Chapitre 16

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Rejoignant le dortoir isolé, ils retrouvèrent le dieu qui se trouvait dans un fauteuil situé à proximité de la cheminée, d'où il regardait les flammes danser, un verre d'alcool dans une main. Sachant qu'il avait des visiteurs qui n'osaient pas approcher, il leur dit d'entrer sans prendre la peine de tourner les yeux dans leur direction. Toujours debout, les jeunes attendaient que l'homme s'exprime. À moitié perdu dans ses pensées, Ikonos avala cul sec le contenu de son verre.

– Asseyez-vous.

Darko trouvait la voix plus grave et plus profonde que les fois précédentes. Ils obéirent, se retrouvant face à leur interlocuteur.

– Si je ne me trompe pas, vous voulez entendre les explications concernant Artémis qui est toujours vivante et mon désir de la protéger.

– En effet.

– Vous n'êtes pas prêts à supporter la vérité. J'attendais qu'elle m'appelle depuis bien longtemps. Vous ne pouvez pas vous imaginer la joie que j'ai ressentie, lorsqu'elle a sauté le pas. L'information que j'ai laissée aurait été un indice si vous aviez su la globalité de l'histoire. Par ailleurs, vous pensiez que vous teniez entre les mains une aide et dès lors, vous n'avez rien exploité d'autre. À ce stade, rien ne pouvait faire sens dans vos têtes.

– Et donc ?

– Les jeunes... Bien trop impatients.

– Nous avons participé à la dernière guerre ! On n'est pas si jeunes que ça.

– En effet. Ça a été un réel succès. Votre sœur a disparu alors que vous deviez la protéger et vos parents sont décédés.

– On a conscience qu'on a foiré ! Inutile de nous le rappeler constamment.

– Du calme, Horatio. Seigneur, serait-il possible de nous fournir une réponse, s'il vous plaît ?

– Eh bien... L'unique personne polie se trouve être la femme du vampire impulsif. Pour faire au plus simple, il n'y a qu'une seule et même réponse pour vos deux interrogations. Étant donné notre lien, la protéger est aussi l'un de mes devoirs. Artémis est ma fille.

Chaque membre — ou presque — réagit différemment. L'un avait réduit ses vêtements en lambeaux et quitté la pièce, d'autres rigolaient nerveusement, pensant à une très mauvaise blague...

– C'est impossible !

– La vérité vient pourtant d'éclater. Vous la vouliez, vous l'avez eue.

– TU MENS !

Darko et Kennan ont retenu leur aîné, qui se préparait à se jeter sur le dieu. Plongé en plein déni, il s'agenouilla au sol, le frappant de ses poings en répétant continuellement que les choses ne pouvaient se dérouler ainsi. Léandre, qui n'avait pas pu assister à la révélation arriva et témoin de la scène qui se dressait face à lui, il demande des explications. Le maître-serpent lui répondit.

– Et alors ? Tout ce cinéma pour ça ? Je ne vois pas le problème ? Artémis reste Artémis, peu importe l'identité de ses parents. Votre avis sur elle va changer ?

Mettant un terme à la discussion, Ikonos se leva et prit la direction de la sortie. Arrivé à la porte, il s'arrêta.

– Exceptionnellement, je vous autorise à dormir ici. Néanmoins, vous ne vous aventurez pas plus haut que le rez-de-chaussée. Autrement dit pour les têtes dures, interdiction formelle de monter. Si vous cherchez les toilettes, c'est au fond du couloir avec les douches. Retenez que je vous ai tous à l'œil.

Le lendemain, les garçons travaillaient... Tout du moins, ils essayaient. Le père de leur protégée se trouvait à côté et les reprenait à chaque idée émise. Contrairement à ce qu'ils pensaient, leur plan a bien avancé et les remarques approchaient davantage des critiques constructives qui leur permettaient de se perfectionner jusqu'au plus petit détail, que de critiques moqueuses. Sur le point de clôturer leur séance de mise au point, Oswald se tourna vers Ikonos.

– Pourquoi avoir confié Artémis à nos parents ?

– Il y a des fois, où les histoires des dieux nécessitent d'intégrer des humains. Avec nous, elle aurait vécu une vie entourée par le danger. À présent, du côté des divinités les choses s'apaisent et je suis bien décidé à offrir à ma fille une vie paisible, loin de cette mauvaise herbe qui subsiste.

– A-t-elle connaissance de votre lien ?

– Non. Je le lui révélerai lorsque cette histoire sera terminée. Je vous laisse, une certaine personne tente de s'échapper en douce.

Comme chaque soir de fin de semaine, Artémis quitta le bâtiment et l'enceinte de l'école pour regagner un café, où elle se mit à jouer du piano.

Veillant de près sur elle, Ikonos prit place à une table à proximité et commanda une boisson. Son moment de tranquillité s'écourta lorsqu'un certain quatuor s'incrusta à ses côtés.

– Que faites-vous là les morveux ?

– Nous devons nous détendre, lança Horatio sur un air qui se voulait presque insolent.

– Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, cette table est déjà prise. D'autres sont libres et je ne vous retiens pas. Nous ne sommes pas amis, alors n'attendez pas de moi qui je me montre aimable.

D'un simple coup d'œil à sa montre, Ikonos constata qu'Artémis n'allait pas tarder à s'en aller. Sa fille était réglée comme une horloge. L'heure de départ et celle d'arrivée étaient quasiment toujours les mêmes. Contrairement aux soirs précédents, le père resta à proximité de l'entrée. Lorsqu'elle le vit, elle tenta de passer en douce à côté, feignant de ne pas le remarquer sa présence.

– Mais qui voilà ? Une jeune fugueuse.

– Monsieur, que faites-vous là ?

– Eh bien, je peux tout aussi bien te retourner la question. Tu ne devrais pas te trouver en dehors de ton dortoir à une heure si tardive et encore moins, à l'extérieur de l'école.

– Je le sais...

– Je devrais rapporter ton comportement.

– Faites comme il vous plaira. Vous aurez beau en parler au directeur, je n'arrêterai pas pour autant et si vous m'empêchez de partir, je trouverai un moyen de mettre les pieds en dehors de cette école.

– Déterminée, la demoiselle.

– Je supporte de moins en moins d'être là-bas. L'air y est étouffant et puis, les cours, ça m'épuise. On doit étudier continuellement des choses qui ne nous serviront pas. Ils doivent être convaincus que nos cerveaux ont une capacité d'apprentissage illimitée. Malheureusement pour eux, ce dernier fait le tri et je suis prête à parier que les cours d'introductions sont passés à la trappe.

– Tu ne crains rien. Je ne compte pas te dénoncer.

– Sinon, qu'est-ce qui vous amène ici ?

– Une certaine jeune femme, si tu vois de qui je parle.

– Pourquoi ?

– Si je ne suis pas là, qui veille sur toi ?

– Alors, vous me suivez depuis le début ?

– C'est tout à fait ça. On rentre ?

– Oui. Je commence à piquer du nez et le réveil sera difficile, si je tarde trop.

D'un regard bienveillant envers sa fille, Iko l'observait s'éloigner.

Devoir d'hôteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant