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Il est un peu plus de 7 heures, lorsqu' Antoine est déposé par un taxi devant l'aéroport d'Orly. Le jeune homme, récupère sa valise et son sac dans le coffre puis se tourne vers le chauffeur pour lui payer la course.

Il entre dans l'aéroport et s'enregistre pour son vol prévu direction Montréal à 9h12.
Après le contrôle de son passeport, de son billet et de sa valise, il s'installe sur une table pour prendre un café tout en relisant son planning prévu pour son arrivée.

L'heure qui lui reste passe relativement vite, il observe distraitement les passants et les avions qui défilent devant les immenses murs rideaux. Il profite également des quelques minutes qu'il lui reste pour fumer une cigarette avant de ne plus pouvoir absorber de nicotine avant au moins 8 heures.

L'appel pour son vol retentit alors qu'il passe les portes du SAS fumeur, sans attendre, il se dirige vers la porte annoncée et se met derrière la file déjà présente. Il espère sincèrement ne pas être bloqué une nouvelle fois mais le contrôle de son billet et de son passeport se fait sans difficultés.
Une fois dans l'avion, une hôtesse de l'air lui demande son billet, avec un charmant sourire. Bien qu'il soit sensible aux charmes de la gente féminine, Antoine se dit qu'elle fait simplement son travail et ne prête pas vraiment attention à la jolie métisse. La main posée sur son épaule ne lui semble pourtant pas très professionnel mais il n'y prête toujours pas d'intérêt.

- Vous êtes dans cette allée, à côté de la dame aux cheveux gris avec ses lunettes.

- Merci.

Il reprend son billet et part vers le siège indiqué. Une fois son sac posé à l'emplacement prévu, il s'excuse poliment auprès de la dame pour pouvoir s'installer côté hublot. Le jeune châtain sort ses lunettes de vue et s'apprête à lire Harry Potter en anglais. Son niveau n'est pas mauvais, mais rien de tel selon lui de s'exercer en lisant. Mais sa voisine de siège semble ne pas vouloir le laisser tranquil.

- Vous voyagez seul jeune homme?

- Oui madame, je n'ai pas encore trouvé chaussure à mon pied.

- Un joli garçon comme vous, et aimable en plus, je ne vois pas ce qu'il faut de plus aux femmes d'aujourd'hui.

- Merci pour le compliment, mais si je ne suis pas trop indiscret, vous semblez être seule également.

- Effectivement, je suis seule depuis quelques mois, mon cher mari nous a quitté précipitamment.

- Je suis désolé pour vous madame, mes condoléances.

- Merci jeune homme. Excusez-moi de vous importuner, mais pourriez-vous m'aider pour la ceinture s'il vous plaît? Je n'arrive pas à la régler.

- Biensur, ne bougez pas.

Antoine se lève légèrement pour attraper la ceinture et l'attacher.

- Voilà, ce n'est pas trop serré?

- Non c'est parfait. Merci beaucoup jeune homme.

- Antoine, vous pouvez m'appeler Antoine si vous le voulez, nous allons passer 8 heures côte à côte.

- Eh bien Antoine, je suis ravie d'être assise à côté de vous, j'avais un peu peur de tomber sur un vieux célibataire qui ne me lâcherai plus d'une semelle.

Antoine rit légèrement à la remarque de la dame et lui répondit avec malice.

- Qui vous dit que je ne vais pas vous coller pendant 8 heures?

- Vous êtes charmant jeune homme,  mais je suis vieille pas aveugle, je sais très bien que ma beauté n'est plus celle de mes vingt ans.

- La beauté n'est pas que physique madame, je suis certain que vous êtes une femme magnifique en tout point.

- Mais quel charmeur vous êtes! Et vous me dites que vous êtes seul, je n'y crois pas un instant.

- Et pourtant, je suis libre comme l'air.

- Quel gâchis, mais si vous voulez mon avis, la jeune fille là-bas n'arrête pas de vous regarder avec un sourire charmeur.

Antoine suit le regard de la dame à ses côtés et aperçoit l'hôtesse de l'air qui lui a indiqué sa place.

- Vous voyez, elle vous mange du regard.

- Je vois, mais je ne pense pas être le genre de personne qui lui plaît.

- Sottises! Je vous pari un billet bleu qu'elle sera au petits soins avec vous pendant le trajet et même qu'elle vous demandera votre numéro de téléphone.

- Je préfère ne pas parier là dessus, et puis même si vous dites vrai, je ne suis pas du genre à aimer les relations sans lendemain.

- Un vrai gentleman! Mais rien ne vous empêche d'apprécier le jeu, même si vous ne consommer pas, rien ne vous empêche de lire le menu.

- Jolie métaphore.

Un message diffusé dans les hauts parleur annonce le décollage de l'avion, s'en suit le pitch habituel sur les mesures de sécurité puis l'avion commence à rouler pour atteindre la piste.

- Excusez-moi, mais je vais devoir mettre des bouchons le temps du décollage.

- Je vous agace déjà?

- Non pas du tout, je suis juste hypersensible des oreilles. Le décollage et l'atterrissage ne sont pas mes amis pour ça.

- Pas de soucis jeune homme.

L'avion se lance à pleine vitesse, Antoine en profite pour regarder la France depuis le hublot et malgré son départ volontaire pour le Canada, il ressent un pincement au cœur de quitter ses racines. Lorsque l'écran face à lui s'allume, il voit qu'il peut enlever sa ceinture, il se tourne alors vers la dame en enlevant ses bouchons et lui demande si elle veut se détacher.
Elle acquiesce, mais la jolie métisse arrive au même moment pour lui demander si elle veut de l'aide.

- Ça ira ma jeune demoiselle, mon charmant voisin s'occupe très bien de moi. N'est ce pas Antoine?

Le concerné rougit légèrement et répond timidement.

- Euh...Oui, si vous le dites.

L'hôtesse sourit de nouveau en regardant attentivement Antoine, puis elle regarde la dame toujours avec le sourire, mais beaucoup moins charmeur.

- Parfait, je vous laisse entre de bonnes mains alors. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit.

- Nous n'y manquerons pas ma chère.

Une fois l'hôtesse partie, la dame se tourne vers Antoine.

- Alors, vous ne voulez toujours pas parier?

- Merci, mais non merci.

L'aînée le regarde plus sérieusement et demande un peu plus sèchement.

- Vous n'allez quand même pas me dire que c'est parce qu'elle est métisse que vous refusez?

- Quoi?? Non!! Biensur que non. Je m'en fiche de sa couleur de peau.

- Bien, j'ai eu peur que vous soyez un jeune con raciste. Je ne supporte pas ça.

- Rassurez-vous, je ne suis pas ce genre de personne, au contraire, je déteste les discriminations.

- Tant mieux. Mais alors, je ne comprends pas ce qui cloche chez vous mon cher Antoine. Vous êtes beau, jeune, bien éduqué, vous semblez intelligent.. ou alors... vous préférez les hommes?

- Je ne suis pas homosexuel, madame, si c'est ce que vous voulez savoir. Il y a bien quelque chose qui repousse ses demoiselles, mais je préférerais ne pas en parler.

- Comme vous voulez mon garçon. Mais vous pouvez m'appeler Marie si vous voulez.

- Dans ce cas, enchanté Marie.

Le reste du vol se fit assez rapidement, la compagnie de Marie aida Antoine a ne pas trop angoisser sur son arrivée au pays de l'érable.
Ils discutaient de tout et de rien, le jeune homme qui habituellement était du genre réservé, avait apprécié parler de longues heures avec sa compagne de vol.
Il se disait que finalement, le Canada pourrait peut-être bien l'aider à se sentir lui-même beaucoup plus vite que ce qu'il pensait.

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