Le Coeur de Crystal | Tome 1

25 | Souvenirs

Isidore m'avait confortablement installée sur le divan près de la cheminée pendant que mon équipe, ne voulant pas me laisser seule, se regroupait autour de moi, appréhendant ce qui allait se passer.

La sorcière revint de la salle des potions, tenant une jolie fiole contenant un liquide bleu. Elle me fit boire la potion qui, contre toute attente, n'avait aucun goût particulier, puis me donna des instructions.

— Habituellement, cette potion est utilisée pour se remémorer un souvenir dans le but de retrouver des détails auxquels nous ne faisons pas forcément attention. Cependant, avec mes pouvoirs, je vais d'abord t'endormir. Ensuite, avec la magie de la potion, j'essaierai de plonger plus profondément dans tes souvenirs, jusqu'à tes plus jeunes années.

Elle se plaça derrière moi, posant ses doigts autour de mon front et de mes tempes.

— Tu te retrouveras à un moment précis de ta vie. Malheureusement, je ne pourrai pas te rappeler tous tes souvenirs.

— Ce n'est pas grave, si je peux simplement avoir un aperçu de mon enfance, cela me suffira, souris-je à la sorcière.

Les rides d'Isidore se crispèrent lorsqu'elle me rendit un sourire. Mon cœur palpitait, j'avais l'impression qu'il allait bondir hors de ma poitrine. J'étais à quelques secondes seulement de me revoir petite, moi, et peut-être ma mère et mon père.

Enfin, j'allais avoir des réponses. Du moins, des indices.

— Endors-toi, ma petite, chuchota Isidore, avant qu'une énergie dorée ne voile ma vue et me plonge dans un sommeil paisible.

Mes yeux se rouvrirent brusquement. Je me tenais debout au milieu de ce que je reconnais être le village Sohacre.

Cependant, contrairement à mes souvenirs, le village débordait de vie. Un marché s'était installé près des maisons, où les habitants vaquaient à leurs occupations et faisaient leurs achats de la semaine.

Une mère faisait goûter à son fils les délicieux fruits proposés par un vieil homme. Je vis également une famille heureuse, une femme rayonnante et un père portant sa fille sur ses épaules, provoquant les rires de celle-ci. Puis un groupe d'enfants jouant à la marelle, puis deux vieillards se promenant paisiblement.

Ainsi était le village avant que ces personnes ne soient assassinées.

Grand-mère avait raison, le village Sohacre était un havre de paix. Comment un tel endroit avait-il pu se transformer en enfer pour ses habitants ?

Je réprimai les larmes qui montaient, scrutant les environs pour tenter de retrouver ma maison. Mon objectif était de retrouver mes parents, d'entrevoir à quoi ils ressemblaient.

Je quittai le chemin du marché pour m'engouffrer entre les maisons. Une fontaine se dressait devant moi, entourée d'enfants qui s'éclaboussaient joyeusement pour se rafraîchir du soleil qui brûlait leurs petites épaules.

Je souris en les voyant jouer aussi innocemment. Cependant, aucune petite fille aux cheveux blancs n'était présente.

Où suis-je donc ?

Je contournai une maison et d'autres apparurent devant moi. Alors que j'avançais doucement, un jeune garçon courut droit sur moi, ne semblant pas me voir. Paniquée, je n'eus même pas le temps de l'éviter.

Il continua sa course et me traversa tout simplement, comme si je n'étais qu'un fantôme. Je soufflai alors de soulagement.

— Mais tu triches ! Tu ne m'as pas attendue ! s'écria une petite voix aiguë, provenant de la maison à quelques mètres de là.