Chapitre 2

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Ma lampe éclaire à la perfection mon bureau dont mes doigts tapent la surface en rythme. Depuis de longues minutes, mon regard fixe un point dans le vide. Assez longtemps pour que le soleil se soit déjà couché à l'horizon, derrière les immeubles. Le silence que les fenêtres fermées m'offrent laisse mon cerveau réfléchir à toute vitesse.

J'avais passé l'après-midi à faire semblant de travailler. Mon esprit est trop embrouillé, presque scindé en deux. Cela m'empêche de dessiner correctement. Je devrais être en train de m'occuper de mon dernier chapitre mais mon imagination refuse d'aller plus loin que la simple idée d'attraper mon stylet. Elle est complètement tournée vers une autre histoire que je n'ai pas le droit de créer pour le moment.

— Il est dix-huit heures, Andrian, annonce Céleste depuis le salon.

Sa voix est claire grâce à la porte légèrement ouverte. Ma paume se pose doucement sur le bois de mon bureau et le frôle à plusieurs reprises. Je secoue la tête pour me remettre les idées au clair. Je déglutis en jettant un coup d'œil aux fenêtres allumées de l'immeuble d'en face. De cette pièce, on a la même vue que depuis le salon et accès à la terrasse aussi. J'ai choisi d'installer mon atelier ici pour cette raison, en plus du fait qu'il y ait plus d'espace.

— Je dois y aller.

Bien qu'elle ne puisse pas me voir, je hoche la tête en réponse à sa déclaration. Elle tapote doucement à la porte mais n'attend pas que je l'invite à entrer. Je ne me tourne pas vers elle parce qu'à présent, je suis certain qu'elle a remarqué que je n'avais rien fichu. De toute façon, elle avait dû le réaliser avant, elle voit tout tel l'œil de Sauron.

— J'ai rencard ce soir, me dévoile-t-elle en allant se poster devant la baie vitrée.

Céleste est une jolie jeune femme avec un caractère agréable la plupart du temps mais selon ses propres dires, trouver chaussure à son pied est mission impossible. J'ignore si c'est parce qu'elle est trop exigeante – ce qui ne m'étonnerait pas – ou parce que les prétendants sont médiocres – ce qui ne me choquerait pas non plus.

— Avec qui ?

Elle me jette un coup d'œil par-dessus son épaule, un sourcil levé.

— Ça t'intéresse vraiment ?

— Bien sûr. Tu es mon amie.

— C'est bizarre...

— Tu me prends pour un monstre ou quoi ?

Elle hausse les épaules avant de reprendre sa position initiale. Je lance un hey outré à son geste. Sans attendre, je la rejoins, les mains enfoncées dans les poches de mon pantalon. Nous regardons un long moment la pluie fine qui commence à tomber.

— Alors ? insisté-je voyant qu'elle ne dirait rien.

— Tu n'as pas travaillé.

— Ce n'est pas le sujet.

Elle tourne la tête vers moi et son regard signifie clairement que je la fatigue.

— Je te rappelle que je suis ton assistante et que je suis là pour te faire bosser sérieusement.

— Donc tu sous-entends que c'est ta faute si je n'ai dessiné aujourd'hui ?

— Je vais finir par te laisser mourir de faim, sale gosse !

Je ricane.

— Alors ce rencard ?

Elle fait claquer sa langue contre son palais pour m'indiquer que je l'agace.

— Je l'ai rencontré sur une appli.

— Un site de rencontre ?

— Plus ou moins, tente-t-elle d'atténuer sachant mon avis dessus.

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