Chapitre 44 : Le lendemain

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Ses oreilles bourdonnaient de murmures inquiets qui tenaient des conversations à ses côtés.

Anthéa ne parvenait pas encore à distinguer les mots, ni à reconnaître les voix qui s'agitaient autour d'elle.

Au bout d'un moment, ces dernières s'éteignirent et furent suivies de bruits de pas et d'un claquement de porte.

Pourtant, elle entendit un soupir fatigué à ses côtés.

Elle essaya d'ouvrir les yeux mais ses paupières étaient trop lourdes pour qu'elle y parvienne.

Elle était tombée dans un puits si sombre qu'elle ne voyait rien autour d'elle. Elle n'entendait que des bruits amplifiés par l'écho, des bruits sur lesquels elle ne parvenait pas à mettre un nom dessus. Sur le sol, au fond de ce puits, un cercle de lumière se dessinait avec distinction. Elle leva la tête, dans ce halo de lumière apparut un visage aux contours floutés.

Un visage qu'elle avait la sensation de reconnaître.

Soudain, tout autour d'elle des murmures plus proches et plus chaleureux, que ce qu'elle avait entendu avant, l'entourèrent de toute part. Elle ressentit ensuite une chaleur rassurante sur sa main.

Tête levée sur l'ouverture qui l'encourageait à sortir de l'obscurité, elle escalada alors les parois glissantes de ce puits. Plus elle approchait de la surface, plus ses sensations se faisaient fortes : les murmures devenaient plus clairs, la chaleur s'intensifiait. Elle glissa, mais ne perdit jamais prise.

Au bout de quelques minutes d'effort, la sorcière parvînt enfin à la surface de ce tunnel. Lorsqu'elle ouvrit grand les yeux, le visage qu'elle trouva face à elle l'éclaira de la lueur du soleil d'un jour de printemps.

Fatigué, dévoré par l'inquiétude, étranglé par la peur, Rémus l'observait avec un espoir grandissant dans ses prunelles vertes et délavées par cette nuit anxiogène. Il la contemplait revenir à elle comme une fleur qui naîtrait en plein hiver.

Lorsqu'elle ouvrit la bouche, ce fut comme si elle lui offrait un second souffle de vie.

"Rémus..."

Lorsqu'elle prit conscience des bandages qui entouraient les blessures du sorcier, son sourire se fana. Ce dernier s'approcha d'elle et leva une main hésitante pour la poser sur sa joue. Non, il ne voulait pas que ce sourire s'efface. Il l'avait attendu pendant trois jours de le retrouver, ce n'était pas pour qu'il s'efface aussitôt apparu.

"Je vais bien, ne t'inquiète pas. C'était plutôt ton état qui était inquiétant, Anthéa."

Ses yeux estivaux se plongèrent dans ceux du sorcier qui regagnaient petit à petit leur intensité. Elle posa sa main sur la sienne et lui sourit à nouveau, pour le plus grand plaisir du lycanthrope. 

"Je crois que je dois te remercier, tu m'as sauvée."

La main du sorcier abandonna la douce joue de la jeune femme et son visage s'assombrit. Ses yeux observaient le sol d'un air indéchiffrable, entre le désespoir et une colère si noire qu'elle ne pouvait pas s'exprimer par des mots, mais uniquement par des actes irrémédiables. Le front serein de la sorcière se brisa, elle n'avait pas l'habitude de voir le sorcier dans cet état.

"L'un d'entre nous n'a pas suivi les règles imposées. Je pense que le conseil de notre meute lui demandera de nous quitter pendant quelques temps. Il aurait pu te tuer...ou pire te transformer."

"Oui, mais je suis en vie, grâce à toi et je suis toujours...moi."

La gorge sèche, le sorcier ne désirait pas s'épancher sur le sujet pour ne pas fatiguer la sorcière, mais la colère, l'inquiétude et son amour étaient si forts qu'il ne put s'empêcher de revenir sur cette nuit terrible.

La bonne étoile du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant