15 | Trahison

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Encore une fois, j'ai ouvert le café avec Eden, qui avait encore pris la peine d'aller nous chercher des viennoiseries. Même si je n'en avais pas goûté cette fois-ci, j'étais profondément reconnaissante car je ne voulais absolument pas faire le trajet en sa présence.

La patronne était également présente et, malgré son âge avancé, elle nous a gentiment aidés à servir les clients qui affluaient dès l'ouverture. Sa gratitude sincère se lisait sur son visage ridé, et j'étais véritablement contente de travailler pour elle.

De son côté, elle semblait également satisfaite de notre travail acharné, ce qui me réconfortait énormément après les nombreuses injustices que j'avais subies par le passé.

Lorsqu'elle est finalement rentrée chez elle en fin d'après-midi, j'ai attendu patiemment Stella pour qu'elle vienne nous relayer. J'ai observé mon collègue servir une table, où les filles présentes ont gloussé à son arrivée. Son sourire était beaucoup plus doux et naturel que d'habitude.

Quand il est revenu au comptoir, j'ai ri et taquiné :

On dirait presque que tu aimes ton travail.

Il a déposé le plateau sur le comptoir, et nos regards se sont croisés.

C'est plaisant de s'occuper d'un café si calme, m'a-t-il répondu d'un ton plus sincère que je ne l'aurais cru.

J'aurais presque parié que ce genre de travail aurait ennuyé le Prince des Maléfiques, si avide d'amusement, murmurai-je discrètement.

Il a souri, aussi naturellement qu'aux clientes.

Je t'avais dit que j'étais un homme doux au fond.

J'ai levé les yeux au ciel, exaspérée par sa réplique.

Enfin, Stella est entrée dans le café, nous a fait signe de la main et s'est dirigée directement vers le vestiaire. J'ai alors senti un souffle près de mon oreille. Je pensais que la conversation était terminée, mais visiblement pas pour lui.

Et puis, si je risque de m'ennuyer, tu es mon amusement, m'a-t-il murmuré.

Sa voix rauque, si proche de mon oreille, m'a donné des frissons involontaires. Je me suis rapidement éloignée de lui, puis je l'ai fixé du regard. Je ne voulais pas lui donner le plaisir de m'énerver comme d'habitude. La meilleure façon de frustrer ce genre de personnes était de les ignorer.

Alors, au lieu de lui répondre, j'ai pris soin du client qui attendait devant la caisse, préparé sa boisson et l'ai servi, lui souhaitant une bonne fin de journée.

J'ai accompli mes dernières tâches et regardé l'heure. Stella aurait dû me remplacer il y a dix minutes déjà, mais elle n'était pas sortie des vestiaires depuis son arrivée. Eden avait également disparu, peut-être était-il rentré sans prévenir.

Cela ne m'aurait pas étonnée qu'il se téléporte chez lui, étant donné que nous n'habitons pas loin du café et que cela ne lui demanderait pas beaucoup d'énergie. De plus, les Maléfiques n'ont pas de code. Il pourrait se téléporter devant les clients sans se soucier de quoi que ce soit.

Je n'aimais pas mettre la pression sur mes collègues, mais je devais rentrer chez moi, et aucun d'entre eux n'était dans les parages. J'ai soupiré, sentant une pointe de frustration monter en moi.

Après avoir servi mon dernier client et enlevé mon tablier, je me suis dirigée vers les vestiaires pour vérifier que Stella allait bien.

La porte était ouverte.

Lorsque je me suis arrêtée sur le seuil, j'ai vu Stella adossée à un casier. Eden, un bras accoudé au casier en question, s'était penché vers elle en lui tenant le menton.

Le Coeur de Crystal | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant