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Fat Funny Friend - Maddie Zahm

05H00. Il est cinq heures du matin et je suis déjà debout. L'insomnie qui me ronge m'empêche de trouver le repos. Cette nuit, des cauchemars horribles ont encore envahi mon esprit. Je me tiens debout dans la cuisine de Johanna, une tasse de camomille à la main, fixant un point invisible, mon dos appuyé contre le plan de travail.

Mes cauchemars reviennent sans cesse, un mauvais présage. C'est épuisant et chaque fois que cela m'arrive, une solitude écrasante m'envahit. Personne ne sait à quel point cela me détruit jour après jour, ni l'angoisse et la terreur qui me consument.

Le silence autour de moi est total. Aucun bruit ne vient troubler cette quiétude oppressante, seul mon souffle se fait entendre faiblement. Mon passé, ce passé si douloureux, revient en force. Honteux, pénible, oppressant. Des mots qui ne suffisent même pas à décrire la tragédie que j'ai vécue.

Je tente de reprendre mes esprits, pose ma tasse et remonte me coucher. C'est la seule chose à faire. Mais même là, les heures s'égrènent lentement. Le réveil à côté de moi ne cesse d'afficher des minutes qui passent. Je tourne et vire, incapable de trouver le sommeil. Le temps semble s'étirer, irréel, mais pourtant si tangible.

08H00. Il est huit heures, Johanna est sous la douche tandis que je reste allongée, le regard perdu à l'extérieur. Aujourd'hui, l'angoisse est plus intense, comme un pressentiment malsain. J'ai peur.

- Lia, ça ne va pas ?

Je me tourne vers Johanna. Elle a remarqué mon état, mais je ne veux pas l'inquiéter. Je la rassure, mentant aussi bien à elle qu'à moi-même.

- Si, si, ça va. Juste une insomnie cette nuit.

Elle hoche la tête, mais ses yeux trahissent son doute.

- Repose-toi ce matin. Je vais récupérer les garçons à la caserne. Hayden reste déjeuner ici à midi, alors reste tranquille.

Je ne réponds rien, me contentant d'un simple hochement de tête avant de me retourner, les yeux de nouveau rivés à l'extérieur.

- Si quoi que ce soit se passe, appelle-moi. Je reviens vite. Essaie de dormir. À tout à l'heure.

- Merci.

Un simple merci, ma voix à peine audible, chargée de mon mal-être. La fatigue me submerge soudainement. La porte d'entrée claque, et Johanna s'en va, laissant la maison dans un silence écrasant.

Mon téléphone émet une notification. Un message. Je tends le bras pour le récupérer sur la table de nuit et blêmis en voyant le contenu. Encore ce message de cette homme.

"Tic, Tac, Tic, je t'ai retrouvée, tiens-toi prête."

Le souffle court, je reste pétrifiée. Un deuxième message arrive, une photo de moi devant mon appartement, prise la nuit où je suis allée dîner chez Johanna. Qui peut bien être cette personne ?

Je jette mon téléphone loin de moi et je pense à lui. Il m'a retrouvée, celui qui a tué mes parents est là. La panique monte en moi, seule, mes jambes repliées contre moi, mon dos appuyé contre le mur, assise sur le lit. La panique s'infiltre à nouveau en moi, quand cela va-t-il enfin s'arrêter ? Dois-je en parler à Johanna ? Non, elle a déjà trop de soucis. Je garderai cela pour moi, inutile de l'affoler.

Je ne le dirai à personne. Ça va aller, je suis en sécurité ici, non ? J'essaie de me rassurer, mais c'est vain. Je me lève et souffle, une douche, une bonne douche me détendra peut-être. Je l'espère de tout cœur.

- Lia, nous sommes là !

Je me redresse, étalée sur le fauteuil devant la télé. Johanna est de retour et me détaille avant de s'asseoir à mes côtés. Les garçons, derrière elle, me saluent avant de monter directement à l'étage.

- Lia, tu as l'air contrariée, es-tu sûre que tout va bien ? Ton insomnie de cette nuit, tu as fait un cauchemar, c'est ça ?

Je hoche simplement la tête, touchant le plaid sur moi.

- Ce n'est pas grave, j'ai l'habitude. Je dormirai mieux ce soir, ça va Johanna, ne t'inquiète pas ! Tu sais que ça m'arrive souvent.

Pas très rassurée, elle me serre dans ses bras, tentant de me réconforter. Lorsque les garçons nous rejoignent, nous cessons de parler de mes soucis.

- Mon dieu, Lia, tu fais peur !

J'attrape le premier coussin à ma portée et le lance sur Jayden, lui montrant mon majeur. Hilarant, mais pas très sympa. Johanna rit à mes côtés tandis que je riposte.

- Tu as vu ta tête, ne parle pas trop, merci !

Fière de ma réplique, les rires allègent l'atmosphère pesante. Jayden s'assoit à côté de Johanna, la prenant dans ses bras et l'embrassant sur la tempe.

Hayden revient avec un verre d'eau à la main. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il s'était éclipsé. Il est torse nu, je détourne rapidement le regard. Mon dieu, cet homme est le diable incarné.

Rouge de honte, j'essaie de me concentrer à nouveau sur le film. Johanna et Jayden ne font que parler, compliquant la situation. Je mets le film sur pause et souffle d'exaspération. Je suis une professionnelle pour cela !

Hayden, installé sur un pouf, semble préoccupé, son regard fixé sur son téléphone.

- Hayden, ne lui réponds plus, tu te fais du mal pour rien !

En un seul regard, les garçons se comprennent. Je ne peux m'empêcher d'étudier le visage de Hayden : contrarié, stressé. Il se mordille la lèvre, passant sa langue dessus, ce qui est à la fois excitant et révélateur de sa contrariété. Ses émotions sont palpables, sa main passant dans ses cheveux, ses doigts caressant sa barbe de trois jours, le rendant encore plus attirant.

Je suis si concentrée dans mon observation que je ne remarque pas que les deux Don Juan à mes côtés ont cessé de parler et me regardent. Hayden aussi. Je ne peux m'empêcher de me sentir gênée, mais je comprends aussi ce qu'il ressent.

Je cesse de le regarder et tourne la tête vers Johanna, signe d'incompréhension concernant leur échange. Elle rit à nouveau et m'envoie un clin d'œil.

17H00. Il est dix-sept heures. Nous avons passé une très bonne après-midi et bien ri, laissant nos peines et nos peurs s'envoler pour un instant. Mais il est temps de faire face à la réalité. Placée à côté de Hayden, nous avons beaucoup discuté et échangé nos numéros de téléphone, au cas où quelqu'un aurait besoin d'aide.

La fatigue m'envahit et je me retire peu à peu de notre discussion pour écouter celle de mon amie. Plus les heures passent, plus la fatigue s'accentue. J'ai hâte de rentrer chez moi. Nous avons mangé assez tôt, moi dans un silence total. Mon esprit divague parfois, mais Johanna me ramène souvent à l'ordre.

- Je vais rentrer, merci pour hier soir.

Je commence à me lever, les garçons discutent entre eux.

- Je te ramène, si tu veux Lia ?

Je secoue la tête négativement. N'étant pas très loin, je préfère rentrer à pied.

- Ne t'en fais pas, je rentre à pied. Je ne suis pas très loin, vraiment. Reste avec eux, ne t'embête pas. Et inutile d'insister, je te connais !

J'enfile ma veste tout en terminant de leur dire au revoir. Après les innombrables remarques et insistances de Johanna, je réussis à la dissuader. Je lui enverrai un message dès que je serai arrivée.

Avec un dernier regard à Johanna et Jayden, je sors. Hayden me fait un clin d'œil, toujours et toujours, hein. Je leur souris et ferme la porte derrière moi. Lia, tout va bien se passer sur le chemin. Il n'est pas là. Je prends une grande respiration et entame la marche jusqu'à chez moi.

C'est alors que je me dis que la peur freine les plus beaux élans du cœur et que celle-ci sera ma perte.

MIDDLE OF THE NIGHTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant