Shayn
Maintenant.– Remet-les, dis-je d'une voix rauque.
– Shayn.
Je lui gratifie d'un regard noir en lui faisais un signe vers les boîtes de conserves tombées dans l'herbe. Elle souffle, se baisse et les remet en place. Mon calibre pointer vers les métaux, je les dégomme une à une. Mon corps est raide, si tendu que j'ai des courbatures qui se propagent au moindre mouvement. À chaque fois que mon index roule sur la gâchette, mon corps ressent une multitude de décharge. Mon cœur, quant à lui, ne fait que tambouriner, se laissant aller, plus les minutes passent.
"Je suis sûre qu'Atlas doit se retourner dans sa tombe. Tu sais à quel point il détestait quand tu jouais de moi, pas vrai ? À ton avis, il en pense quoi, Shayn ?"
Sa voix tremblante, ses mains qui bougeaient sans interruption, ses yeux qui tournaient entre nous trois et sa respiration haletante est encore dans ma mémoire. Tandis qu'elle s'évertuait de ne pas faire passer ses émotions dans ses iris gris, son corps, il parlait pour elle-même.
– Shayn, me prévient-elle.
– Ferme-là, Emilia.
Ses bras croisés contre son buste, elle s'approche de moi d'un pas assurée alors que je reste dans ma position et que je tire ; cette fois-ci, dans le vide. La balle se loge dans le tronc d'un arbre, ébréchant des parties. J'abat toutes les chances de survie aux bactéries qui essaient de se faire un chemin. Je vide mon chargeur, les munitions au sol.
Personne ne peut m'arrêter.
Ses mots, ses gestes, ses yeux révulsés par nos actes, son corps... tout me revient en pleine gueule. Le trou dans ma poitrine s'est agrandi quand elle a claqué la porte. Et je suis parti dehors, suivis de Hugo qui essayait de me retenir. Emilia, quant à elle, m'a suivi dans le bois, derrière cette maison. Puis j'ai sorti mon flingue qui était coincé dans mon pantalon, m'enivrant, me sentant utile pour quelque chose, enlevant toute la destruction que je lui ai causé. Avec de l'adrénaline, en plus.
– Shayn, arrête ! crie-t-elle.
Je ne l'entends pas. Je suis tellement focalisé sur ce que je suis en train de faire que je ne sens pas sa présence à mes côtés, ni même sa main sur mon bras, essayant d'abaisser l'arme que je tiens.
– Bon sang, arrête, tu es en train de te faire du mal pour rien. C'est de ma faute, pas la tienne.
Si, ça l'est.
Je ne suis pas énervée pour ce que j'ai fait. Je n'ai rien fait, si ? Elle a embrassé un putain de gars et je suis resté dans mon coin, focalisé sur ses lèvres qui martelais une autre bouche, avidement. Et ses mots qui me hantent et qui provoquent un brasier à l'intérieur de moi, brûlant chaque parcelle, chaque cellule, comme une cigarette se laissant consumer, jusqu'au mégot.
"Atlas doit se retourner dans sa tombe."
"À ton avis, il en pense quoi ?"
Ses yeux étaient si sombres qu'on aurait dit deux fentes d'un puits sans fonds. Avant, elle se serait effondrée avant de dire quoi que ce soit. Elle aurait fui parce que c'est ce qu'elle sait faire de mieux. Mais là, elle nous a affronté, le regard bien ancré, avec cet air impassible, comme si elle ne ressentait plus rien. Comme si elle était déjà morte.
Elle a raison. Atlas m'aurait tué.
Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que personne n'a joué ce soir-là. J'étais là par pure coïncidence et j'aurais aimé ne pas voir ce spectacle et ses lèvres sur un autre. J'aurais mieux fait de m'abstenir.
VOUS LISEZ
𝗪𝗢𝗥𝗡 𝗦𝗧𝗢𝗡𝗘 | 𝘁𝗼𝗺𝗲 𝟭
Storie d'amore𝑺𝒊 𝒕𝒖 𝒏'𝒆𝒔 𝒑𝒂𝒔 𝒖𝒏𝒆 𝒊𝒍𝒍𝒖𝒔𝒊𝒐𝒏... ...𝒔𝒆𝒓𝒂𝒔-𝒕𝒖 𝒕𝒐𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒔 𝒍𝒂̀ ? Six ans plutôt, Aspen est parti. Laissant ses angoisses, ses peurs, ses larmes et son dégoût à l'école privée de Brentwood, elle a levé le cap et s'est...