Son visage, désormais à nue rayonnait à la face du monde, des traits fins et pures tels ceux d'un ingénu enfant, une peau nacrée étincelante surplombée de ses deux magnifiques yeux verts. Son œil gauche enfin visible nous dévoila enfin son secret: ce dernier était bien plus sombre se rapprochant plus d'un vert jungle foncé que son homologue droit. Est-ce que c'était cette élégante difformité que Pavco voulait cacher aux yeux du monde ? L'arlequin avec un grand sourire déclara alors dans un petit rire narquois qui semblant pourtant tant lui ressembler:
"Mon œil gauche c'est un peu mon fardeau à moi, depuis que je suis enfant j'ai toujours eu du mal à voir avec. Une vision toujours trouble comme si comme si le monde qui m'entourait était sans cesse entrain de vibrer ne donnant une image nette, leur vraie nature. Je vivais dans un monde brouillé , j'ai fini par devenir aussi détraqué et altéré que ma vision, c'est drôle quand on y pense non ? J'ai appris que plus tard que c'était de l'astigmatisme, que c'était pas grave, que ça se pouvait se soigner. Mon maître, celui qui a fait de mi l'espion que je suis, lui il ne le voyait pas comme ça. Pour lui c'était un défaut qu'il fallait à tout prix cacher si on ne pouvait pas l'éradiquer sur le champ, en plus, comble de joie cet œil détonnait trop de sa couleur foncé par rapport à l'autre, il m'a alors dit de le cacher. Cela fait maintenant plus de quinze ans que je porte ce loup, quinze longues années avec ce masque cachant la couleur discordante de mon œil et sa tare. Vous savez, avec ce truc sur le visage je n'ai jamais pu plus rien voir avec mon œil gauche, il cache bien pour les gens me regardant qui ne voit qu'une tache noir et de l'autre côté il est trop opaque pour que je vois la moindre chose. Maintenant que je l'ai enlevé je vois pas trop la différence, tout est aussi troublé si ce n'est plus je distingue à peine les formes de vos magnifiques bouilles avec mais bon c'est pas si grave. Adjudant Gary, merci, vous ne comprenez surement pas pourquoi, mais c'est la première fois que quelque chose m'emballe autant, que je décide par moi-même de ma vie. C'est un peu bizarre comme sensation d'avoir le contrôle mais je pense que je m'y ferais.." L'arlequin s'assit alors sur la banquette noir au coussinet de même couleur trônant en face du piano de l'adjudant, son regard brillant d'une nouvelle flamme. Pavco se mordilla légèrement la lèvre, comme si une envie de se confesser le rongeait petit à petit, iel se leva juste quelques secondes après, rigola d'un rire déroutant, sa voix passant d'une hauteur à une autre tel un grand huit.
"Luwig... j'aime bien ce nom comme je l'ai dit, ça sonne comme quelque chose de glorieux, avec un sens très profond. Jinka, Convair ou même Gary, vous avez tous de jolis noms... j'ai jamais eu le droit d'avoir cette honneur. Depuis que je suis sous la tutelle de mon maître ça n'a toujours été que "Pavco", je veux tellement, ne serait-ce que ressembler un peu plus à un être humain normal, avec une identité plus banal, un vrai prénom, un âge connu et précis. Je n'ai pas encore tout ça mais j'ai envie de le prendre moi-même, de mes propres mains, je pourrais enfin être fier.e de quelque chose dans ma vie. "Pavco Ludwig".... ça le rend bien, vous en pensez quoi mon adjudant ?
-Ce que j'en pense ?
-C'est un peu grâce à vous que j'ai le désir de développer un peu plus qui je suis, puisque je vous en suis en reconnaissant je vous demande humblement un avis.
-Eh bien... honnêtement j'aime bien l'idée, si cela vous permet d'avoir un peu de bonheur dans votre vie je ne vois pas pourquoi je m'y opposerai après tout."
En entendant cela, le visage de Pavco s'éclaira, il se dessinait dessus un grand sourire éclatant, Pavco semblait ressentir pour la première depuis bien longtemps du bonheur, du vrai bonheur. L'arlequin se pavana dans la pièce, enchaînant plusieurs mouvements erratiques et illogiques les uns des autres avant se poser d'un geste vif et déterminé sur le tabouret de cuir noir accompagnant le piano. L'arlequin retira pour la première fois ses gants blancs immaculé, les posa sur le bord de l'instrument avant de lever ses deux mains au dessus des touches blanches et noir. Subitement, ses paumes redescendit sur le piano, appuyant successivement et à une vitesse très originales sur les différentes touches. Ni le rythme, ni la mélodie, ni même les suites de notes jouées ne semblaient exister, Pavco semblait l'avoir inventé, iel inventait au fur et à mesure qu'iel jouait, c'était son cœur et non sa tête qui décidait. La musique alors produite transperça le cœur de l'adjudant et de l'ancienne prisonnière. Elle n'était pas particulièrement belle ou complexe mais elle était juste et sincère, c'était largement suffisant. Tsya sentait que cela lui faisait du bien, elle n'était certes pas émue par la ballade proposée par l'arlequin mais cela lui faisait quelque chose. Pavco arrivait désormais à toucher le cœur des gens, c'était peut-être ça, sa véritable identité, son véritable but dans la vie. Une fois la musique achevé, Wazn se mit à fixer longuement l'arlequin suite à son étonnante prestation, impassible et stoïque. Son regard, seul indicateur d'émotion sur son visage masqué semblait bien étrange. Ce n'était pas pas un regard emplit de tristesse ou même de joie mais plutôt de doute, comme si le militaire hésitait à faire part de quelque chose à ses deux protégés. Soudain, son choix fut fait, plus aucun doute ne venait embrumé sa vision. Il s'avança vers les deux marginaux, prit une longue inspiration avant de souffler tout aussi longtemps et confia alors:
"Bon je pense que vous le saurez un jour ou l'autre alors autant que ça soit venant de moi ou de Yaz, parce que on vous a pas tout dit. Je vais vous expliquer exactement comment s'est passé suite au fameux incendie qui m'a donné cette gueule pareil."

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Blodbad
ParanormalPourquoi une condamnée en prison pour exécuter cette mission ? Personne ne le sait et puis de toute façon ce n'est pas important. On a demander que ça soit elle alors elle le fera.