Cessera sans tarder.

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Un fou rire la traversa comme un coup de tonnerre.

Elle aurait pu rentrer, elle était à deux doigts d'y arriver, mais elle ne l'avait pas fait. Était-ce par ce que le taure mourant l'avait attrapé par la cheville ? Sans doute en partie. La folie qui l'avait envahie s'était estompée, elle s'était rendue compte bien assez vite que son projet de rentrer ne se raccrochait à rien. La réminiscence d'une ancienne Marie qui n'existait plus.

Cet homme qui l'avait arrêtée dans sa course l'avait sans doute sauvée.

Son regard froid balaya la pièce et sa voix gronda à travers l'immense grotte.

« Alors c'est ça les fameuses ressources presque impossibles à trouver ? Vous sacrifiez les vôtres ? Charognards écœurants que vous êtes ! »

La colère vibrait contre ses cordes vocales alors qu'elle faisait demi-tour.

Elle emprunta le chemin en sens inverse sans que personne ne l'arrête, tant que la nuit sombre ne s'achèverait pas, personne ne l'arrêterait même si elle devait en perdre l'esprit. Elle ne croisa aucun des gardes dont elle avait altéré la mémoire. Ils avaient dû se douter que quelque chose clochait.

L'ascenseur n'était plus en bas. Tirant le levier, elle avait peu de doutes sur ce qui allait arriver à l'ouverture des portes. De longues secondes s'écoulèrent avant qu'un grincement retentissant n'annonce les nouveaux venus.

La renarde de feu, épaulée par son fidèle orc et deux des gardiens qu'elle avait dû neutraliser.

La faelienne arbora un sourire condescendant.

« Amusant, n'est-ce pas ? Effacement de mémoire, mensonges, instrumentalisation des faeliens, gronda-t-elle. Et toi Miiko, tu as osé me parler de confiance ? »

La kitsune observait la jeune fille, droit dans les yeux. Mais, Marie n'était pas dupe. C'était de la crainte qui voilait ses yeux. Cette nuit, c'était la pauvre humaine qui avait l'avantage. Un nouveau fou rire lui noua les entrailles.

« Vous auriez dû me tuer. C'est fou, pas vrai ? Mais non, susurra-t-elle, vous avez préféré faire de moi un monstre. »

Elle vit la renarde déglutir discrètement. Se dirigeant d'un pas vif jusqu'à celle qui l'avait bernée, elle fut arrêtée par la masse imposante de Jamon. Son regard porcin était serein, il était prêt à se sacrifier. La dryade eut un élan de sympathie pour lui. Il était l'une des rares personnes à ne jamais avoir proféré un mensonge pour la tromper.

« Nous pouvons tout t'expliquer, commença la cheffe de l'étincelante, suis-nous et tout sera beaucoup plus clair pour toi. »

La fin de sa phrase sonnait comme un ordre.

Les veines de Marie commencèrent à irradier, teintées d'une fureur irraisonnée.

« M'expliquer maintenant que je sais tout ? Que j'en sais sans doute même plus que votre misérable garde ? »

Le sang bouillonnait dans sa tête, elle attrapa le bras de Jamon fermement, volant ses souvenirs graduellement. Elle pouvait les voir dans l'ascenseur, la kistune se rongeant les ongles convulsivement tandis que les deux gardes venus la prévenir lui expliquaient la situation.

« Guettez une ouverture et maîtrisez-la. Nous l'enfermerons le temps qu'il faudra. Ses repas lui seront servis aux heures diurnes et, si elle n'entend pas raison, nous l'abattrons. »

Une boule se forma dans la gorge de la jeune fille. Ils n'avaient jamais eu l'intention de lui parler. Les deux gardes en profitèrent pour la plaquer au sol. Comme s'ils pouvaient quoi que ce soit contre elle. Elle leur arracha leurs souvenirs, sans aucun effort. Seule la renarde resta consciente. Se relevant lentement, la dryade lui attrapa les deux bras. Un sursaut de terreur pure secoua l'épiderme de la femme vulpine.

Quand les choses s'écorçent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant