Chapitre 4

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Inconnu

Je ne comprenais pas pourquoi elle m'avait choisi pour cette mission. J'avais beau retourner le casse-tête dans tous les sens je ne comprenais pas. Elle ne pouvait pas le faire elle-même ? Peut-être que je réfléchis trop. C'est ce que me disait souvent ma mère. Mais je préfère ça. Je ne suis pas un combattant, pas un guerrier. Je compris. J'étais un diplomate. Un négociateur. C'est pour ça qu'elle m'a envoyé lui parler. Ou plutôt l'interroger. C'était évident !

Je gagnai rapidement le sous-sol de l'immeuble dans lequel j'habitais. Avec moi vivaient une quinzaine d'autres loups-garous. Pas « trop », pas « pas assez », juste comme il faut. Notre ancienne alpha avait investi dans un immeuble-hôtel. Les derniers étages étaient réservés à notre meute et les premiers aux clients. C'étaient comme ça que nous gagnions notre vie. Jusqu'à ce quelle arrive. Personne ne connaissait son nom. Elle avait des cheveux châtains, des yeux marron noisette et la peau pâle. Plutôt petite et maigrichonne pour une louve-garou. Elle était devenue notre alpha, notre chef de meute sans que nous ne sachions pourquoi. Elle avait chargé plusieurs de nos membres à capturer un humain. Et elle leur a interdit d'en parler. Bien sûr, nous sommes obligés de lui obéir. C'est comme ça. C'est notre alpha. Et elle m'avait chargé d'interroger le prisonnier. Sur quoi ? Sur ce qu'il sait en général. Mission stupide, question stupide et interrogatoire stupide, de mon point de vue.

J'ouvris la porte du sous-sol une fois arrivé en bas des escaliers. L'ascenseur était en panne mais ça ne me posait pas de problème. Je suis un loup-garou après tout.

Je fus étonné en voyant un long couloir semblable à ceux des autres étages de notre hôtel. Je m'avançai, sur mes gardes. Les portes étaient numérotées par des chiffres négatifs. Logique. L'étage 1 avait des nombres inférieurs à 100, l'étage 2 entre 100 et 200 et ainsi de suite.

Notre alpha m'avait donné comme indication « la porte rouge ». Toutes les portes étant bleues, je fus perplexe. J'observai avec attention le couloir. Les portes étaient toutes d'un bleu foncé un peu métallique comme les autres portes de l'immeuble. Les lumières au plafond étaient aussi les mêmes, tout comme le sol en carrelage. Mais une chose interférait avec le reste de l'hôtel. La plupart des murs de l'immeuble étaient en crépis blanc. Mais ceux-ci étaient recouverts d'un horrible papier peint représentant des nuages d'une teinte rosâtre. Quelle horreur ! Pourtant, je ne pus retirer mon regard de cette abomination. Un détail m'avait interpellé. Qu'est-ce qu'une petite porte rouge venait faire là ? Cela ne pouvait pas être un hasard. J'appuyai mon doigt sur le dessin. L'image de la porte se recula, formant un trou dans le mur. Je retins mon souffle alors que le mur coulissait sur lui-même. Je pensai d'abord à l'oeuvre d'un sorcier mais non. C'était simplement et purement mécanique. Je m'engouffrai dans la salle qui s'était ouverte à moi et parcourus un autre couloir. Sans portes bleues cette fois. Heureusement, l'horrible papier peint avait relégué sa place au crépi. Ouf !

J'arrivai au bout du couloir face à une porte en acier. Un simple bouton permettait de l'ouvrir. J'appuyai dessus. Un clic résonna et j'attrapai la poignée pour ouvrir la porte. Je fus étonné en entrant dans la nouvelle pièce. Celle-ci avait l'aspect d'une chambre normale, comme celles qu'on louait aux clients de l'hôtel. Simple, avec un lit double, une table de nuit, une télé et une pièce adjacente donnant probablement sur une salle de bain. Sur le lit était assise une fille d'environ 16 ans, les genoux repliés contre son buste et les bras enroulés autour. Elle avait la tête posée sur ses jambes et ses cheveux d'ébène emmêlés dégringolaient dans son dos. Quand elle croisa mon regard, je ne pus détourner mes yeux de ses pupilles bleues grises. Je refermai avec douceur la porte derrière moi. Mon but n'était pas de lui faire peur mais je craignais de l'effrayer. Pourtant elle ne bougea pas. Elle ne tremblait pas et me fixait intensément. Je ne savais pas vraiment par où commencer. Je savais qu'il y avait des caméras et des micros disposés un peu partout dans la salle. Je décidais alors de commencer par une question simple.

-Bonjour, comment t'appelles-tu ?

Elle ne répondit pas.

-Si je te dis mon nom, tu me donnes le tien ? tentai-je.

Elle sembla peser le pour et le contre puis finit par hocher la tête.

-Je m'appelle Frédéric Verbi. Et toi ?

Elle hésita un long moment, tellement longtemps que je crus qu'elle avait changé d'avis.

-Jennifer, finit-elle par dire. Je m'appelle Jennifer Rivère.

Sentinelles -Tome 1- : Une disparue, une licorne et un monde mystique EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant