La bonne étoile du loup

Chapitre 7 : George

Encore une insomnie.

Anthéa se leva, se dirigea vers sa salle à manger et attrappa un petit flacon transparent contenant un breuvage. Une potion de sommeil. Elle l'ingurgita sans réfléchir.

Elle savait que ça ne servirait à rien, mais elle la prenait par habitude.

Elle posa le verre sur sa table à manger. Il produisit un son sec qui se repercuta contre les murs. L'espace désert du manoir accentua l'écho de cet unique son nocturne.

Le silence était toujours anormal ici. Nul bruit de hibou, nul bruit du vent, nul bruit de parquet...

Il n'y avait que le souffle d'Anthéa qui comblait la nuit de ses ondes sonores.

Ses yeux vides de songes et remplis d'une nuit brumeuse de souvenirs se posèrent sur la fenêtre. Cette dernière lui délivrait la vision d'un jardin teinté de la lueur bleu nuit de la nuit.

Les herbes étaient secouées par le vent et les branches étaient cajolées par ce dernier.

Dans une autre ambiance, ce jardin aurait pu paraître paisible...

Mais la nuit... rien ne l'était dans cette maison.

Le manoir gagnait une sorte d'aura dès que la lune tombait. Une nouvelle vie commençait et la maison devenait humaine.

Une présence l'incarnait de tout son être. Une présence qui rampait sur les parquets, qui fondait sur les murs, qui surveillait chaque pièce de la maison et qui se cachait dans chaque recoin.

L'ombre n'était plus sûre une fois la nuit venue.

Anthéa le sentait.

Parfois, elle osait à peine respirer.

Elle le sentait.

La maison tout entière ne devenait plus que lui.

Il l'entourait dans ses bras fantomatiques.

Lorsque Anthéa fixait droit devant elle un mur, elle avait l'impression de plonger ses pupilles dans ses prunelles.

Quand elle se trouvait dans certaines pièces du manoir, elle avait l'impression d'être à côté de lui.

Elle le voyait partout...mais ce fantôme n'était pas tel quelle l'aurait décidé.

Il n'était pas comme les fantômes de Poudlard...il n'était qu'une coquille vide.

Regulus n'était rien.

Elle sentait sa présence chaque nuit à ses côtés. Toutes les nuits, elle le voyait en cauchemar... toutes les nuits, elle se réveillait à ses côtés.

Elle était consciente que ce fantôme était né de sa culpabilité.

Ce n'était pas le vrai Regulus.

Est-ce-que George ressentait une telle chose ?

Une fois réveillée, Anthéa avait l'habitude de faire les cent pas dans le manoir pour vérifier qu'il n'y avait aucun fantôme... mais, en cette matinée bleutée, la maison semblait vouloir lui prouver quelle était vivante, la sorcière ressentait toujours une lourde présence.

Dans le cas où le manoir ne désirait pas la réconforter, Anthéa faisait le tour du jardin plusieurs fois.

Mais cette nuit, ni l'une, ni l'autre des deux solutions ne lui apporteraient la sérénité, elle avait besoin de parler, de voir un ami.

Elle quitta la salle à manger, retourna dans sa chambre et s'habilla.

Elle ignora cette paire d'yeux accrochée au mur qu'elle croyait rivée constamment sur elle.