Chapitre II : La dernière Cérémonie des Epreuves de Mathieu Hidalf

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Quatre semaines plus tard. Ecole de l'Elite, aux alentours de 22h.

– Et la victoire revient à... Marie-Marie ! Une seconde, Mathieu a soudain l'air de reprendre l'avantage... Non, fausse alerte, définitivement Marie-Marie. Marie-Marie qui est donc notre championne du jour, par trois victoires contre deux !

Mathieu se redressa en poussant un soupir. Il se serait bien passé d'un public pour ses séances de combat d'arbre, et certainement des commentaires rien moins qu'impartiaux de Roméo Pompous.

Ce n'était même pas un combat d'arbre, à proprement parler ; pour la bonne raison que les Apprentis n'étaient pas autorisés à les pratiquer sans surveillance, et que Mathieu n'était pas autorisé à les pratiquer tout court. C'était un simple duel à l'épée. Où en temps normal, et sans se vanter plus que d'habitude, Mathieu pouvait affirmer qu'il ne s'en sortait pas trop mal.

Il se rappelait encore le jour où, Apprenti depuis deux mois, l'Elitien qui s'occupait des élèves leur avait annoncé un nouvel exercice. Désormais, ils auraient à combattre à l'épée et maintenir un contact avec l'arbre de leur adversaire. La victoire n'était accordée qu'après que l'un des deux combattant a été désarmé : impossible, donc, de gagner grâce à la seule puissance de son arbre. L'objectif, apparemment, était de s'assurer de leur contrôle parfait sur leur arbre et leur épée malgré les distractions.

Dès la fin des explications, Marie-Marie s'était immédiatement approchée de Mathieu, une lueur familière dans son regard. Evidemment – parce que, vraiment, comment aurait-il pu en être autrement ? – l'escrime de la jeune fille était absolument impeccable. Et, pendant un bon mois, à chaque séance d'escrime, Mathieu avait eu la désagréable impression de revivre ses tout premiers cours de combat d'arbre.

Depuis quatre ans qu'il était Apprenti, l'exercice lui était devenu plus familier. Il avait fini par mesurer la puissance à déployer pour éviter que son arbre ne s'emballe à chaque feinte de son adversaire. Mais la terreur d'un éclair involontaire était restée. 

Leur instructeur lui avait bien proposé de s'exercer contre lui. Mais Mathieu préférait encore être envoyé au sol par Marie-Marie en quelques minutes de combat que de se faire désarmer par Jean de Courcelles en quelques secondes. 

Non, c'était encore contre Jurençon qu'il était le plus confortable de s'exercer. Même si une attaque lui avait échappée sans le vouloir, le demi-Helios l'aurait contrée sans même y réfléchir. Malheureusement, Octave Jurençon n'était toujours pas rentré de sa mission. Mathieu en était donc réduit à reprendre les combats contre Marie-Marie. Et à refaire régulièrement connaissance avec le sol.

(Maintenant qu'il y pensait, Jean de Courcelles avait presque eu l'air amusé en leur annonçant leur nouvel exercice. Mathieu aurait dû sentir qu'il y avait un piège.)

Son épée était tombée à quelques pas. Marie-Marie alla la ramasser, avant de lui tendre une main pour l'aider à se relever. Les yeux noirs de la jeune fille brillaient d'un éclat moqueur.

– Je me passe de la plupart des commentaires qui pourraient te venir à l'esprit, la prévint Mathieu avant qu'elle n'ait pu ouvrir la bouche. De une, je t'ai battue à plate couture pas plus tard que la semaine dernière. De deux, permets-moi de te rappeler que je porte un arbre extrêmement complexe à maitriser. Mes sœurs ne m'adresseraient plus jamais la parole si je brûlais le tien par accident, bien que ce ne soit pas l'envie qui manque. De trois...

– De trois, poursuivit la jeune fille aimablement en le tirant sur ses pieds, tu es de mauvaise humeur parce que ton partenaire habituel est encore aux abonnés absents. Et qu'il est hors de question que Mathieu Hidalf admette la défaite si ce n'est contre un demi-Hélios. On devrait y aller, il se fait tard.

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