Le Coeur de Crystal | Tome 1

32 | La Guerre

La foule criait d'effroi lorsque la dernière explosion retentit, secouant le château de toutes parts. Les visages paniqués se tournaient dans toutes les directions, cherchant à comprendre ce qui se passait. La fumée noire s'échappait des endroits où les explosions avaient eu lieu, se propageant rapidement et ajoutant une touche sinistre à l'atmosphère déjà pesante.

— Que se passe-t-il ? s'écriaient certains, la peur envahissant leur voix.

Dans un mouvement de panique, la foule se précipita à l'intérieur du château, dévalant les escaliers dans l'espoir de s'échapper de cette situation inquiétante. La tension était palpable, chacun cherchant à s'éloigner au plus vite du danger invisible qui les menaçait.

Je les suivis et descendis rapidement les escaliers, mais je fus arrêtée en plein milieu car la salle était bondée. Chaque recoin était pris d'assaut, et la foule était tournée vers quelque chose, ou plutôt quelqu'un.

En haut d'une estrade, vêtu d'un costume entièrement noir et scrutant la foule de son regard destructeur, se tenait Eden. Il se trouvait à plusieurs mètres de moi, et des centaines de personnes nous séparaient, mais l'aura qu'il dégageait était si intense et terrifiante qu'elle me pénétrait jusqu'aux os, me faisant trembler.

Et je n'étais pas la seule. Tout le monde autour de moi tremblait de peur également. Les murmures d'inquiétude et les échanges chuchotés amplifièrent l'atmosphère chargée d'appréhension.

— C'est qui, lui ? bafouilla un jeune homme à côté de moi.

Le Prince des Maléfiques... son regard sombre et menaçant ne prévoyait rien de bon.

— Chers sorcières et sorciers, commença-t-il.

Il était à si loin de moi, mais j'entendais ses paroles comme s'il les prononçait directement dans mes oreilles. Est-ce de l'illusion auditive ?

— Je me présente, Eden Darkmore, Prince des Maléfiques.

La salle fut envahie de cris de surprise mêlés à des cris d'effroi.

— Fermez-là ! cria-t-il, et sa voix résonna dans chacun de nos tympans, faisant sursauter plus d'un d'entre nous.

Je me demandai si c'était réellement la personne que j'avais côtoyée jusqu'ici qui se dressait devant nous.

— Avant de vous souhaiter à tous une excellente année, laissez-moi vous dire quelques mots.

Il scruta l'ensemble de la pièce de ses yeux glacials. Je n'étais pas sûre s'il m'avait remarqué, mais nos masques à tous étaient tombés, nous étions à découvert.

— Vous savez tous qu'une époque fut existante, où nos ancêtres, ne sachant pas qu'ils pouvaient se recharger par les pierres, se nourrissaient d'énergie humaine. Des siècles sont passés ainsi, jusqu'à ce qu'une loi pourrie soit mise en place par tous les clans, interdisant le drainage d'énergie humaine. Et tous ceux qui ont voulu perpétuer cette vieille tradition ont été cruellement tués. Mais qu'y a-t-il de mal là-dedans ? Voler l'énergie humaine n'est pas synonyme de leur mort.

Personne n'osait parler ni l'interrompre. Je cherchais des yeux mes amis, mais je ne les voyais pas dans les parages, pas même la Princesse.

L'ambiance était si tendue qu'elle me donna mal au ventre.

— Nous avons donc créé le clan des Maléfiques, un nom que vous nous avez vous-même attribués, pour tous ceux qui souhaitent se nourrir à nouveau d'énergie humaine. Nous avons voulu perpétuer cette vieille tradition dans notre coin, sans faire le moindre mal à personne. Mais là encore, vous nous avez rejetés. Vous nous avez menacés sans relâche, vous nous avez surveillés sans cesse, vous nous avez méprisés. Dites-nous, qu'avions-nous fait de mal pour que vous nous haïssiez autant ?