Chapitre 36 : Dans la meute

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La forêt était luxuriante et accueillante. Elle recevait la présence de tous ces loups-garous du voyage comme s'il s'agissait de créatures, qui provenaient de son ventre maternel. 

Il avait fallu plusieurs jours à Rémus pour trouver ses marques et se forger de nouveaux repères, mais au bout de deux semaines, il avait réussi à tisser quelques liens avec quelques lycanthropes. Enfin, il ne pouvait s'en attribuer le mérite, ils semblaient si extravertis et enthousiastes face à de nouvelles recrues, que certains l'avaient intégré dès le premier jour dans chacune des tâches différentes qu'ils faisaient.

À son grand étonnement, ils attendaient la pleine lune avec impatience. Apparemment, depuis qu'ils avaient découvert un arôme qui masquait l'odeur humaine et rendait les sorciers invisibles à leurs yeux en les faisant passer pour un autre animal inintéressant pour la chasse, la cohabitation avec leur proche s'était avérée plus facile, à condition qu'ils se bandent les yeux. En tout cas, depuis cet instant, ils avaient tous accepté leur transformation, cette dernière était donc moins douloureuse, du moins, selon leurs dires.

Leur petit camp avait prit forme dans un cimetière de camping-cars moldus qu'ils avaient retapé en véhicules dignes de ce nom, et en une véritable maison. Celui de Rémus était d'une banalité affligeante à l'extérieur, mais à l'intérieur, le camping-car délivrait un vaste espace de petit chalet dont les lattes de bois qui constituaient sol et murs luisaient sous la lueur d'un petit feu de cheminée.

Malgré tout le charme de cette demeure, la dernière qui était vacante, elle ne l'avait pas du tout ravi. Bien que ce chalet soit plus petit, il lui rappelait les moments vécus avec Anthéa dans celui de ses parents. Il y avait, à la fois, long et proche de cela. 

Il doutait que lustrer Anthéa d'un quelconque arôme l'empêche d'ignorer son odeur, idem pour les autres loups. Ce genre de solution miracle était trop belle pour fonctionner éternellement. Mais il se gardait bien de le dire, leur inconscient convaincu de cela devait jouer pour beaucoup dans la réussite de cette technique.

Assis face au feu, un livre à la main, le sorcier peinait à lire la même page pendant une bonne heure. Un visage s'imprimait devant les lignes qui défilaient sous ses yeux : celui d'Anthéa.

Dans un soupir, il ferma le livre en s'avouant vaincu...comme très souvent d'ailleurs.

Il jeta un coup d'œil sur une petite table en osier face à lui. Cette dernière était jonchée de ses tentatives ratées de lettres qui avaient finalement abouti en une missive froide dont il n'était pas satisfait et qui mettait un autre homme que lui au-devant de la scène.

Jamais il n'avait imaginé offrir la bague de Regulus de cette manière, ça aurait du être un moment plus solennel : il bafouait à la fois la mémoire du sorcier et Anthéa elle-même. Il se passa une main dans les cheveux dont l'éclat était fatigué par ses nuits au sommeil interrompu, qui continuaient malgré sa venue ici. Il n'avait réussi à dormir d'une traite uniquement lorsqu'il avait été avec Anthéa.

Et pourtant ! Il lui avait envoyé cette fichue lettre qui sonnait comme une rupture plus qu'autres chose ! Quelle stupidité s'était emparée de lui !

Quelle stupidité d'être parti !

Mais c'était ce qu'il fallait faire...

Pourquoi était-ce si dur de faire ce qui était le mieux pour tout le monde ?

Cela faisait deux semaines qu'il était parti, est-ce que Percy avait tenté quelque chose auprès d'Anthéa ? Avait-il saisi cette chance ? Ou est-ce que la jeune femme avait trouvé quelqu'un d'autre que lui ?

Malgré son départ, malgré la séparation qu'il avait imposé à la sorcière, cette simple hypothèse déchirait son coeur. 

Un petit coup sur la porte le sortit de ses pensées. 

La bonne étoile du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant