Blodbad partie 9

2 0 0
                                    

     
            "C'est comme ça qu'ils appelaient", cet être aussi monstrueux soit-il, cet être ayant attaqué, lacéré, déchiqueté, dévoré n'était qu'avant toutes ses expériences,  un homme. Un homme dont on avait oublié jusqu'au nom même, le remplaçant par surnom barbare, lui effaçant les dernières traces d'identité qu'il possédait, les derniers restes de son humanité. Pavco, toujours aussi antipathique raconta alors comme il avait su tout ça, comme si on récitait une liste de courses ou que l'on donnait l'heure, avec le même ton totalement détaché de la situation comme si rien de grave n'avait eu lieu:

      "-C'était il y a quelque temps déjà, après presque dix ans de formation avec mon maître il fallait que je prouve mes compétences. C'est pour ça que j'ai eu pour mission d'infiltrer selon les dires de mon maître "un endroit hautement surveillé" c'est pour  cela que je me suis retrouvé.e à Andere, comme je te l'avais raconté ma chère Tsya. J'ai pris tous les chemins que je vous ai montré, strictement les mêmes, la seul différence c'était que j'étais seul.e, pas de compagnon. Quoique ça m'a permis de bien me cacher, je crois que même le vent était plus visible pour les gardes que moi à ce moment-là. Après plusieurs tentative pour rentrer dans le cœur même de la base, je suis arrivé.e dans cette pièce. Elle était très éclairée, ça m'en faisait limite mal aux yeux, je me suis donc rapidement mis dans un pan de mur pour ne pas trop avoir à faire à l'éclat des lumières. C'est alors que les gens en blouse blanche sont rentrés, heureusement qu'ils étaient tous aveugles puisque je me suis jamais fait remarquer. À un moment ils se sont mis à parler avec pleins de mots bizarre, un peu trop complexe pour moi je crois. J'ai juste compris que Miiwas avait bien atteint l'état voulu. Là j'ai compris que Miiwas c'était le truc ressemblant un cerf géant à l'état de cadavre dans la pièce d'en face. On pouvait le voir car il y avait juste une grande vitre en plexiglas qui séparait les deux pièces. Il gémissait avec une voix bizarre, ça, ça m'a marqué, ça ressemblait ni à un pleur d'humain ni à un cri de bestiole. Après plusieurs heures  à être caché.e dans mon trou, tous les scientifiques sont enfin partis, j'en ai enfin profité.e pour sortir de ma cachette et là j'ai vu Miiwas, je l'ai regardé les yeux dans les yeux et dans son regard j'ai réussi à ne voir qu'une seule émotion. C'était pas de la haine ou même de la tristesse, c'était un sentiment de chasseur, la faim se lisait dans son regard, je pense qu'il aurait mangé toute l'équipe des blouses blanches si il aurait pu. Finalement je suis reparti.e en le laissant là, j'avais quand même pris la peine de discuter un peu avec lui et je l'avais même surnommer "L'incorrigible affamé". Je pense que mon petit coucou à la fin lui a donné le déclic pour faire ce qu'il a fait ensuite. Je crois que c'est tout ce que j'avais à dire.


-Mais.... pourquoi, pourquoi ne se met-il à tuer des soldats,  mes soldats ceux de mon unité  depuis seulement quelques semaines ? Il a l'air d'être en liberté depuis  plusieurs mois à ce que tu dis...

-Je vous rassure mon lieutenant, je ne pense pas qu'il en veut à votre unité personnellement c'est juste qu'il voulait se nourrir rapidement et comble du bonheur pour lui, Saiph est juste à côté. Et pour la question du "que maintenant" je pense qu'au moment où il s'est enfui il avait encore un semblant de conscience humaine, et il a du la perdre au fil du temps, le pauvre petit."

Tsya resta muette, il faut  dire qu'elle ne savait pas trop comment réagir, l'être qu'elle avait vu se mouvoir dans la nuit juste après s'être repu d'un homme n'était qu'autrefois un misérable homme torturé ? Le dire était une chose, l'admettre une tout autre. Toute l'unité Blodbad resta dans un étrange silence, ceux qui sont comme imposés par les choses. Ce fut le lieutenant Convair qui brisa ce moment de calme:

"Bon, tout ce que nous venons d'apprendre au sujet de Miiwas doit rester entre nous, si le colonel Acasseis vous demande quoique ce soit parlez de toutes les autres infos trouvées ici..

-Vous n'avez donc pas compris lieutenant, même moi j'ai réalisé tout le plan de notre cher Acasseis.  Je crois qu'il était déjà au courant de ce "projet Miiwas" je pense même qu'il voulait qu'on tombe dessus justement..."

La réponse de Pavco eut l'effet d"une masse mais semblait pourtant si logique. Il est vrai que cette mission n'avait pas réellement de sens si on enlevait cette possibilité. Le colonel voulait savoir ce que mijotait Andere et qu'elle était son lien avec la bête et grâce à Blodbad il venait de le trouver. 

Tout le groupe, après avoir pris conscience de tout ce que cela impliquait, décida de quitter les lieux. Après tout, rester ici trop longtemps pourrait être dangereux et se faire repérer maintenant avec toutes les informations qu'ils avaient ne serait clairement pas la meilleure chose. Le groupe quitta Andere par le même chemin utilisé pour rentrer de manière une fois encore discrète. Tandis qu'elle s'éloignait dans la sombre nuit de la base, l'unité se questionnait encore sur une chose: Devaient-ils tout dire au colonel, si oui que se passerait-il ? Dans tous les cas, cela aurait des  conséquences non-négligeable sur le futur de Blodbad. 

Tandis que la nuit courait à son terme, laissant à la place les premiers rayons de l'aurore, toute l'équipe arriva enfin au bercail qu'était devenu le camp de Saiph.  L'adjudant Gary les attendait, non loin des portes de la base, malgré son masque cachant sa bouche on comprenait très bien qu'il souriait, probablement rassuré de voir toute  l'équipe saine et sauve. Wazn se rapprocha de Tsya et lui dit dans un souffle pour que elle-seule entende:

"Je pense qu'il est ravi que tu sois encore là" 

   
Tsya, comme à son habitude ne répondit pas mais elle savait très bien de qui Wazn parlait, elle ne pensait pas qu'elle compterait un jour pour quelqu'un, surtout pour lui. Elle ne voulait tout simplement pas y croire,  malgré les dires de l'adjudant.  Yazier s'avança de plusieurs pas pour se retrouver face à Wazn, son regard n'était pas dur pour une fois mais déterminé. Il prit une grande inspiration avant de souffler longuement dans la même verve. Il annonça à son camarade dans une voix sur et engagé: 

"Je vais devoir m'entretenir avec le colonel Acasseis suite à l'opération Banshee,  réalisé par l'unité Blodbad sous mon commandement afin de faire un rapport. Est-ce que tu pourras pendant cette période, qui risque de durer un bon paquet d'heures, rester avec Tsya et Pavco ? Je pense que c'est important que tu discute un peu avec eux, on ne sait jamais ce qui peut en résulter..."

L'adjudant Gary, bien qu'un peu étonné ne refusa pas la demande de son "supérieur" et acquiesça d'un geste de la tête. Le lieutenant Convair fit alors un pas pour se retourner et se retrouver face à ses deux subordonnés. La phrase qu'il dit à ce moment-là, et même si elle était prononcé à voix haute ne pouvait être comprise que par eux deux:

"Je vais tout lui dire, ne vous en faites pas."

BlodbadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant