Prologue

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Quatre mois auparavant,

Forêt de Wichpon

L'obscurité de la nuit commençait à englober les environs alors que je continuais ma balade dans la forêt de Wichpon. Elle était facilement accessible par tous grâce à ses sentiers soigneusement balisés et éclairés, permettant ainsi de naviguer en toute confiance et en toute sécurité, même lorsque la nuit était tombée.

La sortie se dessinait à l'horizon, les lampadaires éclairant au loin le parking des voitures. Certes, je devais encore faire toute la descente à vélo pour rejoindre la ville.

Alors que le doux murmure des feuilles caressées par le vent s'accordait harmonieusement avec le son régulier de mes pas, offrant une mélodie presque musicale, mon esprit s'égara pour plonger dans une profonde réflexion concernant mon sort.

Je m'appelle Crystal Thornton et je peux voir le nombre de vies qu'il vous reste.

Voyez cela comme un jeu vidéo où nous naissons chacun avec quatre vies présentées sous forme de cœurs. Chaque fois que nous frôlons la mort, nous perdons une vie. Dès qu'on a atteint le zéro, nous mourons pour de bon.

Du moins, c'est ce que j'ai compris au cours de mes vingt-cinq années de vie. Le problème, c'est qu'il ne me reste qu'un seul cœur.

❤️

Un seul.

J'ai seulement vingt-cinq ans et ma vie ne tient qu'à un fil. Je ne peux plus avoir la chance de dire « j'ai frôlé la mort ». Le moindre risque mortel me coûtera la vie.

Généralement, les jeunes de mon âge ont encore au moins trois vies, quatre pour les plus chanceux.

Ai-je frôlé la mort trois fois étant petite ? Je n'ai aucun souvenir de mes huit premières années.

Je me suis arrêtée brusquement, prenant une profonde inspiration avant de relâcher un long soupir qui semblait emporter avec lui une partie de mes préoccupations.

Les nuits d'été étaient propices aux balades nocturnes, l'air ni trop frais ni trop chaud apaisait mes poumons assoiffés de tranquillité.

Le parking n'était plus très loin. Mais au moment où j'ouvris les yeux pour poursuivre ma route, mes pupilles se fixèrent sur une grande silhouette s'égarant des sentiers balisés de la forêt pour se précipiter à travers les buissons et les arbustes.

Or, quelques mètres plus loin, se dressait le vide.

Intriguée, je ne pouvais détacher mon regard de cet individu dont la détermination se lisait dans chacun de ses pas le conduisant droit vers le précipice. Un mélange de curiosité et de préoccupation grandissait en moi, incitant mes instincts à suivre discrètement cette étrange trajectoire.

Va-t-il sauter... ?

Une boule d'angoisse se forma dans ma poitrine, se serrant douloureusement à la simple idée de ce qui pourrait se produire. Je n'avais aucune envie d'être témoin d'une telle scène, mais je ne pouvais pas non plus détourner le regard et ignorer la situation.

Le mystérieux individu, vêtu d'un pull noir dont la capuche dissimulait son visage, demeura figé juste au bord du vide. Malgré son immobilité, je pouvais encore ressentir sa détermination.

Mon regard fixé sur lui, je savais au plus profond de moi-même qu'il était sur le point de sauter. La tension montait en moi, mêlant appréhension et impuissance devant la perspective d'un tel acte.

Que dois-je faire ?

- M-Monsieur ? l'appelai-je en faisant quelques pas vers lui.

Cependant, il semblait totalement insensible à ma présence. J'ai cru entendre un léger soupir provenant de sa part, puis il fit un pas en avant, se rapprochant dangereusement du bord. Le prochain pas qu'il ferait ne toucherait plus le sol.

Je me suis hâtée de m'approcher de lui, mes pas résonnant discrètement derrière lui. Alors que son corps commençait à pencher en avant, je me suis exclamée :

- Monsieur !

Dans un réflexe, j'ai attrapé son bras, cherchant à le retenir. Mais la réalité était bien différente des films ; je n'avais pas la force nécessaire pour le maintenir, j'ai tout simplement basculé dans le vide avec lui.

Il y a eu une fraction de seconde où j'ai pu apercevoir ses vies.

Il ne lui en reste qu'une aussi.

Nous nous dirigions tous deux vers une mort certaine. J'avais bêtement sacrifié ma dernière chance de survie pour périr aux côtés d'un étranger dont je n'avais même pas eu l'occasion de voir le visage.

Ma main était toujours fermement agrippée à son bras, mais mes paupières restaient closes, permettant tout de même à mes larmes de s'écouler librement.

De l'extérieur, la chute ne devait pas sembler très longue, mais de mon point de vue, cela semblait durer une éternité. La douleur me traversait déjà le corps, bien avant que nous n'atteignions le sol situé à plusieurs mètres en contrebas.

Le vent cinglant contre mon crâne alors que je tombais tête la première me torturait, exacerbant mon angoisse jusqu'à en devenir insupportable. Mes membres s'engourdissaient progressivement, l'un après l'autre, jusqu'à ce que ce soit la dernière sensation dont je me souvienne de cette chute interminable.

⚝⚝⚝

Mes yeux s'ouvrirent brusquement, révélant un ciel étoilé qui m'entourait.

Je réalisai alors que j'étais allongée au sol. Miraculeusement, mon corps ne semblait pas trop mal en point. Bien que je me sente engourdie, tant mentalement que physiquement, je ne semblais pas être blessée.

Une voix étouffée me parvint et je sentis une main me saisir.

Avec effort, j'essayai de rouvrir mes yeux que j'avais refermés par soulagement, et je distinguai la même personne qui se trouvait dans un état bien plus précaire. Il avait probablement rampé jusqu'à moi.

La peur noua mon ventre tandis que mes paupières se refermaient instinctivement. Je déglutis, espérant naïvement qu'il pourrait regretter son acte et qu'il envisageait peut-être de nous sauver.

Tentant toujours de reprendre son souffle, l'ombre qui voilait mes paupières me fit réaliser que son visage se trouvait juste au-dessus du mien. À travers mes yeux fatigués que j'avais à peine entrouverts, je ne pouvais distinguer que ses lèvres qui s'approchaient dangereusement des miennes.

Il va m'embrasser... ?

Non, ce n'était ni le moment, ni la personne.

Ce n'était pas un baiser, nos lèvres ne se touchaient pas. Alors pourquoi étaient-elles si près des miennes ? Pourquoi pouvais-je sentir son souffle se mêler à ma respiration ?

Et pourquoi ressentais-je de plus en plus une sensation de poignard s'enfoncer dans ma poitrine, la fatigue rongeant chaque muscle de mon corps jusqu'à me faire perdre conscience à nouveau ? Tandis que lui retrouvait de l'énergie, se levait et partait, me laissant là...

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Hello ! Je publie ma toute première histoire que j'ai commencé à écrire il y a deux mois, j'ai donc déjà beaucoup de chapitres d'avance ! Avec cette histoire, j'espère vous faire découvrir l'univers magique que j'ai imaginé et vous faire passer un bon moment de lecture.

Accrochez-vous, ça va aller très vite !

Le Coeur de Crystal | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant