Les voilà désormais coincés ici, pour une durée encore indéterminée. L'endroit n'est pas le mieux pour attendre de potentiels secours. Les rares interstices de lumière avaient été refermés suite à l'éboulement causé par Miiwas. L'air est lourd, imprégné de l'odeur caractéristique de la terre mouillée et de la moisissure. La température est fraîche, voire froide, accentuée par l'humidité ambiante. Des gouttelettes d'eau tombent sporadiquement du plafond, ajoutant une dimension de suspense à l'atmosphère déjà pesante. La pénombre voire l'obscurité rend difficile la perception des détails, créant une sensation d'isolement et d'incertitude. La lumière est devenue un bien précieux, dont l'absence pèse sur le moral de Yazier et Tsya sans qu'aucun des deux ne le verbalisent.
Les journées s'écoulent lentement, marquées par l'attente et l'incertitude de voir Wazn et Pavco revenir avec des secours. Les visages autrefois remplis d'espoir sont maintenant empreints d'une légère résignation. Miiwas est un wendigo, cela ne surprendrait personne s'il resterait en stase devant la grotte, tel le prédateur qu'il est pour bondir sur le duo dés qu'il les apercevraient, même après plusieurs jours . Chaque jour qui passe renforce l'idée qu'ils doivent trouver un moyen de s'échapper de cet endroit en évitant Miiwas à la sortie. Mais comment faire ? Ils avaient beau se creuser la tête, aucune idée ne semblait assez bonne. L'attente était leur seule et dernière option.
Ils restèrent bloqués tellement longtemps dans cet endroit qu'ils en avaient perdu le fil du temps. Cela faisait-il quelques jours ou plusieurs semaines qu'ils étaient là ? C'est alors qu'un mal apparut en Tsya. Un mal encore inconnu pour elle. Il le faisait souffrir plus que de raison. Ce mal c'était la faim, la vraie faim, celle qui dicte les actes et les pensées, celle qui demande qu'une chose : être calmé. Ainsi, la jeune femme aux cheveux blonds contemplait alors sa main droite, elle voyait désormais en ce membre une forme de festin. Non, voyons elle n'allait pas se consommer elle-même, c'était trop barbare, même dans cette circonstance. Peut-être que... ce beau militaire aux muscles saillant et donc de haute qualité permettrait de la rassasier. Avec envie, elle se rapprocha pas à pas de Yazier Convair, doucement. Au moment où elle son visage n'était plus qu'à un mètre du membre du lieutenant, ce dernier soupira :
« Tu sais... j'avais un chien quand j'étais gosse.
-Hein ?-Il s'appelait Twist, c'était mon meilleur ami, je rêvais d'être maître-chien uniquement pour travailler avec lui. Tu aurais dû me voir entrain de chialer quand il est mort, ah ah...
-...-J'avais à peine 12ans et j'ai oublié cette idée pour rentrer dans l'infanterie...
-Pourquoi vous me racontez tout ça maintenant ?-On se connait à peine malgré le fait qu'on bosse ensemble. Si d'ailleurstu veux te confier sur quelque chose c'est le moment.
-...
-Te sens pas...
-Maman était... elle ne s'est pas rendu compte que sa souffrance, son mal, me faisait aussi souffrir.-Quoi, qu'est-ce que tu racontes ?
-Quand j'étais enfant on s'est fait cambrioler et ma mère en a été marqué.
-Je...
-Elle l'avait vue avec son pied de biche et son immense sac. Après ça, elle était devenue parano, m'empoissonnait la vie. Là j'ai... je suis passée de l'autre côté.
-Tout s'explique enfin, je veux dire, tes racines tout ça. »
Tsya coupa la parole du lieutenant, pris la cigarette de la bouche du lieutenant pour la fumer à son tour.
« Il est vrai que ça calmait un peu la faim qui la rongeait. En ricanant Yazier déclara :
« Evite de refaire ça, ma dernière clope a pas besoin d'être tiré par tes soins. A la limite, tire sur autre chose qui me ferait moins chier.-Je vous trouve de moins en moins fin sur vos remarques, c'est dommage.
-Que veux-tu, mélanger frustration et enfermement ça fait des ravages. »
Pour la première fois depuis qu'ils ne se connaissaient ils avaient une discussion qui dépassait le soliloque du militaire, comme s'ils avaient passé un stade de relation, au-delà du simple chef-subalterne,transcendant les barrières hiérarchiques, créant une sorte de camaraderie. Le lieutenant fouille alors dans ses poches à la recherche de son paquet de cigarette. Ses doigts effleurèrent le carton usé jusqu'à ce qu'il le saisisse enfin. Quand il l'ouvrit, son regard annonça un funeste évènement : il s'agissait de sa dernière cigarette, l'ultime clope de Yazier dont les mégots seraient le final bout de passe-temps du militaire avant longtemps, son dernier réconfort. Un soupçon de mélancolie se mêla à son sourire avant qu'il n'allume sa cigarette et dise dans un éclat de rire :
« Je pense que je vais mourir avant toi, enfin bon, j'en aurais bien profité.
Son ton était à la fois teinté d'ironie et empreint d'une certaine résignation face à l'incertitude de leur destin. Dans ce moment d'intimité partagée, ils se sentaient tous deux vulnérables, conscients de la fragilité de leur existence dans cet environnement hostile. Les mots du lieutenant étaient empreints d'une acceptation presque fataliste de leur sort.
Pendant un instant, le silence enveloppa la grotte, interrompu seulement par les volutes de fumée qui s'élevaient de la cigarette consumée. Chacun était perdu dans ses pensées, absorbé par le tourbillon d'émotions contradictoires qui les envahissait.
Tout n'était pas perdu, cette phrase était importante, il fallait s'en souvenir. La libération pouvait arriver.
Soudain, une lueur faible et tremblotante illumina le visage tendu de Tsya. Les yeux écarquillés, elle pointa du doigt un passage étroit et ombragé, à peine visible au-delà de la pénombre. Le duo se rassembla instinctivement autour de lui, prêt à suivre cette mince lueur d'espoir.
La lumière se fit plus grande, plus intense, jusqu'à se qu'elle fasse ressortir un militaire dont le visage était recouvert par un foulard: Wazn Gary.
Le visage de la libération serait donc celui du russe.
Wazn tendit sa main et dit avec une voix des plus rassurantes: " je suis là pour sauvez vos miches mes chéris" Ses paroles résonnaient dans l'étroitesse du passage, l'humour décontracté du russe fit un bien fou. Tsya saisit la main en premier que Wazn lui tendait avec confiance, et il la guida à travers le passage obscur. La lueur qui les avait guidés grandissait de plus en plus, éclairant leur chemin d'une lueur dorée. La tension et l'incertitude qui avaient enveloppé Tsya et Wazn s'estompaient peu à peu.
Ils émergèrent finalement de l'étroit passage pour redécouvrir le paysage de forêt et de plaine qu'ils avaient quittés auparavant. Tsya et Yazier échangèrent un regard empreint de soulagement et de gratitude. Ils étaient libres, enfin.
Désormais, ils pouvaient réfléchir de manière pleinement consciente de la suite des évènements. Tsya savait quoi faire désormais, elle devait retrouver Miiwas et le défier en face à face, seule.Tsya déclara donc son idée à Wazn et Yazier et retourna sur les lieux où ils avaient trouvé Miiwas la première fois. Elle n'avait pas tort de faire ça, le wendigo était bel et bien là. Recroquevillé sur lui-même, peut-être qu'il culpabilisait de son acte. Tsya sortit son arme, désormais elle allait remplir sa mission: abattre Miiwas.
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Blodbad
ParanormalPourquoi une condamnée en prison pour exécuter cette mission ? Personne ne le sait et puis de toute façon ce n'est pas important. On a demander que ça soit elle alors elle le fera.