus tard, pensant qu'elle était assoupie, le conducteur lança la discussion.

– Jolie, la petite. Pas étonnant que Léon souhaite qu'on la ramène sans la moindre égratignure.

– L'un de vous sait ce qu'il lui veut ?

– Ils sont en couple. Enfin, c'est tout comme.

– S'il tient tant à ce qu'elle soit à ses côtés, pourquoi ne s'est-il pas déplacé pour la ramener ?

– Écoute le nouveau. Je t'apprécie plus que mon ancien coéquipier, mais des fois t'es vraiment trop bavard.

À la suite d'une sieste, Artémis se rendit compte qu'on l'avait déposée sur un lit et que plus rien ne l'entravait. Regagnant l'extérieur, elle put avec surprise découvrir qu'à présent, elle ne se trouvait plus sur la terre ferme, mais sur l'eau. Entre-temps, un groupe peu conséquent l'avait coincée et chaque membre braquait le canon de son pistolet sur la femme.

– Tant de violence pour rien... Baissez vos armes, messieurs. Il n'y a pas de quoi s'alarmer.

Par la suite, l'homme leur annonça qu'ils pouvaient disposer. Seul avec Artémis, il donnait l'air d'être plus détendu.

– Lorsque tu m'as dit que tu avais besoin de vacances, je n'avais pas pensé à cela. Tes actes ont mis du monde en danger, princesse. Ce n'était pas très prudent de ta part. Par ailleurs, nous te cherchons depuis plusieurs mois et je suis bien obligé de reconnaître que tu nous as planté de sacrés bâtons dans les roues.

– Où se trouve Ren ?

– Il se repose. Tu n'as pas à craindre pour sa sécurité, je veille personnellement à ce qu'aucun mal ne lui soit fait.

– Que me veux-tu ?

– Te protéger ?

– En me kidnappant ?

– J'ai conscience qu'il ne s'agit pas de la meilleure méthode et je m'en excuse. À l'heure qu'il est, nous approchons d'une île sur laquelle nous n'aurons pas à nous inquiéter d'un quelconque danger.

– Léon ?

– Qu'y a-t-il ?

– Tu... Tu es Léon.

– Artémis, qu'est-ce qui ne va pas ?

– Dans ma tête... Tout s'est mélangé. Je devais fuir, mais je ne savais pas pourquoi. Maintenant, je m'en souviens. Je tentais de me soustraire à ta prise !

– Tu ne comprends pas. Tout ce que j'ai mis en uvre jusqu'à présent, je l'ai fait dans l'unique but de te protéger. Une entité dangereuse cherche à détruire toute forme de vie sur cette planète. Heureusement que ton père a vite agi lorsqu'il s'est rendu compte de la menace qui planait sur nous.

– Ma mémoire aurait mieux fait de continuer à me faire défaut. Comme tu te trouves face à moi, elle revient petit à petit et franchement, je m'en serais bien passé.

– Bon, j'imagine qu'il va falloir faire preuve de plus de fermeté pour que tu comprennes l'ampleur des choses.

Soudainement, le comportement d'Artémis devint instable. Ses propos semblaient n'avoir aucun sens et en elle, se livrait un combat acharné avec l'unique désir d'avoir le dessus. Conscient que le temps leur manquait et que la situation dégénérait toujours plus rapidement, Léon prit des décisions radicales. Le bateau arrivé à bon port, il fit emmener Artémis dans une salle médicale, mettant en application le plan.

– J'espère que tu me pardonneras lorsque cette histoire sera achevée.

Isolé, le chef contacta un autre homme.

– À quoi devons-nous faire face aujourd'hui ? Vu ton air, la situation ne s'est pas arrangée.

– Ikonos, j'ai dû passer à l'étape supérieure sans te consulter.

– C'est si grave que ça ?

Au cours de la communication, Léon expliqua les recherches des derniers mois, ainsi que les changements qui avaient été effectués, à la suite de l'établissement du nouveau plan.

– Malgré toutes ces longues années, nous n'avons toujours rien trouvé. Quand est-ce que cette histoire va pouvoir cesser ? Je suis épuisé de devoir courir pour qu'elle connaisse enfin la paix.

– Je te demande pardon. Je pensais pouvoir la garder en sécurité et sous contrôle le temps qu'on mette le doigt sur une solution, mais nous avons perdu sa trace au cours de sa fuite. Je ne me suis pas montré assez prudent.

– Jamais, je ne laisserai la garde d'un être si précieux à mes yeux, à une personne en qui je n'ai aucune confiance. Je te connais depuis bien longtemps, je savais que tu avais les épaules assez solides pour agir en conséquence. Si tu estimes qu'avec ça, nous pouvons gagner ne serait-ce que quelques jours, je te laisse carte blanche.

– Merci infiniment.

Léon, qui pourtant était un homme avisé et largement réfléchi, ne pouvait s'empêcher d'éprouver regrets et culpabilité concernant ses décisions. C'est pour son bien, se répéta-t-il sans cesse. Malgré tout, il n'arrivait pas à s'en convaincre. Debout à côté du lit de l'endormie, il la détailla un instant.

– Que ce soit avec ou sans moi, je te jure qu'un jour tout rentrera dans l'ordre et que tu comprendras pourquoi je me suis montré si dur envers toi.

Fidèle à sa réputation de travailleur acharné, Léon regagna son bureau. Une multitude de feuilles était éparpillée un peu partout, que ce soit sur les meubles ou directement au sol.

Voyant le foutoir qui se dressait et les nerfs à vif, l'homme se lâcha. Sa rage ressortait autant verbalement que matériellement. Les demandes continuelles de pardon se mélangeaient au tourbillon de feuilles, qui arrivaient lentement au sol.

En regardant les choses sous un autre angle, on comprenait que la frustration reliait le tout. Le manque de réponses, malgré les recherches incessantes, l'état d'Artémis qui s'aggravait jour après jour et les « solutions » qui n'étaient que temporaires, mais de moins en moins efficaces.

Au bord de la crise de nerfs et dans un dernier élan de lucidité, Léon quitta la pièce sans un regard pour elle et regagna sa chambre dans laquelle il se coucha. L'espoir que la nuit efface une partie de ses problèmes et trouve une solution pour ceux qui persistaient ne le lâchait pas. C'est donc légèrement plus serein qu'il s'assoupit.

Devoir d'hôteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant