Chapitre 21

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Il est presque vingt-trois heures quand Dante quitte mon appartement. Tout en me dirigeant vers mon atelier, je baille bruyamment et m'étire, les bras en l'air. J'ouvre la porte et aussitôt, un léger frisson me traverse en entrant dans la pièce de laquelle j'avais éteint le chauffage dans l'après-midi.

Cependant, avec l'arrivée de la nuit, les températures extérieures ont bien chuté et celle intérieure avec. Je me précipite vers le radiateur et le rallume aussitôt en croisant les doigts pour que ça remonte rapidement parce que sinon je ne pourrais pas travailler. J'en suis incapable si je suis frigorifié.

Je m'installe tout de même à mon bureau, face à la baie vitrée. Je souris en apercevant le ciel au-dessus d'un immeuble et imagine un ciel étoilé. Dans un élan instinctif, je récupère un crayon et commence à griffonner un paysage que je pourrais intégrer à mon projet actuel. Il ferait une magnifique double page à la fin. 

Comme à chaque fois que l'inspiration est puissante, mon cœur s'emballe comme si mon idée était la meilleure de l'univers. Mon objectivité n'est alors plus d'actualité. Ma main bouge frénétiquement, se dépêchant avant que la représentation dans mon cerveau s'efface.

Mais avant que je puisse terminée, mon attention est détournée par la vibration de mon téléphone. J'hésite un instant à le snober puis finalement, je le cherche et le découvre dans mon tiroir. Je grimace en voyant que j'ai reçu de nombreux messages et loupé quelques appels. Tous venant de Swann.

— Zut, soufflé-je. 

Sans prendre la peine de lire ses textos, je lance un appel d'un geste rapide. Une première tonalité retentit et il décroche déjà.

— Tu sais que j'étais sur le point d'envoyer la police et les pompiers chez toi ?

Sa voix est un mélange de taquinerie et d'inquiétude avec une légère pointe d'énervement.

— Je suis désolé, me contenté-je.

— Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

— Rien, juste j'avais oublié mon portable dans mon atelier.

— Et toi, tu étais où ? me demande-t-il.

— Dans le salon.

— Pourquoi tu n'as pas pris ton téléphone ? On avait dit qu'on s'appellerait.

— Je suis désolé, répété-je. J'avais oublié.

Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise et ferme les yeux en me remémorant le moment où Swann m'avait proposé qu'on s'appelle ce soir vu qu'il serait pris toute la journée dans une randonnée en pleine nature avec des amis où il ne capterait pas.

— Il est arrivé et on a tout de suite cuisiné. J'ai pas vu le temps passer.

— Il ? s'étonne Swann. Tu as passé la soirée avec qui ?

— Dante.

— Dante ? Ton voisin c'est ça ?

Quelque chose dans le ton de sa voix m'indique qu'il n'est plus aussi avenant que précédemment. J'ouvre les paupières, mon sixième sens aux aguets.

— Ouais, me contenté-je.

— Celui qui a débarqué pendant notre rencard ? insiste-t-il.

— Oui.

— OK.

Un silence désagréable nous enveloppe alors. Je grimace parce que j'ignore ce que je dois dire à présent. Il ne me semble pas avoir fait quelque chose de mal et pourtant, j'ai la sensation que pour Swann, il y a un souci. Mais j'ai peur de ce qu'il pourrait me dire si je lui demandais si c'est le cas. Je me mordille la lèvre, cherchant mes mots.

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