De l'Ordre et de l'Aventure

Chapitre VII : Retrouvailles

Let me explain... No, there is too much. Let me sum up.

Princess Bride, 1987

Juliette d'Argent s'éveilla en sursaut.

Autour d'elle, la pièce était plongée dans la pénombre. Un instant, il lui sembla qu'elle était de retour à l'Elite. Peut-être s'était-elle endormie dans la bibliothèque ? Pourquoi donc aucune nymphette n'était-elle venue la réveiller ?

Elle tenta de se redresser. La pièce se mit à tourner autour d'elle. Alors seulement, ce qu'il s'était passé lui revint en mémoire.

Avec Roméo, ils avaient retracé la route empruntée par Pierre et Mathieu, jusqu'à tomber sur le village qui avait dû être leur premier arrêt. L'aubergiste avait été très étonnée du nombre de visites de l'Elite en si peu de temps. Elle leur avait répété les indications qu'elle avait données aux deux jeunes hommes rencontrés plus tôt.

Ils étaient bien passés devant une demeure au pied d'une falaise, mais le sentier qui y menait apparaissait bien trop escarpé pour s'y engager. Ils cherchaient un moyen de descendre, quand Roméo avait aperçu une sorte de bassin de pierre, posé sur la falaise.

L'intérieur ressemblait à un puit, sans sceau ni chaîne pour y descendre. Quelques mètres plus bas, un corridor semblait s'enfoncer dans la pierre.

S'ils avaient suivi eux aussi cette route, nul doute que Pierre et Mathieu avaient dû passer devant. Nul doute aussi qu'ils avaient tenté de s'y aventurer (ou plutôt, nul doute que Mathieu avait voulu descendre, et que Pierre s'était retrouvé bien obligé de le suivre). Peut-être étaient-ils restés bloqués à l'intérieur ?

Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir. Bon gré mal gré, Roméo et elle s'étaient donc engagés à leur suite.

Ils marchaient depuis quelques minutes, quand Roméo dut s'appuyer contre un mur, pris d'un étourdissement soudain. Encore quelques minutes, et une migraine terrible les avait gagnés tous deux. Parvenus devant une porte, qui devait relier la falaise à la maison aperçue en bas, ils tenaient à peine debout.

C'est dans cet état qu'ils étaient tombés sur les habitants de cette maison. L'épée tiré, ils semblaient les attendre. Juliette avait à peine eu le temps de reconnaitre Octave Jurençon avant de perdre connaissance. Roméo n'avait pas dû rester éveillé...

Bon sang, Roméo !

Prise de remords pour l'avoir oublié, Juliette fouilla la pièce du regard. Au bout de quelques instants, elle finit par distinguer une forme sombre, allongée à deux pas d'elle, et poussa un soupir de soulagement.

L'état de Roméo ne semblait pas s'être amélioré depuis tout à l'heure. L'éclat de son arbre était si faible qu'il en était inquiétant. Son front luisait de sueur, comme si son ami était en proie à la fièvre. Il semblait toujours inconscient. Pourtant, quand elle saisit son épaule pour la secouer doucement, il tressaillit.

– Roméo ! souffla-t-elle. Réveille-toi, s'il te plait !

Roméo ouvrit des yeux hagards. Il mit quelques secondes à la reconnaitre.

– Juliette ? Que...

– Nous sommes toujours dans la maison, dit-elle, la voix pressante. Et nous sommes enfermés dans cette pièce. Peux-tu te lever ?

– Je peux essayer, en tous cas...

Avec peine, Roméo se hissa sur ses jambes. Il vacilla un instant, avant d'être rattrapé par Juliette.