La lumière au bout du chemin.

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Elle n'était qu'une lumière blanche parmi tant d'autres. Il n'existait plus de haut ou de bas, elle nageait dans un océan immatériel, toujours plus près de ce qui semblait être un soleil. Elle se sentait aspirée, invitée même. Son être se tendit brutalement alors qu'elle touchait enfin au but. Des chaines de lumière l'empêchaient d'avancer. Pire, elles la tiraient en arrière.

Marie sentit l'inquiétude la ronger, son esprit n'arrivait plus à se situer. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Et les chaines la tractaient toujours plus loin, luttant contre le soleil.

Tout s'éteignit en un instant.

L'ombre dévora son champ de vision avant qu'une chaleur tendre l'enveloppe.

Boum.

Boum.

Boum.

Était-ce son cœur qui se remettait à battre ? La jeune fille se surprit à espérer mais elle ne pouvait toujours pas bouger. Son espoir s'amoindrit alors que le temps semblait défiler sans que rien ne se passe. La dryade s'efforçait d'assembler ses souvenirs. Chris fut le premier à hanter ses pensées. Elle l'avait vu être blessé et Krev avait aussi été touché. Elle se rappela du Cristal avec espoir, si son corps ne marchait pas, son esprit pouvait sans doute toucher l'Oracle.

Mais elle fut confrontée à un mur.

Elle ne pouvait rien atteindre ; ni le Cristal, ni sa forêt.

Sans doute était-elle encore trop faible pour utiliser ses pouvoirs.

La dryade s'assoupit, ou peut-être rêva-t-elle que ce fut le cas.

Des souvenirs s'entremêlaient furieusement dans son champ de vision. Son père lui apparut d'une clarté infinie avant de disparaitre en poussière d'étoile. Son chat se faufila sous sa couette avant qu'elle aussi se nimbe d'une lumière éblouissante. Elle entendit un prénom ; son prénom devina-t-elle, avant qu'il disparaisse aussi vite qu'il était venu. Toutes sortes d'images lui apparurent sans jamais qu'elles se fixent dans sa mémoire. Les éclats lumineux succédèrent immanquablement aux mirages jusqu'à ce qu'elle se sente épuisée. Sa conscience s'éteignit progressivement alors qu'elle se sentait plus légère qu'elle ne l'avait jamais été.

Son esprit était plus clair lorsqu'elle s'éveilla de nouveau. Pourtant, elle était toujours incapable de bouger le moindre muscle. Une certaine contrariété l'animait et même si personne ne l'entendait, elle pesta vertement contre son état.

« Patience, sœur dryade. Patience. »

A l'affut, elle tenta de questionner la forêt pour en savoir plus, mais cette dernière resta muette. Par moment, elle avait l'impression de sentir ses membres, comme des vestiges fantomatiques. Elle rêvait de pouvoir bouger à nouveau, d'attraper quelqu'un et de le secouer pour avoir des réponses. De savoir enfin si elle était morte ou pas.

Puis les angoisses ont commencé à enfler.

Le coma végétatif était une véritable option. Son âme avait peut-être décidé de retourner dans son corps alors qu'il avait été privé d'oxygène trop longtemps. Ainsi finissait Marie Martin, incapable de faire quoi que ce soit jusqu'à ce que la mort l'accueille enfin.

« Fait chier, pesta-t-elle intérieurement. »

L'ennui l'étouffait plus surement que la dague de Leiftan.

« Te souviens-tu ? lui demandèrent soudain les arbres après une longue période d'inertie.

- Je dois me souvenir de quoi ? s'agaça la dryade. Que je m'emmerde comme un rat mort ?

Quand les choses s'écorçent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant