Le Coeur de Crystal | Tome 1

26 | Le Désespoir

— Comment vous sentez-vous ? demandai-je à la sorcière âgée, allongée sur le divan où j'étais moi-même quelques minutes auparavant.

Nous lui avions délicatement placé un chiffon humide sur le front, espérant que cela apaiserait sa fatigue. Lorsque je me suis réveillée de mes souvenirs, elle s'était effondrée, tombant dans l'inconscience.

Nous avons pris soin d'elle et au bout de quelques minutes, elle avait enfin rouvert les yeux. Cependant, elle semblait toujours épuisée, mais au moins, elle était consciente.

— Grand-mère, voici de la Pyrite, annonça Serafina en sortant de la salle des potions.

Elle lui tendit la pierre correspondant à son cœur. La sorcière prit la pierre et la garda dans sa main tremblante. On pouvait sentir une énergie apaisante émaner de la Pyrite, qui la rechargeait rapidement.

Elle reprit rapidement des couleurs, et nous fîmes tous soulagés de constater qu'elle semblait aller mieux.

— Merci, je me sens beaucoup mieux maintenant, nous rassura-t-elle, habillant son visage d'un sourire fatigué.

Elle tenta de se redresser légèrement pour mieux nous regarder.

— Je m'en veux de vous avoir demandé un tel service... avouai-je, me sentant coupable de lui avoir causé tant de soucis.

— Ce n'est pas de ta faute voyons, je suis celle qui t'ai proposé de récupérer tes souvenirs, chuchota-t-elle, cherchant à me rassurer.

J'étais tout près d'elle, avec Serafina à mes côtés, tandis que mes coéquipiers observaient la scène à un mètre de distance pour ne pas la déranger.

— Si j'avais su que cela allait vous mettre dans un tel état, je n'aurais jamais accepté.

Isidore eut une quinte de toux avant de reprendre la parole.

— Je vais bien, mon enfant, répéta-t-elle, tentant de rassurer sa petite-fille. À vrai dire, reprit-elle en me regardant, je ne savais pas non plus que j'allais finir dans cet état. Je suis peut-être âgée, mais pas au point de m'effondrer simplement en utilisant mes pouvoirs.

Je haussai les sourcils, cherchant à comprendre ce qu'elle voulait dire par là.

— Dis-moi, Crystal, qu'as-tu vu dans tes souvenirs ?

Je me remémorai tout. Le village, le marché, moi lorsque je n'étais qu'une enfant, mon ami, et ma mère... Les images défilaient dans ma tête, m'envahissant d'émotions contradictoires.

Ma gorge se noua et je fus incapable de lui répondre sur le moment.

— Est-ce indiscret ? Si c'est le cas... commença-t-elle, mais je l'interrompis rapidement.

— Non, non ! De toute manière, je suis tellement reconnaissante envers vous que même si ça l'était, je vous le dirais quand même.

Malgré mon désarroi, j'essayais de transparaître un minimum de gratitude sincère à travers mes yeux et mes lèvres maladroitement courbées.

— J'ai vu... Mon village, lorsque j'avais peut-être sept ou huit ans. J'ai aussi pu voir... ma mère.

Mes mots tremblaient tandis que je tentais de contenir l'émotion qui menaçait de me submerger à nouveau.

Je savais que cela allait arriver ; des larmes me remontèrent instantanément, tandis que mon cœur se resserrait douloureusement. Cela m'était impossible d'interpréter clairement ce que j'avais vu, mais malgré cela, ce souvenir me poignardait le cœur. C'était comme si j'étais plongée dans un tourbillon de sentiments contradictoires, où la joie de retrouver un fragment de mon passé se mêlait à la douleur de la perte.