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Antoine sursaute en entendant la voix derrière lui. Il ne bouge pas et cherche de l'aide dans le regard de la brune en face de lui. Cette dernière hausse les épaules et se penche pour attraper les affaires du français.

- Je pense que vous avez besoin de parler. Je dépose ça dans le char, viens me chercher pour que je te dépose chez Abigaël.
Le châtain aux yeux bleus ne bouge toujours pas en voyant Chloé partir avec ses affaires. Il entend des pas approcher mais ne réagi toujours pas. La québécoise lui sourit un peu gênée, puis lui attrape délicatement la main, pour qu'il la suive.

- Viens, on va aller s'asseoir pour discuter tranquillement.

Malgré son mal-être, il ressent la même sensation que lorsqu'il a pris la main de Luna la première fois, son corps s'electrise et frissonne entièrement. Il ne parle toujours pas et suit la jeune femme jusqu'à une table de pique nique installée sur les berges du Saint-Laurent.

- Tu as l'intention de rester muer longtemps?

Il hausse les épaules.

- Désolée, je ne voulais pas écouter votre discussion, en fait j'allais rentrer chez moi, mais vous étiez à côté de mon char.

- Au moins tu sais tout maintenant.

- C'est vrai. Mais j'aurais préféré que tu m'en parles toi-même.

- Pas eu le courage.

- Et maintenant? Tu aurais-tu le courage d'en parler?

- Je peux essayer..mais je suis à fleur de peau.. je ne garantie pas mes réactions.

- Ce serait si grave que ça, de craquer devant moi?

- J'sais pas.

- D'accord.. bon, et si tu terminais ce que tu voulais me dire dans le bar?

- Tu le sais déjà, pourquoi tu veux que je le dise?

- Parce que je veux que ce soit toi qui me le dise, avec tes mots. Et comme ça je pourrais répondre à tes questions.

- Comme tu veux. Je te dois bien ça après tout. Par quoi tu veux que je commence?

- Ce que tu veux, mais si ça peut t'aider à reprendre, tu me disais que tu n'es pas celui que je crois.

- Effectivement, je ne suis pas tout à fait un homme, sur le plan physique et administratif.

- Mais tu en es un intérieurement?

- Oui.. je l'ai toujours su je pense. Mais je n'ai pas grandi entouré de personnes ouvertes d'esprits. Ce qui ne m'a pas aidé à m'accepter.

- C'est pour ça que tu as décidé de venir à Québec?

- Oui.. mais ça ne change rien.. j'ai toujours le même corps.. le même prénom sur mes papiers.. et la même relation conflictuelle avec ma famille.

- Est-ce qu'en dehors de ta famille, il y a des personnes au courant en France?

- Non, à part ma psy, et mon médecin.

- Tu vois, je pense que tu as déjà avancé en venant ici. Chloé est au courant, je suppose que Marie aussi, et maintenant moi. Ça fait donc trois personnes que tu ne connaissais pas il y a encore quelques jours.

- Pas faux. Mais ce n'est pas moi qui l'ai avoué à chaque fois. Chloé à entendu ma mère pendant une conversation téléphonique, Marie l'a su par Chloé, et toi tu l'as su en nous entendant avec Chloé.

- Correcte, mais c'est mieux que rien non?

- Peut-être..

- Est-ce que tu te sens mieux, lorsque l'on parle de toi, comme il faudrait, c'est à dire, à Antoine?

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